Les hémisphères de Magdebourg de Bertrand de la Peine : inspecteur Guericke ?

Dans ce roman, Bertrand de la Peine mène son histoire finement, en variant l’intensité de son propos. Celle-ci est tantôt relâchée, tantôt tendue vers son épilogue. Sûrement qu’il en est ainsi au contact de la dualité des choses, une dualité omniprésente dans ce récit : une jeune femme et un vieillard, un homme respectable et un escroc, une statue antique d’Hercule dont la reconstruction est un des enjeux de l’énigme, etc.





La dualité permet de mettre en évidence les forces antagonistes, à la fois attractives et répulsives. Elles font montrer, entre elles, l’existence du vide, selon l’expérience des « hémisphères de Magdebourg » réalisée en 1663 par Otto Von Guerike.

A Istanbul, l’archéologue Hilaire de Meux vient de mourir, probablement assassiné. Sa fille, Bline, se rend sur place, dans la maison, celle de son père, qui l’a vu grandir. Elle découvre une correspondance qui la laisse perplexe : son père était en relation avec un certain Bénedikt Centaure-Wattelet qui s’avère être un trafiquant d’objet d’art.

Le roman dès lors s’articule sur deux récits (toujours la dualité) indépendants : celui de Bline et celui de Bénédikt imbriqués uniquement par le pouvoir de la double narration qui englobe bien plus que la narration elle-même grâce à des forces qui, à l’image des lettres découvertes par Bline, « font naître des questions et bien loin de combler des manques ou de mettre en lumière des pans du passé (…) ouvrent de nouvelles zones d’ombre et accroissent le doute. Elles créent un vide ».

Il y a chez Bline quelque chose qui la rapproche d’un questionnement ample, vertigineux, qui la dépasse, ou plus simplement un désir qui happe le lecteur.

Les hémisphères de Magdebourg
Bertrand de la Peine
Les éditions de minuit
157 pages
14 euros
Les hémisphères de Magdebourg

Article publié le 13/04/2009 à 11:42 | Lu 4785 fois