Les enjeux du grand vieillissement, chronique par Serge Guérin

Face à la hausse prévisible du nombre de personnes très âgée, nous n’aurons pas d’autres choix que de consacrer plus de moyens au financement de la grande fragilité et poser la question du mode de financement.





Les dépenses actuelles liées directement à l’aide aux personnes fragiles et très fragiles représentent environ quinze milliards d’euros.

C’est une somme importante qui représente 1% de la richesse créée chaque année.

Elle ne recouvre cependant pas l’ensemble des charges, en particulier celles assumées par les familles. Pour être plus juste, sans doute faudrait-il doubler les sommes pour s’approcher de la réalité.

Dans les vingt prochaines années, ce chiffre va s’accroître en raison de la hausse du nombre de personnes âgées très fragilisées. À l’horizon 2020, le coût pour l’assurance-maladie de l’augmentation du nombre des personnes très fragilisées par rapport à 2003 devrait augmenter de 3 à 4,7 milliards d’euros par an*.

Attention cependant, à ne pas confondre l’augmentation –explosive- des plus de 85 ans, qui va s’accroître de 75 % dans les dix ans à venir, avec celle des personnes âgées très fragiles qui va progresser d’environ 20 %. Heureusement, le passage à la très grande fragilité est loin de toucher l’ensemble des très âgés. Ainsi, dans la tranche des plus de 80 ans, 20 % seulement des personnes se situent dans la grande fragilité.

En effet, les gains prodigieux d’espérance de vie se font au profit d’une « bonne » vie, sans croissance particulière des handicaps et difficultés. Comme toujours les représentations dramatisent les choses : vivre plus vieux ne signifie pas forcément vivre en mauvaise santé. La vie s’allonge mais la vieillesse recule.

Le développement de la grande fragilité implique deux types d’action : d’abord les investissements dans la prise en charge des personnes à travers différents services et des structures médicalisées, ou non ; ensuite, les investissements d’ordre globaux qui concernent finalement l’ensemble de la société.

Ce sont les premiers qui posent question et nécessitent un effort de financement.
Serge Guérin
Professeur à l’ESG
Vient de publier Vive les vieux !, Editions Michalon

*Rapport de la Cour des comptes consacré aux personnes âgées dépendantes, novembre 2005
Les enjeux du grand vieillissement, chronique par Serge Guérin

Article publié le 31/03/2008 à 09:56 | Lu 4606 fois