Les couleurs de l’oubli : Alzheimer et peintures… (livre)

Les éditions de l’atelier vont publier le 18 septembre prochain un livre beau et émouvant, Les couleurs de l’oubli du médecin et chercheur Jean-Claude Ameisen et de son ami plasticien François Arnold. Dans cet ouvrage, vous pourrez découvrir 144 peintures de personnes malades, principalement atteintes d’Alzheimer. Un livre pour tous à lire autant qu’à regarder.


Les couleurs de l’oubli : Alzheimer et peintures… (livre)
Voici un livre qui nous rappelle une fois encore, que même malades, même avec le cerveau qui déraille, les patients atteints d’Alzheimer restent des êtres humains à part entière.
 
Certes, cela peut paraitre évident à la plupart des gens, mais pas tous… Et cet ouvrage en est une belle illustration.

Rappelons qu’aujourd’hui, 850.000 personnes en France sont directement touchées par la maladie d’Alzheimer et 600 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque jour ! Cette pathologie évolutive qui n’affecte pas uniquement les personnes âgées peut être difficile à vivre tant pour le malade lui-même que ses proches. 
 
Dans un hôpital au bord d’une forêt, un atelier (L’arbre à mains). Dans ce lieu de partage et de création, des aînés apprennent la peinture. Eux que l’on croyait déjà hors du monde se révèlent alors particulièrement présents !
 
Et les oeuvres qu’ils créent sont bouleversantes. Ils viennent, une fois, deux fois, cent fois, enchantés de manipuler pinceaux et peintures. Beaucoup sont atteints de la maladie d’Alzheimer. « La mémoire qui s’efface n’est pas le blanc de l’oubli. La mémoire qui s’efface n’est pas la perte de l’identité » : il y a chez chacun des auteurs de ces œuvres la présence d’une vie intérieure qui bat encore. La présence d’un monde qui n’en finit pas de se construire.
 
Plus concrètement, ce livre révèle les capacités de création des personnes vulnérables. Il révèle la beauté des œuvres peintes par des personnes âgées et/ou malades d’Alzheimer et montre qu’il est possible de susciter l’expression créative d’aînés au sein d’un hôpital. Une source de liens et d’espoir capable de changer le regard des soignants, des familles et des soignés. Chaque personne - fut-elle âgée, malade, handicapée - est riche de son histoire singulière et de ses talents particuliers si souvent ignorés. Il suffit parfois d’un petit déclencheur pour redonner confiance et permettre des expressions inouïes de leurs talents et de leur vie. Ce livre en témoigne avec force.
 
En 2007, le Comité consultatif national d’éthique concluait ainsi son avis n° 102 : « Une société incapable de reconnaître la dignité et la souffrance de la personne, enfant, adolescent ou adulte, la plus vulnérable et la plus démunie, et qui la retranche de la collectivité en raison même de son extrême vulnérabilité, est une société qui perd son humanité ».
 
Aujourd’hui, rappelle Jean-Claude Ameisen, trop peu encore a changé dans notre volonté et notre capacité à accompagner les personnes les plus démunies, à leur donner leur place auprès de nous, à leur permettre de vivre avec et parmi nous. Ce qui devrait nous tenir éveillés, la nuit, c’est la nécessité de construire une société ouverte sur les autres, dans laquelle la singularité de chacun, y compris dans sa dimension la plus extrême de vulnérabilité, soit considérée comme une source de richesse pour tous, et non comme une justification possible à l’abandon, à la discrimination, ou encore à l’exclusion.
 
Les couleurs de l'oubli
Jean-Claude Ameisen et François Arnold
136 p.
22 euros
Les Éditions de l’Atelier

Publié le 21/08/2014 à 04:52 | Lu 4098 fois






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