Les Petits potes âgés : un potager de quartier animé par une association en Belgique

A Andenne en Belgique, un potager communautaire vient de sortir de terre. Si l’association Actions culturelles et sociales d’Andenne est le chef d’orchestre du projet, c’est une poignée d’habitants du quartier qui fait vivre le lieu - un véritable havre de paix en ville, indique un récent article publié sur le site Accordages, spécialisé dans les questions relatives à l’intergénération.


Jardinier bruxellois expatrié en terre wallonne, Albert, la bonne cinquantaine, cultive une parcelle dans le potager communautaire. Il y vient depuis que le projet a démarré, il y a un an. Le bio l’intéresse, l’éducation au jardinage encore plus, surtout quand il s’agit de transmettre les secrets de Dame Nature aux enfants. « Dans la terre, tu as plein d’insectes qui sont utiles. Tu apprends à respecter les animaux, à respecter ce qui vit et donc à respecter les gens aussi. C’est valorisant pour les enfants de faire pousser des légumes » souligne-t-il.

Grâce à son activité, Albert rencontre aussi des voisins, des « jardiniers » comme lui qui ont la main verte ou d’autres qui cultivent le plaisir de l’échange -trop rare dans un quartier où chacun a tendance à rester chez soi. Pour son ami Louis, « c’est un lieu propice à la tranquillité et aux rencontres. On peut s’asseoir et discuter. On peut rester tard le soir s’il fait bon. C’est convivial ».

Une convivialité qui se construit à travers d’autres activités. Des séances de jardinage sont organisées entre les enfants de l’Ecole de devoirs et les « jardiniers » volontaires sur une parcelle spécifique. Encore à ses balbutiements, l’initiative réclame la motivation de chacun. Albert est particulièrement investi dans ses contacts avec les enfants : « la première fois que j’ai mis les gosses sur le terrain, ils voulaient tous prendre des outils. J’ai dit : « ah non, pas des outils ! Ils ont retourné la terre avec leurs mains. Sentez ! C’est symbolique. C’est en mettant ses mains dedans, qu’on avance. »

Au bout d’une année, il est dans un rapport gratifiant : avant dans la rue, les enfants ne me disaient pas bonjour. Aujourd’hui quand ils me croisent avec leurs parents, ils disent « c’est le M ’sieur du Potager ». Je me sens intégré. Pour améliorer l’échange et diversifier les activités Albert évalue les progrès à faire : je pense déjà aux prochaines récoltes. Il faudra agrandir le potager et ne plus acheter trop... Il faudra faire cuisiner les enfants aussi. Et si vraiment il y a trop de légumes, ils seront vendus pour une somme symbolique aux familles du quartier. « C’est cultivé par les gosses et ce sont les parents qui cuisinent. C’est génial, non ? Et en plus c’est du bio ! » .../...
Les Petits potes âgés : un potager de quartier animé par une association en Belgique

Toutes ces activités sont organisées par l’Association culturelle et sociale d’Andenne qui se charge également de l’organisation du projet et de la surveillance des lieux. Les deux animatrices ont pour mission de développer une nouvelle dynamique sociale et intergénérationnelle dans un quartier où vivent des familles aux revenus modestes et des personnes âgées isolées.

Le projet est participatif, n’importe quel habitant peut venir cultiver sa parcelle mais également s’investir dans les activités. Valérie, la coordinatrice, a l’habitude de collaborer avec des seniors bénévoles, notamment à l’école de devoirs où d’anciens enseignants viennent donner un coup de pouce aux enfants. Elle admet, pourtant, que c’est difficile de convaincre des gens qui ne veulent pas sortir de chez eux. C’est tout aussi difficile de dégager du temps pour que les enfants qui le désirent, puissent s’investir sur leur parcelle. Le projet doit trouver ses marques en fonction des désirs et des limites de chacun et des réalités du nouvel outil d’animation : un potager a des exigences de régularité et de bonne gestion pour qu’il puisse durer. La patience et la volonté sont de mises. Une bonne information aussi souligne Albert : « c’est important qu’un maximum de gens dans le quartier prennent bien conscience que ça existe. Si ça pouvait amener des gens qui ont envie de faire du jardinage ou autre chose. Je pense surtout aux personnes âgées. »

Au-delà de pouvoir profiter d’un nouveau lieu de rencontre dans son quartier et d’exercer sa passion, Albert applaudit une initiative qui met en contact différentes générations dans un but de découverte et de transmission. « Le fait d’être un papy est un atout. Je peux apporter mon expérience, ma connaissance de la vie et surtout rectifier les erreurs que les parents ont commises, au niveau de la nature et de l’environnement. J’ai fait des erreurs moi aussi et je crois que je peux dire aux jeunes aujourd’hui : ne fais pas ça ! Je peux leur donner envie d’avoir quelque chose de mieux que nous. On est des papys, on a été des papas. Je sens bien qu’il faut un peu aider les jeunes ».

La rencontre se termine autour des courgettes - énormes ! La parcelle des enfants a été généreuse cette année, la richesse des échanges aussi. S’il y a encore du chemin à faire pour que le potager communautaire remplisse son rôle social dans le quartier, Albert en a sans doute déjà tiré la principale leçon : « il n’y a pas d’âges pour transmettre. Si tu as envie de faire quelque chose, tu as envie de montrer aux autres quelque chose, quelque soit ton âge ça marche ».

Plus d’information
Actions culturelles et sociales d’Andenne asbl (Maison de quartier)
Valérie NIEUS, coordinatrice
Rue Delcourt, 4
5300 Andenne

Tél/fax : 085/84 37 94

Courants d’Ages c’est d’abord un réseau d’associations, d’institutions et d’individus engagés à titre individuel ! Localisés au quatre coins de la Communauté française de Belgique, les membres partagent leurs expériences et leurs questionnements au cours d’actions de sensibilisation organisées et animées ensemble !

Publié le 04/02/2008 à 11:41 | Lu 8471 fois