Les Français, la santé et l’argent : deux-tiers de seniors inquiets face à la perte d’autonomie

L’assureur AG2R La Mondiale et l’Institut de sondage LH2 ont réalisé la 7ème édition du baromètre « Les Français, la santé et l’argent ». Plus concrètement, ce sondage* aborde la perception qu’ont les Français de leur santé, de son financement et du système de soins. En voici les principaux enseignements.


Après une année 2011 caractérisée par une très forte inquiétude vis-à-vis des dépenses de santé et de la qualité de soins, ce baromètre 2012 reflète un état d’esprit un peu plus apaisé de l’opinion tout en restant attentiste. Il montre que les Français ont une perception moins négative de leur système de soins et de son financement.

Ils font par ailleurs preuve d’une préoccupation moins forte pour leurs ressources financières. Néanmoins, au vu de la part prépondérante des dépenses de santé dans le budget des ménages, nombre d’entre eux seraient prêts à renoncer à des garanties de confort ou à effectuer des soins qui ne seraient pas suffisamment pris en charge par leur complémentaire santé.

Tout comme en 2011, pour 67% des Français « vivre longtemps et en bonne santé » constitue le premier critère d’une bonne qualité de vie, ce chiffre s’élevant à 79% chez les 65 ans et plus. Dans le même temps, la préoccupation financière chute de 12 points et retrouve ainsi un niveau équivalent à 2009 : les Français sont désormais 53% à considérer leur niveau de « ressources financières » comme une composante essentielle de leur qualité de vie.

On note une baisse générale de cet item sur l’ensemble des populations, y compris pour les plus sensibles à cet aspect à savoir les personnes ayant un niveau d’étude inférieur au Bac (60%, -10 points) et les ouvriers (60%, -5 points), ou les plus fragiles économiquement (ayant un revenu inférieur à 1 000 € : 56% - 11 points).

Autres composantes d’une bonne qualité de vie, viennent ensuite le fait de « ne pas être stressé » (39%), « d’avoir du temps pour soi » (36%) ou de « vivre dans un environnement préservé » (35%), les cadres étant les plus attachés à ce dernier critère (51%). Par ailleurs, les trois-quarts des Français considèrent que la santé dépend principalement du mode de vie tandis que 20% pensent qu’elle dépend essentiellement de la médecine et de ses progrès.

On constate que le risque de dépendance reste la préoccupation majeure face à la vieillesse (58%), avec une hausse de 9 points par rapport à l’année dernière. Les préoccupations financières liées à la vieillesse se font également moins sentir. Les Français sont en effet moins nombreux à se soucier de leur capacité à « disposer de moyens financiers pour se soigner » (14%, -5 points) et de leur « niveau de revenus » (13%, -8 points) lorsqu’ils pensent à leur situation personnelle quand ils seront âgés.

La perte d’autonomie inquiète essentiellement les 50-64 ans (65%) et les personnes ayant un niveau d’étude supérieur ou égal au Bac (62%) ; tandis que le niveau de revenus préoccupe principalement les personnes disposant de moins de 1 000€ par mois (21%) ou ayant un niveau d’études inférieur au Bac (17%). Enfin, 12% des personnes interrogées s’inquiètent du risque d’être confrontées à l’isolement quand elles seront âgées (19% pour les 18-24 ans).

La recommandation médicale constitue toujours le critère fondamental dans le choix d’un professionnel de santé ou d’une structure médicale (48%), particulièrement pour les cadres qui sont 60% à le privilégier. Le critère de proximité progresse de 5 points (27%) tandis que les conseils de l’entourage (18%) restent stables. Si le tarif n’est impactant que pour 3% de la population totale (-3 points), il pèse plus dans le choix des foyers modestes (21% pour les revenus inférieurs à 1 400 €) et des Français ayant un niveau d’études inférieur au Bac (17%).

Ainsi, 83% des Français reconnaissent que la qualité du système de soins est meilleure en France que dans d’autres pays. Ce chiffre progresse d’un point en un an, enrayant ainsi la baisse de ce taux sur les 4 années précédentes (-4 points entre 2007 et 2011). Ils étaient 39% à être « tout à fait d’accord » avec cette affirmation en 2011 contre 41% cette année (+ 2 points).

Parallèlement, la proportion des personnes estimant que le système de soins se détériore avait fortement progressé entre 2007 et 2011, atteignant 74% l’année dernière, soit une hausse de 13 points en4 ans. Or, on constate cette année une baisse conséquente de ce chiffre (65% ; -9 points) : la conviction que le système de soins français se détériore est donc moins forte. Néanmoins, ce ressenti est plus manifeste auprès des professions intermédiaires (76%), des 50-64 ans (73%) et des femmes (68%). Il est moins marqué chez les personnes ayant un niveau d’études supérieur ou égal à Bac+4 (41%) et les cadres (43%). En 2011, on notait un clivage entre les petites et les grandes agglomérations qui soulignait notamment l’existence de déserts médicaux dans les zones rurales.

Ce sentiment de dégradation a enregistré une baisse significative auprès des personnes vivant dans des communes de moins 2.000 habitants (69% ; -10 points) et de 2 000 à 20 000 habitants (67% ; -14 points). Par ailleurs, les Français sont toujours une grande majorité (84% ; -2 points) à être convaincus que les dépenses de santé sont de moins en moins remboursées par la Sécurité sociale (90% des Français ayant un niveau d’études supérieur ou égal à Bac+2 et 88% des salariés du secteur public).

Pour 54% de la population française (-3 points par rapport à 2011 et -5 points par rapport à 2010), la part des dépenses de santé occupe toujours une place importante dans l’ensemble des dépenses quotidiennes. Les 65 ans et plus sont même 64% à le penser ainsi que 65% des personnes issues d’un foyer disposant de moins de 1 000 euros de revenus. La préférence de la population se porte sur un recours au financement collectif des dépenses de santé. Ainsi, 42% des personnes interrogées favoriseraient l’augmentation des cotisations sociales afin qu’elles soient prises en charge par la Sécurité sociale. Cette préférence est bien moins prononcée qu’en 2012 (-6 points).

Seuls 27% des Français privilégieraient une hausse des cotisations des complémentaires santé et 15% une augmentation du reste-à-charge. Malgré cela, la population française est globalement disposée à dépenser davantage pour ses problèmes dentaires et optiques : 66% pour des problèmes de vue, 61% pour des problèmes dentaires et 44% pour des infections sans gravité pouvant être soignées par automédication (chiffres globalement stables : +4 points pour le dernier item).

De nombreux Français seraient prêts à se priver de certaines garanties pour faire baisser le montant de la cotisation de leur complémentaire santé. La majorité d’entre eux (77%) restreindrait leur garantie d’assistance aux seuls risques importants. Par ailleurs, 59% des personnes interrogées seraient prêtes à ne consulter que des professionnels de santé appartenant à un réseau de soins agréé par leur complémentaire santé et 50% à avoir accès à une liste limitée de professionnels de santé (59% des foyers ayant un revenu de moins de 2 000 euros). Enfin, certains se passeraient de garanties comme l’ostéopathie ou la médecine douce (45%), de toute garantie
d’assistance (37%) ou encore de tiers-payant (33%).

A noter enfin que 22% de nos concitoyens avouent avoir déjà renoncé à effectuer un soin car celui-ci était peu ou pas du tout pris en charge par sa complémentaire santé. On note une véritable disparité en fonction :

- de la catégorie socioprofessionnelle : 33% des CSP- et 16% des revenus mensuels supérieurs ou égaux à 3 000 euros,
- du nombre de personnes composant le foyer : 29% pour les familles comprenant au moins 4 personnes contre 18% pour les foyers de 1 à 2 personnes,
- ou encore du sexe : 28% des femmes contre seulement 16% des hommes.

La nature des soins auxquels ces personnes ont dû renoncer relève majoritairement d’équipements de santé. 47% des personnes concernées se sont ainsi privées d’un équipement dentaire, 10% d’un équipement d’optique et 2% d’un équipement auditif. Viennent ensuite les visites à des professionnels de santé : 29% des sondés ayant déjà dû renoncer à un soin ne sont pas allés voir un spécialiste, 10% un autre professionnel de santé (ostéopathe, kinésithérapeute, etc.) et 2% un médecin généraliste.

*effectué les 31 août et 1er septembre 2012 par téléphone auprès d’un échantillon de 973 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Publié le 05/10/2012 à 10:35 | Lu 1542 fois