Cette génération a bénéficié d’un contexte historique inédit, que les historiens ont qualifié de “5 P” de la société française : Paix, Prospérité, Plein-emploi, Progrès, Pilule.
Les “Early Boomers” (1946-1955) ont vécu les grandes révolutions culturelles des années 1960, tandis que les “Late Boomers” ou Génération Jones (1956-1964) sont entrés dans l’âge adulte dans un climat plus incertain, marqué par les chocs pétroliers et la crise économique. "Deux salles deux ambiances" donc, pour reprendre une formule à la mode.
Le boom démographique et ses conséquences
De fait aujourd’hui, plus de 21 % des Français ont plus de 65 ans et cette proportion devrait atteindre près de 29 % d’ici 2070. Cette transition démographique bouleverse par conséquent l’équilibre des retraites, des dépenses sociales et du système de santé. Autant dire du budget tout entier.
Les Boomers au centre du débat public : confort ou injuste procès ?
Récemment, le Premier ministre François Bayrou a provoqué une vive polémique en estimant que les baby-boomers avaient profité d'un "confort" financé au détriment des générations futures. Ses propos ont déclenché une pluie de réactions de l'ensemble de la classe politique, notamment celle d’Éric Ciotti, qui juge “injuste et indigne” de faire des retraités les boucs émissaires d’un problème de dette publique.
Pour sa part, l’éditorialiste François Lenglet rappelle que les boomers ont incontestablement bénéficié de conditions favorables : taux de pauvreté inférieur à celui des jeunes (10,9 % chez les 65-74 ans contre 17,5 % chez les 18-29 ans), Trente Glorieuses, retraites généreuses et progrès médicaux. Mais il insiste aussi sur la nécessité d’éviter les amalgames simplistes, car nombreux sont ceux qui vivent avec des budgets serrés dans cette classe d'âge, notamment chez les femmes.
Contrairement aux clichés, les baby-boomers ne figurent donc pas parmi les plus gros épargnants. Selon l’économiste François Geerolf, les ménages les plus aisés épargnent en moyenne 33 % de leurs revenus, contre seulement 6 à 8 % pour les boomers. Des chiffres qui nous rappellent que la génération boomer est loin d’être uniforme : certains disposent d’un patrimoine immobilier solide et /ou d'une retraite confortable, mais la majorité vit de retraites modestes, peinant à couvrir charges, impôts et dépenses courantes -comme dans toutes les autres classes d'âge.
Réduire les boomers à une génération de “nantis” est donc une erreur et comprendre cette génération suppose de dépasser les caricatures et les clichés pour saisir à la fois son apport historique et ses fragilités actuelles.