Le point sur le cancer du poumon

A l’occasion du 22ème Congrès de Pneumologie de Langue Française qui se tiendra à Lyon à la fin du mois de janvier 2018, le professeur Alain Vergnenegre fait le point sur le cancer du poumon, très fréquent en France avec 49.000 nouveaux cas chaque année. Une maladie qui a tué Johnny Hallyday (gros fumeur) en décembre dernier…





Avec 49.000 nouveaux cas chaque année, ce cancer du poumon de progresser. Il occupe la 2ème place des cancers chez l’homme -derrière celui de la prostate- et la 3ème chez la femme -après celui du colon-rectum puis du sein. Si le nombre de cas augmente très légèrement chez l’homme, voire se stabilise (près de 7 cas sur 10 cependant), il progresse en revanche chez les femmes : un phénomène qui s’explique par le décalage dans l’évolution des pratiques tabagiques (diminution du tabagisme masculin et augmentation du tabagisme féminin) et l’apparition des cancers liés à ces consommations, 20 à 30 ans plus tard.
 
Par voie de conséquence, le cancer du poumon est en passe de devenir la première cause de mortalité féminine par cancer. On déplore ainsi 30.000 décès par cancer du poumon, avec un taux de mortalité moyen en baisse de -0,5% par an pour les uns et de +4,6% pour les autres, sur la période 2005-2012.
 
Il faut savoir que le cancer du poumon reste le plus fréquent à travers le monde avec 1,8 millions de nouveaux cas estimés (chiffres 2012) ce qui représente 12,9% de l’ensemble des cancers. Parmi eux, 1,2 millions de nouveaux cas concernent les hommes (1er rang) et 580 000 les femmes (3ème rang).
 
Le cancer du poumon fait l’objet d’un diagnostic tardif: Les symptômes ne sont pas spécifiques et quand on le découvre, il est souvent très avancé et métastasique. L’âge moyen du diagnostic est de de 66 ans chez l’homme et de 65 ans chez la femme, celui du décès est de 68 ans chez les hommes et de 67 ans chez les femmes. On observe cependant des décès de sujets de plus en plus jeunes. Si le taux de survie augmente faiblement (de 13% en 1989-1993 à 17% en 2005-2010), il demeure malheureusement  mauvais. A cinq ans, celui-ci est inférieur à 15%.
 
Le nombre de décès estimé est de 1,6 million, soit 19,4% du nombre de décès avec respectivement 1,1 million chez les hommes (1er rang) et 520 000 chez les femmes (2ème rang). Le taux de risque de cancer du poumon le plus élevé se situe dans les pays développés, avec une incidence plus forte observée en Amérique du Nord -où les femmes sont plus durement touchées encore qu’en France par la maladie- ainsi qu’en Europe de l’Est et en Europe centrale du fait essentiellement de l’absence d’une forte politique anti-tabagique. 
 
Aux Etats-Unis, le cancer du poumon concerne 223.000 cas et est à l’origine de 156.000 décès. L’Asie est également très concernée par la maladie qui touche également beaucoup de femmes. En Afrique ou en Russie, où les données disponibles sont faibles, on peut simplement affirmer que c’est l’intoxication tabagique qui constitue la cause essentielle du cancer du poumon.
 
Le tabac est le principal facteur de risque du cancer bronchique : il est à l’origine de près de 81% des décès. On estime qu’un patient est à très fort taux de risque dès lors qu’il atteint un paquet de cigarettes par jour pendant 20 ans. Plus celle-ci elle est élevée, plus le risque augmente tout comme est déterminante l’ancienneté de l’exposition au tabac. La pathologie peut cependant survenir chez des sujets n’ayant jamais fumé : c’est le cas pour 21% d’entre eux. 

Article publié le 15/01/2018 à 01:00 | Lu 1712 fois