Le point sur la maculopathie myopique

La maculopathie myopique concerne les myopes forts dont le globe oculaire, plus long que la normale, étire les tissus rétiniens. L’apparition de certaines complications peut entraîner une baisse d’acuité visuelle sévère et rapide. Cette pathologie représente un réel enjeu de santé publique car elle atteint des patients souvent jeunes (âge moyen de 50 ans), en général en pleine activité professionnelle. La maculopathie myopique est une des principales causes de malvoyance, voire de cécité, dans la myopie forte.


Qui sont les personnes exposées ?
Les maculopathies myopiques sont une complication qui touchent les myopes forts c'est-à-dire avec une correction optique de -6 dioptries ou plus. En France, 2 % de la population souffre de myopie forte et 0,5 % de myopie très forte (plus de -10 dioptries de correction optique).
 
Pourquoi est-ce grave ?
Les maculopathies myopiques représentent l'une des premières causes de malvoyance, voire de cécité, chez les myopes forts. Or la myopie forte, qui touche déjà 2% de la population en France, devrait doubler d'ici 30 ans du fait de l'évolution de nos modes de vie (travail écran…).
 
En outre, cette maladie touche des patients souvent jeunes, en général encore en pleine activité
professionnelle. Ainsi, les premières complications apparaissent avant 50 ans avec notamment une
rupture de la membrane de Bruch.
 
Comment la maladie évolue-t-elle ?
Les maculopathies myopiques évoluent souvent selon le schéma suivant :
- Avant 50 ans : l’œil du myope a la forme d’un ballon de rugby (au lieu d’être rond comme un ballon de foot, cas de l’œil normal). Les tissus de l’œil du myope sont donc très étirés et la rétine est déformée.
 
Par conséquent, on peut assister à des déchirures de certaines couches de tissus de la rétine, qui induisent des hémorragies. Ainsi, la rupture d’une membrane située sous la rétine (membrane de Bruch), peut survenir chez le patient très jeune, parfois âgé d’une vingtaine d’années seulement. Cette déchirure est dramatique si elle se produit au centre de la rétine ; mais si elle se produit en périphérie, elle peut en revanche passer totalement inaperçue.
 
- Vers 50 ans : au niveau des zones de rupture de la membrane de Bruch se développent des zones d’atrophie suite à la cicatrisation. Ces zones atrophiées ne permettent plus la vision, et constituent donc autant de taches dans le champ visuel, d’autant plus pénalisantes qu’elles sont situées au centre de l’œil (zone de vision fine).
 
A cet âge, peuvent également apparaître des néovaisseaux, vaisseaux sanguins qui se multiplient et s’insinuent dans la déchirure. Ces derniers engendrent l’accumulation de sang et de liquide au niveau de la rétine, gênant considérablement la vision (baisse d’acuité, apparition de tâches, déformation des images…).
 
- Après 60 ans : les plages d’atrophies se multiplient et s’élargissent au niveau des zones de cicatrisation et des anciens néovaissaux. La gêne visuelle peut devenir très importante.
 
La maculopathie myopique
Enfin, les myopes forts souffrent généralement de cataracte plus jeunes (ils peuvent être opérés à 50
ans) et présentent des risques supérieurs de glaucomes (maladie de l’œil liée à une pression oculaire
trop élevée endommageant les fibres du nerf optique).
 
En revanche, comme ils sont jeunes, ils sont en général plus attentifs à leurs symptômes et donc plus
réactifs dans la prise en charge.
 
Quels sont les symptômes ?
Les symptômes de la maculopathie myopique sont identiques à ceux de la DMLA : baisse de la vision
de près, tâche centrale, lignes droites ondulées, couleurs plus ternes... Avant 50 ans, peuvent également se produire des hémorragies oculaires, qui témoignent de la rupture de la membrane de Bruch.
 
Quels sont les facteurs de risque ?
Il existe plusieurs facteurs augmentant le risque de développer une maculopathie myopique :
- le degré de myopie : comme il s’agit d’une complication de la myopie, le risque de maculopathie myopique est d’autant plus élevé que la myopie est forte ;
- un staphylome prononcé : le staphylome est une courbure supplémentaire au fond de l’œil ;
- l’âge ;
- certains antécédents (ruptures de la membrane de Bruch, néovaisseaux…). En cas de présence de néovaisseaux dans un œil, le second œil a 30 % de risque d’être également atteint dans les 10 ans.
- une prédisposition génétique : 1 myope sur 2 déclare avoir un membre de sa famille très myope.
- L’environnement peut être un facteur aggravant (il est conseillé de réduire le travail devant les écrans) ou protecteur (solliciter 2h/jour sa vision de loin en extérieur).
 
Quand se faire dépister ?
Une surveillance régulière du myope fort est indispensable pour dépister la formation éventuelle de néovaissaux au plus tôt et les traiter immédiatement pour en réduire les conséquences. Selon une étude, les myopes forts consultent en moyenne 2 fois par an leur ophtalmologiste, en l’absence de complication de la myopie.
 
Quels sont les traitements ?
Seuls les néovaisseaux peuvent être traités ; il n’existe malheureusement pas de traitement pour
prévenir ou guérir les ruptures de la membrane de Bruch ou pour réduire le développement de
l’atrophie.
 
Concernant les néovaisseaux, le traitement par photothérapie dynamique et les injections intravitréennes d’anti-VEGF (comme dans la DMLA) ont démontré leur efficacité. Le plus souvent, une à deux injections s’avèrent suffisantes pour cicatriser les néovaisseaux, soit bien moins que dans le cas de la DMLA. Néanmoins, des récidives restent possibles nécessitant un retraitement immédiat, d’où l’importance d’une surveillance régulière.
 
A moyen terme, une meilleure compréhension des mécanismes conduisant à cette complication pourra peut-être déboucher sur de nouvelles perspectives thérapeutiques. Dans l’attente, la rééducation visuelle ne doit pas être sous-estimée : elle aide grandement les patients à optimiser leur vision résiduelle (vitesse de lecture, écriture…) et à rester autonomes plus longtemps.
 
Une association pour venir en aide aux patients
L’association AMAM (Association maculopathie myopique) est une association de patients (loi 1901)
dont le but est d’aider les patients souffrant de myopie forte. Cette association regroupe des patients
de tout âge et dispose d’un comité scientifique.

Son but est d’informer les patients myopes forts (correction optique de -6 dioptries ou plus) des complications potentielles associées à la myopie forte (atrophie, néovaisseaux, décollement de rétine…), de les aider dans leur vie quotidienne, en militant par exemple pour une meilleure prise en charge des lunettes ou des lentilles, ou des appareils de basse vision, et de les fédérer autour de leur pathologie afin qu’ils ne se sentent plus isolés.

Publié le 12/11/2021 à 01:00 | Lu 4779 fois