Le marché retrouve la proximité, chronique de Serge Guérin

Le micro-emprunt, les systèmes d’achat interpersonnel en ligne de type Ebay, le retour des vide-grenier, le succès de l’auto-entreprise… Sont autant de manifestations de formes plus informelles de la relation d’échange entre les individus. Ces initiatives, ces pratiques, loin de contester le marché, en sont des expressions plus simples et en adéquation avec les besoins et les attentes des individus.


Souvent, elles participent de motifs solidaires ou expriment le besoin de solidarité. On assiste à des mises en réseaux autour d’échange de service, de troc… Demain, il s’agira de développer des coopératives d’habitants, des regroupements de salariés à l’image des coopératives de production.

Ces initiatives montrent bien que ce n’est pas le marché qui est en cause, mais les conditions de son expression et ses finalités.

Le capitalisme est une forme majeure du marché, pour autant, il apparaît bien que nombre de citoyens inventent, ou réinventent d’autres modes d’échanges où l’offre et la demande jouent leur rôle, mais où la notion d’utilité prend le dessus.

Par ailleurs, ces échanges s’inscrivent aussi dans des logiques de développement durable au sens où des biens sont recyclés au profit d’autres personnes au lieu de venir participer au mouvement entropique qui est une caractéristique majeur de la société de marchandise généralisée.

De ce point de vue, les seniors jouent un rôle majeur dans cette dynamique de proximité. Disposant d’un capital d’expérience et souvent d’un capital temps important, ils sont très souvent impliqués dans ces formes d’échanges de proximité.

On les retrouve comme acteur, initiateur ou animateur de multiples initiatives qui vont de la fête de quartier à l’organisation d’un vide-grenier. Mais ils sont aussi partie prenante des réseaux d’échanges de services (aide au bricolage contre cours d’informatique, par exemple) et ne sont pas les derniers à s’investir dans des actions collectives, qu’elles soient purement consuméristes ou à vocation sociale et civique.

Rappelons aussi que les seniors ne sont pas les derniers à créer des micro-entreprises pour monnayer leurs talents et expertise afin de compléter des retraites toujours plus réduites ou simplement, de poursuivre une activité professionnelle.

Les temps de crise sont aussi des moments où l’expérimentation, l’imagination et l’innovation tendent à éclore. Le plus souvent, il s’agit d’initiatives qui viennent « du bas », du corps social. Ce qui prouve, une fois de plus, l’importance de la dynamique de la société et des individus.

Serge Guérin
Professeur à l’ESG
Vient de publier La société des seniors Editions Michalon
Le marché retrouve la proximité, chronique de Serge Guérin

Publié le 04/05/2009 à 16:50 | Lu 4040 fois