Le Sultan d’Odile Berryer : le roi, sa muse





Toute ressemblance avec un personnage historique ayant existé serait bien sûr fortuite. Celle avec un chef d’état existant est pleinement assumée dans ce conte pseudo-oriental.

Dans un pays imaginaire, un sultan, « glorieux soit son nom », fut désigné par son peuple au dépens d’un ancien vizir qui « s’occupait dans le cabinet noir à lire les lettres de ses ministres et manigancer d’obscurs complots » ou d’un autre candidat qui « entend des voix qui lui dictent que le royaume devrait être dirigé à la manière d’un pensionnat et, lorsque ces voix cessent de lui parler, il sollicite inlassablement les sujets du royaume de lui donner directement les idées qu’il est incapable d’avoir ».

Ce sultan avait pour ambition de libérer le pays de toutes sortes d’habitudes qui pesaient sur le sultanat comme, par exemple, celle qui favorise l’oisiveté alors que son peuple énergique n’aspire qu’à travailler jour et nuit jusqu’à un âge avancé de la vieillesse.
Le Sultan d’Odile Berryer : le roi, sa muse

Cette politique de rupture avec les temps immémoriaux trouve sa source dans cette chose miraculeuse qu’on baptisa « l’oracle de toute vérité ». On s’apercevra alors que la rupture n’est pas envers les temps anciens mais c’est celle provoquée par l’absence de ligne droite, gouvernée par la versatilité de « l’oracle ».

Dans cet ouvrage pétillant sont répertoriés les faits marquants du début de son règne, les certitudes du monarque comme le défaut de ses doutes. Il ne faudrait pas croire que le livre soit un pamphlet dirigé contre le Sultan et la plaidoirie de celui-ci dans les dernières pages est percutante. Ceux qui soutiennent le souverain et ceux qui le dénigrent trouveront des arguments pour conforter leur opinion.

Si ce livre apparaît à la fois laudatif et caustique, c’est qu’il révèle quelques aspérités qui font le délice, ou l’incongruité, de nos mœurs politiques. Il montre en fait, le grand spectacle que les Français se donnent à eux-mêmes !

Le Sultan
Odile Berryer
Editions Gallimard
101 pages
10 euros

Article publié le 28/07/2008 à 09:20 | Lu 4298 fois