Le CFLHA interpelle les candidats aux présidentielles face à la suppression de l’Hypertension Artérielle sévère de la liste des ALD

Le Comité Français de Lutte contre l’Hypertension Artérielle (CFLHTA) a décidé d’alerter les candidats déclarés à l’élection présidentielle à propos de la suppression de l’hypertension artérielle sévère de la liste des ALD, suite à un décret publié dans le Journal Officiel du 26 juin.





Dans son communiqué, le CFLHTA leur demande de se prononcer sur cette disposition qui aurait mérité un débat public et qui « marque un recul historique de la prévention cardiovasculaire en France » déclare le professeur Jean-Jacques Mourad, président du CFLHTA.

En effet, l’hypertension artérielle concerne douze millions de personnes en France et représente pour l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) la principale cause de mortalité dans le monde. C’est en fréquence la première maladie dont souffrent les Français.

Dans le décret, la raison invoquée de ce retrait serait d’ordre médical : l’HTA est la « seule ALD à constituer un facteur de risque et non une pathologie avérée ». « Or l’HTA sévère est bien une maladie dont les complications sont graves et handicapantes » assure le communiqué du comité. L’HAS prévenait sans ambigüité dès janvier 2011 qu’une décision de retrait de l’ALD à l’HTA sévère serait contraire à « la préservation d’une approche médicale cohérente ».

« En vérité l’argument est d’ordre financier : il s’agit d’une décision comptable. Cette disposition étant prévue dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2011, elle devrait en théorie permettre au gouvernement d’économiser au mieux 20 millions d’euros » estime le CFLHTA.

Les conséquences sanitaires sont importantes. Les formes les plus sévères de l’HTA sont également les plus coûteuses. Une proportion significative de patients ne pourra pas prendre à sa charge le coût restant dû et le risque est de voir s’accroitre le nombre de patients présentant des complications graves, accident vasculaire cérébral ou infarctus du myocarde.

Le risque est également que les patients arrêtent leur traitement : « dans les maladies chroniques, on sait que la qualité de la couverture collective de la prise en charge améliore ce qu’on appelle l’observance au traitement et que le coût du traitement restant dû est un facteur délétère pour l’observance thérapeutique, en particulier chez les patients en situation économique fragile qui n’ont pas les moyens de financer une assurance complémentaire » indique encore le professeur Jean-Jacques Mourad. Ce poste budgétaire va voir d’ailleurs son coût augmenter pour l’ensemble des Français, en conséquence directe de cette décision.

Cette décision majeure instaure enfin pour la première fois en France une inégalité flagrante de droit aux soins entre des Français souffrant de la même pathologie : les patients atteints d’une HTA sévère avant la suppression de cette pathologie de la liste des ALD pourront dans le cadre d’un renouvellement continuer à bénéficier d’une prise en charge à 100 %, contrairement aux nouveaux patients qui devront s’acquitter du ticket modérateur.

En cette période de préparation des programmes présidentiels, où les candidats sont amenés à prendre position sur les enjeux de la société française et dont la santé est une préoccupation centrale, le CFLHTA leur demande de se prononcer clairement sur ce décret et de faire connaitre le projet sanitaire qu’ils envisagent de mettre en œuvre pour une prise en charge équitable et efficiente de cette maladie.

Comité Français de Lutte contre l’HTA – www.comiteHTA.org

Article publié le 13/07/2011 à 08:01 | Lu 2030 fois