La retraite : la priorité d’épargne numéro pour les Français

Selon les résultats du Baromètre Deloitte « Les Français et la retraite » administré par l’institut Harris Interactive, plus des deux-tiers (69%) des Français pensent que la réforme des retraites n’est pas suffisante pour préserver durablement notre système par répartition. Et 81% des actifs s’inquiètent du montant de la pension qu’ils toucheront… D’ailleurs, les actifs s’en préoccupent de plus en plus tôt et l’âge moyen passe sous la barre des 47 ans pour s’y préparer ; ils anticipent une durée de préparation trois fois supérieure à leurs ainés retraités. La retraite fait désormais figure de priorité dans l’épargne des actifs.





Un an après la réforme, le cabinet Deloitte a souhaité connaitre le jugement des Français sur la réforme, leur état d’esprit, leurs préoccupations, leur niveau de préparation et les moyens de les accompagner.

« Nous constatons un manque très important d’information des actifs sur la réalité de leur situation future, en particulier sur leur niveau de revenu à la retraite. Des efforts d’information, de conseil et d’accompagnement doivent voir le jour pour que chacun puisse se prémunir d’une baisse de revenu trop forte et pas bien anticipée par ailleurs », commente Fabien Sauvage, Associé Conseil responsable secteur Assurance chez Deloitte.

La phase de sensibilisation est dorénavant terminée, laissant place à la préparation

La prise de conscience est actée, les actifs savent que les réformes passées ne résolvent pas la problématique sur le long terme. S’ils sont une faible majorité à juger la réforme de 2010 nécessaire pour préserver notre système par répartition (45% vs 42%), les deux tiers la jugent insuffisante pour le préserver durablement. Les actifs ont également intégré le recul de l’âge de départ à la retraite puisqu’ils se voient partir en moyenne à 66 ans et ont pris conscience de l’importance de préparer leur retraite (57%).

L’inquiétude vis-à-vis de la retraite n’en est pas moins réelle. Ainsi, 55% des actifs se disent inquiets voir très inquiets face au sujet de la retraite, 72% très inquiets ou inquiets de sa préparation. S’agissant du montant de la retraite, 81% des actifs se déclarent préoccupés, un avis partagé par toutes les classes d’âge

Enfin, si le manque d’argent est le frein principal pour épargner en vue de sa retraite, une écrasante majorité d’actifs est consciente de devoir financer un futur complément de revenus (83%), à titre personnel. Dorénavant les actifs préparent ou envisagent de préparer leur retraite avant 50 ans.

Mais les Français manquent d’information sur leur situation et de confiance vis-à-vis des sources d’information

Le besoin d’information n’est pas comblé, deux actifs sur trois jugent insuffisant leur niveau d’information tant sur leur situation future que sur les moyens de s’y préparer. Plus de 75% n’ont pas ou peu d’idée sur le montant de revenu futur qu’ils percevront à la retraite, et plus de 50% de ceux ayant au moins une vague idée, surévaluent ce montant. Quatre actifs sur dix indiquent ne faire confiance en aucune source institutionnelle publique ou privée. Néanmoins les organismes de retraite obligatoires sont perçus comme la source la plus fiable, mais seulement pour un actif sur trois en moyenne. Dans cette situation, les caisses de retraite et Internet sont privilégiés pour la recherche d’informations, Internet étant dorénavant un canal d’information utilisé par plus de quatre actifs sur dix.

Au-delà du manque d’information, l’offre actuelle en matière de produits d’épargne retraite est peu adaptée ou mal comprise

Ainsi, 58% des actifs épargnent dès qu’ils le peuvent et 25% ont l’intention de le faire. Les plus jeunes (25-34 ans) se préparent déjà pour 42% d’entre eux. Plus de la moitié des actifs se tournent prioritairement vers les produits classiques (comptes sur livrets et assurance-vie), offrant souplesse et sécurité, pour leur effort d’épargne pour la retraite. Les produits existants dédiés épargne-retraite ne sont pas privilégiés, ne répondant pas à l’ensemble des préoccupations des Français, à la fois long terme (retraite) et court terme (aide à un proche, prise en charge de soins de santé). Cette situation est d’autant plus regrettable que la retraite est aujourd’hui la priorité d’épargne numéro 1 des Français.

Malgré une réelle volonté de préparer financièrement leur retraite, les Français n’identifient que très peu d’acteurs pour les accompagner dans cette démarche

Quatre actifs sur dix ne prévoient pas de faire appel à un professionnel pour se faire conseiller sur les solutions d’épargne retraite. Un tiers des actifs se tournerait vers les caisses de retraite obligatoire. Seulement un quart des actifs se tournerait vers les institutions financières (banques, assureurs), les acteurs de l’économie sociale (mutuelles…) ou un conseiller indépendant, et attendent particulièrement d’eux la qualité du conseil et de la relation client. Une prise en main de ces sujets par les acteurs de la retraite supplémentaire est d’autant plus importante pour eux que le temps de préparation a été quasiment multiplié par trois pour une cible de clientèle plus jeune.

Les principaux enseignements pour les acteurs de la retraite supplémentaire

Les banques, les compagnies d’assurance, les institutions de prévoyance ou les mutuelles doivent renforcer leur légitimité et leur image sur ce marché. Ils doivent également développer leur stratégie Internet, le canal d’information que les actifs privilégient après les caisses de retraite obligatoire, et étendre la cible de clientèle aux jeunes. Enfin, les acteurs doivent accorder une place prépondérante au conseil et à la relation client avec le développement d’une offre d’accompagnement et d’orientation continue et cohérente avec l’évolution des besoins d’épargne du client.

« Les Français anticipent un temps de préparation à la retraite presque trois fois plus long qu’auparavant. La relation à établir entre les assureurs et les actifs est une relation de long terme, basée sur la confiance et le conseil tout le long de cette préparation », conclut Hugues Magron, Senior Manager Conseil secteur Assurance chez Deloitte.

*Enquête réalisée entre le 28 septembre 2011 et le 11 octobre 2011 sur un échantillon de population de 2 000 Français de 25 ans et plus et comportant 18% de retraités et 82% d’actifs. Questionnaire auto administré en ligne.

Article publié le 06/12/2011 à 12:48 | Lu 1604 fois