La dernière leçon de Noëlle Châtelet : en représentation à Nogent-sur-Marne le 2 avril

L’œuvre de Noëlle Châtelet intitulée La dernière leçon sera présentée au public le 2 avril 2011 d’après une adaptation et une mise en scène de Gérald Châtelain au théâtre de La Scène Watteau à Nogent-sur-Marne. L’histoire ? Un récit poignant. Celui d’une fille qui s’adresse à sa mère aujourd’hui disparue. Une mère qui un matin a décidé de marquer d’une croix un jour du calendrier. Le jour qui sera celui où elle se donnera délibérément la mort.


La dernière leçon de Noëlle Châtelet : en représentation à Nogent-sur-Marne le 2 avril
Écrit par Noëlle Châtelet, « La dernière leçon » retrace ce chemin, cette aventure humaine incroyable et parfois effroyable dont l’amour est manifestement le personnage principal. Gérard Chatelain, le metteur en scène, s’est emparé de ce chant d’amour où la narratrice est au coeur de ce récit, de ce voyage initiatique et l’a déposé entre les mains de la comédienne Catherine Rétoré et du marionnettiste Jean-Pierre Lescot.

Note d’intention par le metteur en scène Gérard Châtelain

Le récit prend forme au moment où la mère de l’auteur, une vieille dame de 92 ans, ancienne sage femme, annonce à ses enfants qu’elle va mettre fin à ses jours tel jour, telle heure… » Mourir debout, mourir seule avant que la maladie ou la démence ne décide pour elle ». « La dernière leçon » raconte le cataclysme que cela provoque chez l’auteur sous la forme d’une longue lettre, à la première personne, écrite à sa mère quelques mois après sa disparition.

La narratrice s’insurge, se révolte, essaye d’arrêter cette horloge, mécanique, implacable… Elle lui dit aussi le bonheur de ces dernières semaines de leur vie complice où sa mère n’eût de cesse de l’accompagner sur le chemin de sa mort, volontaire, apprivoisée, apaisée. Une dernière leçon. L’écriture est acérée, pudique. Les mots prennent corps, semblant naître d’une longue macération.

À la lecture de « La dernière leçon » on se souvient de « La ballade de Narayama » ce très beau film japonais d’Imamura… Jusqu’à la fin du 19ème siècle la coutume voulait que les habitants d’un village pauvre dans les hauteurs du Shinshù, arrivant à l’âge de 70 ans s’en aillent mourir volontairement au sommet de Narayama, « la montagne des chênes ». Là où se rassemblent les âmes des morts…

Ce nouveau projet prend naturellement sa place dans le travail engagé par la compagnie depuis sa création.

- « Le Grain de Sable » d’Isabelle Janier est le voyage d’une comédienne, amoureuse de la vie et du théâtre, empêchée dans son élan par une maladie insidieuse, pénétrante.

- « Jouliks » de Marie Christine Lé Huu raconte l’histoire d’une petite fille de 7 ans annonçant dès la première scène qu’elle a tué père et mère pour ne pas qu’ils se séparent, que jamais ils ne cessent de s’aimer.

- « Les lettres de Calamity Jane à sa fille… » la narratrice écrit, tout au long de sa vie, des lettres, à sa fille, qu’elle n’enverra jamais, et que celle-ci découvrira longtemps après, en même temps que l’éxistence de sa mère.

- « Les Jours de mon abandon. » Pour la saison 2012-2013, une adaptation du roman italien d’Elena Ferrante, regard acide, violent, ironique, dévastateur… d’une femme abandonnée par son mari après vingt ans de mariage

Pour chacun de ces projets, l’auteur est une femme et prend pour personnage une femme à des âges différents de la vie.

Des personnages en lutte, déterminés, en quête d’absolu, des femmes lumineuses. « La dernière leçon » ne sera pas traitée comme un récit-témoignage, un fait divers, une question de société sur le droit de mourir dans la dignité mais comme un conte philosophique, un voyage intérieur, initiatique. Voyage de la narratrice. Elle est au centre du récit, elle en est le coeur, sa respiration.

Nous pourrions l’appeler Alice en référence au personnage inventé par Lewis Carrol. Alice est seule en scène, tour à tour enfant, jeune fille, femme, se transformant au gré de ses rencontres, de ses découvertes, de ses émotions, de ses souvenirs entremêlés. Deux autres personnages accompagnent ce voyage : la Mère et la Mort. Ils seront traités en théâtre d’ombres et marionnettes.

La Mère dialogue parfois avec Alice au présent (une scène en particulier où la mère se demande comment s’habiller avant de se donner la mort ce qui provoque un irrépressible fou rire des deux femmes). La Mort est silencieuse, par nature elle n’a pas grand-chose à dire, discrète, elle est invitée, elle sait se tenir, elle ne montre aucune impatience, elle peut être familière, mais avec tact. Il arrive à Alice d’avoir peur.

Catherine Rétoré sera Alice, elle est aussi musicienne, flûtiste. Le souffle, celui de la vie, celui qui l’aide à tenir debout, à apprivoiser la mort de l’autre… À travers le miroir… Il faut entendre « La dernière leçon » comme un chant d’amour. Chant d’amour d’une fille à sa mère, à cette sage femme qui a consacré son existence à donner la vie et qui prit la liberté de se donner la mort. L’adaptation ne retiendra qu’une quarantaine de feuillets sur un manuscrit qui en comporte cent soixante. Je ne toucherai pas pour autant à la structure des phrases, au rythme de la prose. Je garderai les rares dialogues entre la mère et la fille.

La collaboration avec Jean Pierre Lescot sera précieuse dans la composition des images, la construction de l’espace poétique. Il nous faut chercher les contrepoints à la gravité du propos, la distance et l’humour ne seront jamais absents de ce travail. Cette mort désirée n’est que l’accomplissement d’une vie riche de beautés. Certes il y a les derniers jours qui précèdent l’acte final, qui nous entrainent dans ce « couloir de la mort » où Alice vacille, le corps déchiré tandis que la Mère, seule chez elle se prépare sereinement.

La dernière leçon de Noëlle Châtelet
Samedi 2 avril 2011
La Scène Watteau
Scène conventionnée de Nogent-sur-Marne
Place du Théâtre
Nogent-sur-Marne (94)

Prix des places : de 7 à 15 euros

Tél. 01 43 24 76 76

www.scenewatteau.fr

Publié le 01/04/2011 à 08:01 | Lu 2234 fois





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