LEEM : lutter contre la iatrogénie médicamenteuse des seniors (partie 1)

Les Entreprises du médicament (LEEM) vont lancer en mai prochain un grand programme de lutte contre la iatrogénie médicamenteuse chez les seniors. Pour ce faire, ils vont fédérer l’ensemble des acteurs de santé (médecins, pharmaciens, acteurs de la protection sociale…) en vue d’améliorer les pratiques d’utilisation des médicaments. Et de réduire les risques d’accidents chez les ainés…


LEEM : lutter contre la iatrogénie médicamenteuse des seniors (partie 1)
Les médicaments sont –malheureusement- indispensables à la santé. Mais rappelons-le encore une fois : leur usage n’est pas anodin. Loin de là. Dans certains cas (mauvais dosage, traitements multiples…), leur utilisation peut avoir des effets négatifs sur notre santé et entraîner des troubles : on parle alors de « iatrogénie médicamenteuse ». Derrière ce terme médical un peu barbare se cache les conséquences sur la santé d’un mauvais usage des médicaments.
 
Naturellement, les personnes âgées, souvent polymédicamentées, sont particulièrement exposées à ce risque. Elles souffrent en effet pour la plupart d’entre elles, de plusieurs maladies et utilisent donc quotidiennement plusieurs médicaments. Soucieuses de renforcer leur engagement dans le bon usage du médicament, les entreprises du médicament, en partenariat avec les professionnels de santé et les acteurs de la protection sociale, lancent donc une campagne pour lutter contre la iatrogénie médicamenteuse chez les personnes âgées. Le but ? Améliorer l’utilisation de médicaments chez les seniors afin de réduire les risques d’accidents médicamenteux.
 
La iatrogénie médicamenteuse : un enjeu de santé publique chez les personnes âgées

Avec l’âge, des modifications physiologiques d’organes comme le foie et les reins peuvent perturber l’élimination des médicaments, tandis que la diminution des capacités cognitives rendra plus difficile le suivi de traitements complexes.
 
Les personnes âgées souffrent souvent de plusieurs maladies chroniques et utilisent donc quotidiennement plusieurs médicaments. Cette polymédication s’accompagne d’un risque accru de prescriptions inappropriées, d’interactions entre les médicaments et d’effets indésirables.
 
En moyenne, les personnes entre 75 et 84 ans consomment 4 médicaments par jour : la moitié des personnes de plus de 75 ans prennent au moins cinq médicaments durant un trimestre ; une utilisation de médicaments inappropriés a été retrouvée chez 53,5% des patients de plus de 75 ans.
 
Un enjeu de santé publique

La iatrogénie médicamenteuse chez les personnes âgées représente, par le nombre important et croissant de sujets concernés et par ses conséquences, un véritable enjeu de santé publique : 5.8 millions de personnes sont âgées de plus de 75 ans en France (INSEE) ; la iatrogénie médicamenteuse est responsable de 128.000 hospitalisations par an et 20% des hospitalisations des patients de plus de 80 ans sont dues à la iatrogénie médicamenteuse. Soit une personne sur cinq !
 
De nombreuses actions en cours

La lutte contre la iatrogénie médicamenteuse est une priorité affichée depuis la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique. Elle figure en bonne place dans le Programme National pour La Sécurité des Patients (2013-2017), et s’impose comme un thème majeur pour le législateur à travers la Stratégie Nationale de Santé et le projet de loi « Adaptation de la société au vieillissement ».
 
De nombreuses actions ont été développées ou sont en cours d’élaboration par différentes instances. Mais alors que 90% des personnes âgées vivent à leur domicile (INSEE) et que les trois-quarts des prescriptions qui leur sont adressées sont réalisées par les médecins généralistes, il reste à renforcer les moyens mis en oeuvre dans le secteur des soins primaires.
 
Des causes connues, souvent évitables

Un nombre important des accidents iatrogéniques d'origine médicamenteuse survenant chez les seniors seraient évitables (Rapport HAS "Consommation médicamenteuse chez les sujets âgés" Pr S Legrain), jusqu'à 70% selon certaines études !
 
Des moyens connus pourraient permettre de réduire sensiblement le risque : sensibiliser les personnes âgées et leurs familles à dialoguer avec leur médecin, leur pharmacien ; améliorer l’observance des traitements ; adapter les doses ; réviser régulièrement l’ordonnance ; identifier l’ensemble des traitements consommés, quelles que soient leurs sources (prescriptions, automédication) ; détecter d’éventuelles interactions entre des médicaments ;  détecter les prescriptions inappropriées ; alerter sur les interactions avec certains aliments et reconnaitre les signaux d’alerte (une chute, des troubles de l’équilibre, un malaise, une diminution de l’appétit, des troubles digestifs, urinaires, des saignements…).
 
Ces moyens doivent mobiliser, autour des patients et de leurs familles, l’ensemble des acteurs de la chaîne du médicament : médecins généralistes, médecins spécialistes, pharmaciens, laboratoires pharmaceutiques.

LEEM : lutter contre la iatrogénie médicamenteuse des seniors (partie 2)
 

Publié le 15/04/2015 à 01:00 | Lu 14046 fois