L’essentiel : le nouvel album des Charlots !

Les Charlots ! Cela fait bien longtemps que les Français n’ont plus entendu parler de ces comiques des années 60/80… Aujourd’hui, les amis de toujours, Gérard Rinaldi et Jean Sarrus, reviennent avec « L’essentiel », un double album qui s’annonce « explosif ». Mais avant de retrouver ce nouveau disque dans les bacs le 30 mai prochain, revenons en détail sur l’histoire de ce groupe qui symbolise toute une époque… Celle de la France du baby-boom.


Les débuts

Hiver 1963. Jean rencontre Gérard dans un bar et ce dernier vient compléter ce jeune groupe de musiciens pop se composant de Jean, Rachid, son frère et Mam. A cette époque, Jean a 19 ans et Gérard 21. Les petites tournées commencent gentiment à débuter : 15 jours d'Intervilles, un peu d'Olympia, et des premières parties de Dick Rivers. Celui-ci aime tellement le groupe, et Gérard en particulier, qu'il le prend en tant que Sax et manager de ses musiciens anglais.

Nos amis se retrouvent donc sans Gérard et se séparent. Mais ceci ne dure qu'un temps, puisque Gérard craque devant les frasques anglaises de ses musiciens et rejoint ses anciens camarades.

En 1964, après avoir fait la connaissance d'un certain Christian Fechner, le groupe connaît quelques difficultés. Rachid s'en va rejoindre la troupe des musicos de France Gall et Gérard est appelé sous les drapeaux de la « Grosse Allemagne » ! Christian récupère les restes et nomme le groupe « Les Tarés ». Ils feront les premières parties d'Hugues Aufray et Françoise Hardy. Rachid revient et Gérard aussi... Après trois mois en Allemagne, il s'est fait réformer !

Fin 1964. Alors que Rachid décide de repartir avec France Gall, que Bernard le guitariste s'enfuit avec Hugues Auffray, Jean et Gérard tentent de recomposer un nouveau groupe. Pour cela, ils font appel à un pote Albert et son copain guitariste... Luis Rego !

Les Problèmes

Janvier 1965. Bob Dylan enflamme la scène. Nos amis n'ont d'yeux que pour lui. Ils décident de re-re-créer un groupe ! Luis propose « Les Problèmes ». Accepté à l'unanimité. Le groupe se compose alors de Jean, Gérard, Luis, Albert et Donald.

Pendant ce temps, Christian (Fechner) continue à scruter les horizons à la recherche de stars que pourraient accompagner ses « Problèmes ». Il trouve un jeune artiste plein de talent mais sans musicos : Antoine. C'est alors que nos « Problèmes » rencontrent un grand sec aux cheveux blonds surnommé Phil. Ils lui demandent d’enregistrer le son des répètes d'Antoine et des Problèmes. « Ça ne durera pas longtemps ! » Non, seulement 28 ans.

Les Problèmes enregistrent leur premier disque 4 titres en décembre 1965, puis 12 titres avec Antoine en janvier 1966. Parti au Portugal pour des vacances, Luis se retrouve prisonnier politique à l'intérieur du pays. Phil devra le remplacer à la guitare. Nos Problèmes continuent les premières parties et les accompagnements d'Antoine à l'Olympia. Un beau jour, Luis revient et ils fêtent leurs retrouvailles sur scène.

Juin 1966. Alors que Christian Fechner dégotte à nos Problèmes la première partie des Rolling Stones à l'Olympia, Donald, le batteur est lui aussi appelé sous les drapeaux. Durant un gala, alors qu'Antoine est Numéro 1 avec « Je dis ce que je pense, je fais ce que je veux », Gérard improvise avec un accent berrichon qui les suivra jusqu'au bout « Je dis n'importe quoi, je fais tout ce qu'on me dit ».

Sur-ce, Phil sort son accordéon et Jean lance une phrase qui deviendra cultissime « ouais solo, chauffe Marcel ! ». L'oeuvre tombe dans les oreilles de Christian qui l'enregistre « pour déconner ». Le disque sort dans les bacs mais sans la photo de nos Problèmes qui, pour l'occasion, décident de se rebaptiser avec le premier mot sorti de la bouche de Jean : « Les Charlots ! »

Les Charlots

Alors qu'Antoine entame une belle carrière, Gérard prend conscience du Problème et convoque son groupe. Pour lui, les Problèmes ne marcheront jamais. On entend non stop les Charlots à la radio. Il voudrait enregistrer un nouveau disque et l'assumer. Vote ? OK à l'unanimité. Et comme ils le disent si bien : « Avec les Charlots, plus de Problèmes ! ». Du coup, Donald reste avec Antoine et Christian, qui a complètement adopté l'idée des Charlots, leur propose un remplaçant, son frère Jean-Guy. GO ! Les Charlots sont fin prêts ! Et tout s'enchaîne...

1967. Gérard parodie le célèbre « Hey Joe » qu'a repris Johnny en « Hey Max ». Ce dernier trouve ça tellement bon, qu'il demande à nos Charlots de lui faire sa première partie. GO ! Johnny les compare aux Dalton et leur propose même d'adapter Lucky Luke avec lui au cinéma. Tiens, tiens ! Mais le projet ne se fera pas... En tout cas, pas avec eux ! C'est alors qu'ils écrivent « Paulette, la reine des paupiettes » en hommage à la maman de Gérard. Carton plein avec ce titre qui amusera tous les restaurateurs. « Comme vous passiez chez moi, je vous ai fait une petite surprise... Des paupiettes ! » Un an de paupiettes à gogo !

1968. Enregistrement de « Merci Patron ». Une folie ! Un triomphe ! Avec un immense coup marketing : Mai 68 ! Les Charlots font l'Olympia en vedette ! Ils font aussi une émission TV qui leur est dédiée, « Tous en scène ». Ils ont carte blanche. Ils prennent alors avec eux, Daniel Prévost, Didier Kaminka et Jacques Seiler pour tourner une parodie sur la religion. L'émission sera diffusée... le jour de Pâques !

1969. Ils sortent « Sois érotique », parodie du célèbre « 69, année érotique » de Serge Gainsbourg. Gérard imite tellement bien Serge, que lui-même, l'entendant un matin à la radio dira : « J'ai cru que c'était moi ! »

1970. Rencontre avec Michel Ardan. Ce dernier veut connaître ces Charlots qui font rire ses enfants. Rendez-vous dans son bureau. « Vous voulez faire un film ? - Heu... oui ! » et hop ! Nos Charlots repartent avec le scénario de « La Grande Java » sous le bras. Francis Blanche leur donnera la réplique et un certain Claude Zidi sera leur cadreur. Quand à Philippe Clair, il sera le réalisateur.

1971. « La Grande Java » est un succès ! Michel Ardan propose un nouveau film avec cette fois Claude Zidi à la réalisation. A la demande du groupe, Christian Fechner devient l'agent attitré des Charlots. Le tournage des « Bidasses en Folie » commence en juillet. Jacques Seiler, leur ami de « tous en scène » aura le rôle cultissime du Sergent Bellec. Pendant le tournage, Claude Zidi parlera d'une idée de film sur les Jeux Olympiques que l'on appellerait « Les Fous du Stade »... mais sans plus ! Peu de temps avant la sortie du film le 17 décembre 1971, Luis convoque son équipe pour lui annoncer une bien triste nouvelle. Il veut se séparer du groupe ! Il ne veut plus faire de disques, ni de galas, ni de promo. Par contre, il veut bien continuer les films. La réponse est unanime ! Ou tout, ou rien ! C'est la règle... Cette fois c'est officiel, les Charlots seront quatre.

Les Charlots à quatre !

Fin 1971. « Les Bidasses en Folie » sort dans les salles. 80.000 entrées la première semaine, soit sept millions de spectateurs durant l'exploitation du film ! Un carton phénoménal ! Les Charlots sont des stars internationales ! Le film est projeté en Italie, Suisse, Belgique, Inde, Vietnam, Thaïlande, Amérique du Sud, Mars, Lune... etc sauf Angleterre et USA.

1972. Les Charlots rempilent ! Ils tournent « Les Fous du Stade » avec Zidi et attaquent « Les Charlots font l'Espagne » de Jean Girault sous la production de Fechner ! Pour la première fois, le nom des Charlots fera parti du titre du film et pour la première fois aussi, nous pourrons lire « Les films Christian Fechner présentent... ». L'engouement est tel, que même Guy Lux prépare un scénario pour nos Charlots mais le film ne se fera pas. Toujours pendant ce temps, ils comblent l'Olympia durant des semaines.

Le tournage des « Charlots font l'Espagne » se termine. Fechner leur parle d'un prochain film... Enfin non! Plutôt deux ! Ce sera une histoire de mousquetaires en deux parties ! En bref, en 1972, nos Charlots tournent « Les Charlots font l'Espagne », écrivent la musique des « Fous du Stade » et préparent « Les quatre Charlots mousquetaires » ! La routine, quoi ! Et bien-sûr, pendant ce temps, ils sortent aussi des 45 tours et font des galas... « Les Fous du Stade » cartonne ! C'est la gloire ! Tous nos Charlots dépensent à tire-larigot! C'est l'Eldorado ! « Les Charlots font l'Espagne » sort également ! La folie ! Encore un succès !

1973. Paris-Match publie un classement des meilleures sorties ciné de l'année 1972. Les Charlots sont ex-aequo avec Louis de Funès. La consécration ! Avant de commencer « Les quatre Charlots mousquetaires », Christian Fechner fait tourner un nouveau film à nos Charlots sous la houlette de Claude Zidi et avec comme partenaires Michel Galabru et Michel Serrault. « Le Grand Bazar » voit le jour. Pour l'anecdote, on pourra également y rencontrer un certain Coluche, qui commencera tout doucement sa carrière cinématographique.

« Le Grand Bazar » dans la boîte, ils attaquent « Les quatre Charlots mousquetaires » d'André Hunnebelle, le fameux réalisateur des trois « Fantômas ». Le film s'éloigne un peu de l'esprit « Charlots » mais c’est quand même un succès respectable au box office.

Fin 1973. Pour prouver au monde entier que les Charlots sont devenus les coqueluches de tout l'hexagone, M. Georges Pompidou, alors Président de la République, offre à nos quatre compères le privilège de donner un spectacle à l'Elysée pour Noël.

1974. Christian Fechner vient d'engager un nouvel attaché de presse pour nos Charlots. Un certain André Bézu ! Mais il est temps de passer au film suivant. Ce sera « Les Bidasses s'en vont en Guerre ».

1975. Un projet de film avec Louis de Funès pointe le bout de son nez ! « Merci Patron » en serait le titre avec des dialogues de Michel Audiard. Du petit lait ! Une rencontre qui se fera dans une loge de théâtre, peu avant le début de la pièce « Oscar ». Jean, ainsi que tous les autres, n'oublieront jamais ce moment de pur bonheur. Mais pendant ce temps, « Bons Baisers de Hong-Kong » se prépare. Nos quatre « Charlots 007 » entament ce film. Il sera tourné entre Londres, Paris et Hong-Kong. Le film sera réalisé et écrit par Yvan Chiffre.

1976. Bertrand Blier trouve les Charlots très bons, et leur propose un film « Charlots, Charlottes ». Pourquoi pas ! Mais Christian Fechner ne l'entend pas de cette oreille. N’étant pas au courant du projet, il le refuse net ! Prise de bec entre Jean et Christian. Ni l'un ni l'autre ne fera le premier pas vers une réconciliation.

Les Charlots à trois !

A ce moment là, il va falloir décider de la suite des Charlots. Une mise en justice se forme. Le projet avec Louis de Funès est annulé ainsi que celui avec Bertrand Blier. Christian Fechner casse le contrat avec les Charlots, et Jean-Guy décide de suivre son frère. Voilà, les Charlots seront désormais trois ! Sans films, sans producteurs, sans Jean-Guy. Ils repassent alors derrière les micros et sortent « Histoire merveilleuse ». Un gros succès qui ne passera jamais en radio !

Pendant ce temps, Bezu, toujours leur attaché de presse, leur dégote M. Jacques Dorffman, producteur ciné. Il leur annonce qu'il travaille avec Gérard Oury sur un projet de film se nommant « Et vive la liberté ». Le film sera réalisé par Serge Korber, qui avait déjà oeuvré pour Louis de Funès dans « Sur un arbre perché » et « l'Homme Orchestre ».

1977. Le film sort mais ne rencontre pas le succès estimé. Jacques Dorffman ne renouvellera pas sa collaboration avec les Charlots. En tout cas pas pour le moment. Ils refusent le premier film d'un assistant de Claude Zidi, un certain Jean-Jacques Beinex qui leur proposait « Diva ». Dommage...

1979. Ils tournent dans « Les Charlots en Délire ». Un film moyen avec des budgets moyens dans un scénario moyen pour un succès très moyen. Bref, passons. Il sera même produit par un ami de Gérard... Un garagiste !

1980. Jacques Dorffman et Véra Belmont les contactent pour un nouveau film. Mais pas de scénario. Ce seront à eux de le faire. Voilà comment est né « Les Charlots contre Dracula ». Le succès n'est pas au rendez-vous. Comme l'a dit Alain Tierzan à Jean : « Dans ce métier, si on fait un bide ça peut encore passer, deux, t'es mort, t'as plus rien, plus personne. Dans ces cas là, même l'heure on te la donne pas ! ».

1979 - 1980. Ils reprennent une pièce de théâtre « La Cuisine des Anges ». Le théâtre les remet sur le devant de la scène. La pièce fonctionne. Une tournée dans toute la France... et même en Afrique du Nord.

1981. Après le théâtre, le gouffre ! Le fond du gouffre ! De retour à Paris avec... rien ! Pas un seul projet. Les Charlots sont devenus « has been ». Plus personne ne veut d'eux. Que savent-ils encore faire ? Chanter ! Alors chantons ! Ils contactent Eddy Barclay qui leur propose aussitôt d'enregistrer un nouvel album. « T'es à l'usine, Eugène ». Pas encore un succès. Tant pis. Ils reprennent alors la route pour l'Asie avec leur pièce de théâtre. Succès très honorable pour une pièce française dans un pays asiatique. Mais avec un léger temps de retard. Et oui, il faut bien laisser le temps au spectateur de lire la traduction des répliques !

1982. Les Charlots recommencent la chanson chez Barclay. Ils sortent la parodie de « Chagrin d'Amour » sous le titre « Chagrin d'labour ». La notoriété revient. Et les galas aussi. Mais ce ne sera plus jamais des mois à l'Olympia mais plutôt des soirées dans les pizzerias ou les cafés-spectacles-choucroute à gogo ! Mais bon, ça fait vivre…

Un jour, un certain Christian appelle Jean. Non, il ne s'agit pas de Christian Fechner mais de Christian Ardan, fils de Michel Ardan. Il propose à nos Charlots un film ! Une suite aux « Bidasses en Folie ». La joie n'en est que plus grande puisque ce sera l'occasion de retrouver leur ami de toujours, Luis Rego. Malheureusement, le film ne pourra s'appeler « les Bidasses en Folie 2 » car Claude Zidi refusera de céder les droits. Il s'appellera donc « le Retour des Bidasses en Folie ». En même temps, chez Barclay, ils sortiront « l'Apérobic ». Très gros succès ! Ce qui permettra au film de sortir dans de nombreuses salles. Le succès n'est pas top mais honorable.

1983. Christian Ardan leur signe un nouveau film « Charlots Connection ». Mais coup de théâtre. Juste après, Claude Zidi leur propose de tourner dans « Les Rois du Gag » qu’ils doivent refuser. Dans le même temps, Christian Ardan propose de faire « Les Charlots à l'Elysée ». Aucun des deux ne se fera... Sauf « les Rois du Gag » mais sans les Charlots.

1985. Antenne 2 voit Michel Drucker prendre une année sabbatique. La chaine propose alors aux Charlots de prendre la relève. Ce sera « Demain, c'est Dimanche » durant une partie de l'hiver ! Jean Drucker reprend la direction d'Antenne 2 et Michel revient ! Salut les Charlots !

Adieu Gérard : Octobre 1985. Gérard donne rendez-vous à Jean et Phil dans un café. Il leur annonce la plus terrible des nouvelles. On lui propose une pièce de théâtre en solo. Que faire, accepter ? Refuser ? Trop tard ! Il a déjà dit oui ! Tout s'écroule, la promo, les galas, les chansons, les films... Phil vient de monter une boîte de Prod. Jean y croit mais il est le seul... Phil dépose le bilan très vite. Les Charlots sans Gérard ne sont plus vraiment les Charlots.

Le Retour des Charlots !

Pour la suite, Jean et Phil tentent de conquérir à nouveau l'univers de la chanson en enregistrant quelques titres avec un nouveau venu, Richard Bonnot.

1992. Ils tentent aussi un nouveau film, « Le Retour des Charlots » avec leurs amis Luis Rego, Guy Montagné et Django Edwards. Mais le succès n'y est vraiment pas et les Charlots finissent par sombrer une bonne fois pour toute.

Les Charlots ont débuté à cinq, ont triomphé à quatre, ont survécu à trois mais ont péri à deux ! Même avec Richard ! Par contre, ils sont et resteront toujours dans le coeur des Français. Emblèmes de la jeunesse des 70’s, leurs films passent et repassent sans cesse sur toutes les chaînes de télé et font toujours autant d'audimat ! Ils ressortent même en DVD pour le plus grand plaisir des fans.

« L’essentiel » : un nouvel album

Les amis de toujours, Gérard Rinaldi et Jean Sarrus, reviennent donc avec un double album. A l’image des Charlots, ce disque s’annonce comme « un concentré de bonne humeur ». Des tubes inoubliables (Merci Patron, Paulette la reine des paupiettes, L’Apérobic…), des chansons coquines, et deux duos inattendus ! Après avoir connu une gloire incontestable, ils reviennent aujourd'hui avec un Best Of + un CD2 en bonus.

Les Charlots « L’essentiel »
Sortie le 30/05/11 (EGT/Wagram)

Publié le 19/05/2011 à 09:38 | Lu 4471 fois





Dans la même rubrique
< >