L'animal comme auxiliaire thérapeutique par Pierre Nantas, psychothérapeute

On a longtemps cru que les êtres humains avaient le monopole des émotions. Mais de nos jours, grâce aux recherches scientifiques et neurobiologiques, on a désormais accès à une meilleure compréhension des capacités émotionnelles des animaux. A ce titre, il faut savoir que depuis 2015, l’animal est reconnu en France comme « un être vivant doué de sensibilité » dans le nouveau Code Civil.


De nos jours, il est impossible de nier que de nombreuses espèces animales, et pas seulement les mammifères, peuvent ressentir des émotions voire, certains sentiments (on rappellera que les sentiments sont la capacité à établir une relation de cause à effet entre l’émotion et son origine).
 
Bien évidemment, un animal de compagnie ne fait pas que combler la solitude de son humain ! Il peut, bien plus efficacement que les réseaux sociaux qui ne procurent que des sensations virtuelles, combler une carence affective.
 
Il faut savoir que par nature, un animal est incapable de faire semblant ! Qu’il s’agisse d’un chat, d’un chien ou d’un cheval, le contact avec un animal est toujours authentique. Il ne calcule pas, ne manipule pas et son investissement émotionnel est total.
 
Boris Levinson est considéré comme le père fondateur de la zoothérapie. C’est lui qui a démontré que l’animal utilisé comme médiateur permettait d'améliorer la qualité d'une vie mais aussi la santé physique ou mentale d'une personne.
 
Un patient pris en charge dans le cadre de la zoothérapie peut être ou non placé dans une institution. La particularité de la zoothérapie est de s'appuyer sur un phénomène naturel qui est le lien entre l'être humain et l'animal.
 
Professeur en psychiatrie également psychologue pour enfant, ce professeur utilisa des chiens et des chats dès la fin des années 50 au cours des séances pendant lesquelles il recevait ses patients dont des enfants autistes.
 
Il fut le premier à décrire l'effet catalyseur des animaux sur les patients mais également sur le personnel soignant. Ses travaux seront plus tard repris par Elisabeth et Samuel Corson, psychiatres dans un centre pour adolescents perturbés qui présentent des troubles sociaux, cognitifs, psychologiques, physiques.
 
Avec les patients souffrant de dépression ou de troubles de l’émotion, il nous est arrivé proposer l’achat d’un chien. En plus de responsabiliser son propriétaire de se sentir responsable, le chien le valorise et lui fournit les occasions de rompre la solitude.
 
Les animaux peuvent ressentir des émotions positives ou négatives. Néanmoins, on soulignera deux différences majeures.
 
La première est que l’animal ne peut pas ressentir d’émotions exemptes d’utilité comme la haine. Les émotions des animaux seraient, en effet, liées à des questions de survie et d’adaptation.
 
La seconde a trait à la parole articulée. Toutefois, il serait réducteur de considérer que l’animal ne puisse exprimer ses ressentis ou émotions du fait de l’absence de langage. En effet, ils s’avèrent parfaitement capables de nous communiquer leurs émotions et intentions au moyen de signaux même s’ils ne peuvent pas nous dire ce qu’ils ressentent !
 
Les chats, les chiens, les dauphins, comme les chevaux et les éléphants, sont également capables d’exprimer des émotions en émettant des sons qui leurs sont propres.
 
Voici quelques-unes des émotions dites primaires ressenties par les animaux :

L’amour : c’est une caractéristique commune à de nombreuses espèces. La plupart des animaux sont capables de donner de l’amour, aux humains et à leurs congénères, de façon désintéressée et sans attente ni jugement. Le chien, par exemple, est un compagnon fidèle et affectueux qui a une immense capacité d’aimer inconditionnellement.
 
La tristesse : l’instinct maternel est très important chez les animaux. Les chattes ou les chiennes peuvent ressentir de la tristesse lorsqu’elles sont séparées de leurs petits. On peut également observer cette émotion en situation de deuil chez les chiens qui peuvent être bouleversés par la mort de leur maître.
 
La colère : l’animal peut se sentir en colère lorsqu’il a été agressé ou offensé. En cas d’empêchement d’assouvir ses besoins primaires (dormir, manger, se reproduire, etc.), il peut faire preuve d’agressivité ou de violence.
 
La joie : elle s’exprime lorsque votre chien vous retrouve, lorsqu’il sent qu’il va vous accompagner à la chasse ou plus prosaïquement, pour une sortie dans le quartier. Le chat qui ronronne sous l’effet des caresses, exprime également une forme de plaisir.
 
La peur : elle permet à l’animal de fuir ou de se défendre en cas de danger.
 
Parce qu’ils sont dotés d’une réelle forme d’empathie, les animaux ressentent également les émotions en lien avec le contexte des humains qu’ils côtoient. Même si nous en sommes bien souvent inconscients, il faut savoir que nombre de situations de notre quotidien, qui nous apparaissent totalement anodines, peuvent revêtir un véritable caractère stressant pour notre compagnon à quatre pattes :
 
  • des changements de milieu de vie (déménagement, transformations dans le lieu de vie habituel mise en pension durant une absence prolongée du maître, séjour sur un lieu de villégiature durant les vacances…) ;
  • des modifications temporaires de l’environnement (bruits inhabituels tels que les orages, périodes de solitude), ou des modifications de ses habitudes (heures de promenade, de repas) sont quelques-uns des principaux facteurs de stress et donc potentiellement anxiogènes.

Publié le 06/04/2023 à 04:52 | Lu 7400 fois