Hôpital de jour psychogériatrique : un lieu dédié aux soins et au bien-être des malades

Le groupe hospitalier Paris Saint-Joseph, situé dans le 14ème arrondissement, propose au patients atteints de pathologies neurodégénératives (de type Alzheimer ou maladies apparentées) un hôpital de jour psychogériatrique… Plus concrètement, il s'agit d'un lieu dédié aux soins et au bien-être des malades, mais également à la prise en charge de l’entourage. Explications du Docteur Florence Bonté, gériatre responsable de cette structure parisienne.





Qu’est ce que l’hôpital de jour psychogériatrique, une structure d’accueil temporaire ou un lieu d’hospitalisation de longue durée ?
C’est un lieu intégré à la structure hospitalière et au sein de la filière gériatrique du groupe hospitalier Paris Saint-Joseph. Il s’agit d’une structure exclusivement dédiée à la prise en charge du patient et de l’aidant, dès lors que le diagnostic de la maladie a été posé et qu’il y a une situation de crise tant pour le malade que l’entourage. C’est également un espace de confort et de bien-être pour le patient et l’aidant, afin de retrouver confiance en soi dans les gestes de la vie quotidienne à domicile.

Qu’est-ce qu’une situation de crise ?
Lors de l’annonce du diagnostic ou au cours du suivi du malade et de l’aidant, il arrive qu’il y ait des situations de « crises ». Elles peuvent être liées au patient : refus des aides à domicile préconisées par les médecins, inadaptation de l’environnement privé, absence de conscience des troubles cognitifs, troubles psycho-comportementaux (violences, fugues…), apathie et démotivation. Mais également, liées à l’aidant : épuisement, demandes d’informations, difficultés de prise en charge, déni ou méconnaissance de l’état du patient …

En pareils cas, le maintien du patient à domicile, dans les meilleures conditions de sécurité et de confort de vie, est menacé. Il devient alors nécessaire de proposer, au patient et à l’aidant, une prise en charge personnalisée au sein de l’hôpital. Des soins appropriés permettront à différents niveaux d’accueillir les personnes, de contenir, d’évaluer et de traiter les situations de crises qu’elles peuvent rencontrer. Pour l’aidant, c’est un lieu où il trouvera du personnel compétent et à l’écoute et un lieu d’échange et de parole avec d’autres aidants.

Qui décide de la prise en charge du patient ?
L’admission et le type de prise en charge des patients sont déterminés après une phase d’évaluation de la situation de crise par l’équipe pluridisciplinaire. A l’issue de cette phase, elle établit un « projet de suivi de prise en charge » qui déterminera les objectifs et les modalités de prise en soins. Celle-ci sera proposée pour six mois renouvelable une fois, soit douze mois maximum. Au terme de la prise en soin, la sortie du patient est préparée avec la famille et des solutions sont proposées (accueil de jour, aides à domicile…).

Comment se déroule concrètement la prise en charge du patient ?
La prise en charge dans toutes ses dimensions fait l’objet d’un véritable « contrat » entre le patient, l’aidant et le soignant. Par principe, le patient est accueilli sur une journée (de 9h00 à 16h00) ou une demi-journée (de 9h30 à 13h30). Dans certains cas, l’accueil peut débuter plus tard dans la matinée. Quelles que soient les horaires, le patient déjeunera sur place (on parle de « repas thérapeutique »).

Les séances sont généralement au nombre de une à deux par semaine, selon la situation du patient.

L’objectif de cette prise en charge est de permettre, au malade, de maintenir les gestes de la vie quotidienne, de valoriser ses capacités préservées et de favoriser la communication grâce à des activités physiques, artistiques et intellectuelles.

Durant ces séances, le patient se verra proposer individuellement ou collectivement :
- des ateliers mémoire (travail sur le langage, les mots, l’expression…),
- des ateliers de musicothérapie (intervention d’une violoniste) ou d’arthérapie (exprimer ses émotions, mémoriser les sons, les couleurs…)
- des ateliers d’ergothérapie (gérer son handicap dans la vie quotidienne, le suivi à domicile, apprendre l’autonomie…)
- des ateliers de psychomotricité (axé sur l’image du corps, le bien-être physique, la gymnastique douce, la relaxation…)
- mais également un soutien psychologique (comment gérer les situations d’angoisse, d’agitation extrême…).

A l’issue de chaque journée, le patient retourne à son domicile ou au sein de l’institution médicalisée dont il dépend (environ 5% des patients).

Quelle est la place de l’aidant dans ce dispositif ? Quelle prise en charge lui est proposée en parallèle ?
Soutenir l’aidant est un aspect important de l’hôpital de jour psychogériatrique et, dans ce cadre, une prise en charge adaptée a été mise en place au sein du groupe hospitalier Paris Saint-Joseph.

L’équipe propose aux aidants un programme d’information et de soutien afin de mieux comprendre la maladie, son évolution, ses complications et de mieux faire face au quotidien. Ce programme « d’aide aux aidants », animé par un binôme (gériatre et un psychologue, ou ergothérapeute, ou assistante sociale), offre un espace d’expression et d’échange collectif.

Il se réunit à raison de six séances les trois premiers mois, puis une fois tous les six mois. Il s’adresse aux aidants, conjoints, enfants, entourage proche, qui assurent au quotidien la prise en charge de leur parent.

En appui de ce groupe, l’aidant est également reçu en entretien individuel par le médecin et la psychologue, dès qu’il le demande ou que son état physique et/ou psychologique le justifie.

Comment se déroule le suivi de cette prise en charge pour le patient et l’aidant ?
Tous les deux mois, l’équipe médicale de l’hôpital de jour de réadaptation réévalue la situation de chaque patient et envisage, le cas échéant, sa sortie définitive, si les objectifs initiaux sont atteints. Le médecin traitant et le médecin spécialiste référent assurent, de leur côté, le suivi quotidien des patients, et sont informés régulièrement de l’évolution de la prise en charge.

Dans cette perspective, l’ensemble du personnel se mobilisera pour assurer au patient :
- soit un retour à domicile dans les meilleures conditions (mise en place d’une aide à domicile, accueil de jour 1à plusieurs fois/semaine…)
- soit la préparation à une entrée en institution.

En quoi cette structure est-elle bénéfique voire indispensable pour le patient et l’aidant ?
L’hôpital de jour de réadaptation est une structure pluridisciplinaire qui offre, à un moment donné du parcours de soin, une prise en charge globale et coordonnée du patient et de l’aidant, adaptée aux stades de la maladie, aux besoins, et aux demandes des différents acteurs du soin. Elle s’inscrit dans une démarche globale qui vise à garantir un accompagnement de proximité tout au long de la maladie, afin de rompre l’isolement des patients et de leurs familles. Elle travaille en étroite collaboration avec les structures d’amont (consultation mémoire, court séjour gériatrique, médecine de ville, Centre Local d’Information et de Coordination…) et d’aval (accueils de jour, services de soins à domicile, Etablissement d’Hospitalisation pour Personnes Agées Dépendantes …).

Un objectif humain guide le travail de cette structure : garantir la verticalité du patient (lui renvoyer une image positive malgré la maladie, le remotiver au quotidien) et de l’aidant (être valorisé dans son rôle et serein dans ses actes).

C’est une structure animée par une équipe de soins pluridisciplinaire formée et expérimentée à la prise en charge des patients atteints de maladie d’Alzheimer ou apparentées, et composée de personnel soignant : gériatre, infirmier, aide-soignante, psychologue, ergothérapeute, psychomotricienne, arthérapeute, et récemment d’une musicothérapeute.

Article publié le 25/06/2008 à 11:45 | Lu 10176 fois