Gérard Lenorman : Duos de mes Chansons, son nouvel album avec Florent Pagny, Tina Arena, Joyce Jonathan et bien d’autres

Quarante ans après ses débuts, , Gérard Lenorman revient avec « Duos de mes Chansons ». Treize voix se mêlent à la tessiture rocailleuse de Gérard Lenorman. De « La ballade des gens heureux » à « Si j’étais président », en passant par « Les matins d’hiver », « Quelque chose et moi » ou « Voici les clefs ».


En 1969, Gerard Lenorman faisait un peu peur. Il était un peu coiffé comme un… Playmobil. Sur les plateaux de télévision, il chantait avec une joie presque effrayante, les yeux écarquillés.

Et, à la pose extatique, il ajoutait sans complexe des paroles heureuses. Double blasphème... Car, cette année-là, Serge Gainsbourg susurre Elisa, Johnny Hallyday hurle Que je t'aime et France Gall, boudeuse, joue La poupée qui dit non.

On chante alors l'érotisme ou les blessures amoureuses, la mine sombre. Il ne viendrait à l'esprit de personne de sourire derrière un micro. A personne sauf Gerard Lenorman. Dès 1970, il prévient « Laissons entrer le soleil », adaptée de la comédie musicale Hair. Ses chansons tournent autour des jours heureux, des fêtes des fleurs, des éclaboussures de mémoire, très loin des astres noirs.

Un rocker ? Pas loin... Gérard Lenorman a compris, le premier, que le bonheur est une vraie rébellion. Il a flairé qu'une Ballade des gens heureux, en 1975, soulevait plus de montagnes qu'une guitare cassée sur une baffle. Qu'à un moment ou à un autre, la communauté humaine réclamerait sa part d'espoir et de regard écarquillé. Alors, depuis quarante ans, le Petit Prince de la chanson mène sa révolution, un sourire aux lèvres.

Il la mène obstinément, même quand elle n'intéresse plus personne. Les années 80 n'auront que faire du bonheur, et lui préfèreront la jouissance. Qu'importe : Lenorman s'accommode de l'oubli et chante toujours, conscient d'être « bon qu'à ça » comme disait l'écrivain Samuel Beckett, une autre grande figure à rebours de son temps… et visionnaire.

Quand Gerard Lenorman chante Si j'étais président, il dessine, avec vingt ans d'avance, une politique bling bling, raille un casting gouvernemental très actuel, rit des effets d'annonce et du culte de la personnalité, bref, prédit le paysage politique d'aujourd'hui.

Heureux qui communique, du nom d'un album plus tardif, annonce la couleur contemporaine... La joie béate de 1969 cachait bien son jeu ! En 2000, Gérard Lenorman chante La Force d'aimer, dans laquelle il donne son code secret. Il parle de « pub sans affiche » ; sa force, celle d'être un « Vagabond », sur les routes, sans cesse en tournée, loin des pages People et du gigantisme marketing. Il parle aussi de « ces drapeaux d'indifférence: qui te disent « tais-toi et danse »', » et se demande: « Est-ce qu'il faut prendre les armes ? »

Pas la peine, une chanson suffira. D'ailleurs, sur la scène, il explose. Comme tous les rockers...

Et comme les rockers, évidemment, Gérard Lenorman n'a fait aucune concession. Il n'a jamais remixé ses tubes en brouet de technodance, ni participé aux grandes tournées sirupeuses et « nostalgistes ». Il en a payé le prix fort, bien sûr, mais enfin : entre un insoumis et un pacha, son coeur a choisi depuis longtemps. Il est resté « au dessus du fracas de la terre », comme dans sa chanson Le Funambule, avec ses lunettes de devin sur le nez, occupé à bombarder paisiblement le paysage musical français.

S'il fallait encore une preuve, c'est bien ce dernier album de duettistes. Treize voix se mêlent à la tessiture rocailleuse de Lenorman. D'un côté, l'hommage total, immense, de la jeune génération (Zaz, Grégoire, Amaury Vassili...) envers ce faux Candide. De l'autre, la révérence des aguerris (Florent Pagny, Patrick Fiori, Roch Voisine...) pour des morceaux connus, et subitement nouveaux.

Dans leurs habits neufs, ils révèlent la force des textes. Voilà pourquoi, bien au-delà de la raideur ravie des débuts, les chansons de Gérard Lenorman tiennent la route, et inspirent les autres. Elles s'inscrivent dans la lignée magnifique du répertoire français.

De Toi, chantée avec Maurane, annonce Confidentiel de Jean Jacques Goldman. Michelle, reprise avec Grégoire, est la petite-fille de La Bohème de Charles Aznavour. L'alliance des voix fait surgir la beauté de ce grand thème universel qu'est le bonheur, fer de lance de Lenorman depuis des lustres. Il nous raconte toujours la liberté, l'indépendance, celui « qui ne lit pas les journaux, n'écoute pas la radio », les vagabonds, la fidélité à soi...

A bien y regarder, ces treize duos racontent l'artiste et composent un autoportrait caché. A petites touches, sur la pointe des mots, se dessinent, en creux de l'album, le visage et la vie d'un des plus grands chanteurs français, multirécidiviste du sourire et torpilleur des modes, qu'il était grand temps de percer à jour. « Voici les clés »...

Gérard Lenorman : Duos de mes Chansons
Avec Florent Pagny, Zaz, Roch Voisine, Grégoire, Maurane, Patrick Fiori, Tina Arena, Anggun, Shy’m, Stanislas, Amaury Vassili, Chico et les Gypsies, Joyce Jonathan

Sortie depuis le 10 octobre chez Play On / Jo & Co

www.gerard-lenorman.com

Publié le 28/10/2011 à 09:46 | Lu 3283 fois