Fruits, légumes et féculents : une nouvelle campagne d’information pour mettre fin aux idées reçues

Les féculents font grossir et les légumes en conserve perdent toutes leurs qualités : pour « mettre fin aux idées reçues », le ministère de la Santé et l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES) viennent de lancer une nouvelle campagne, à la télévision et dans la presse papier.


Une campagne de communication pour favoriser le passage à l‘acte
Si les repères de consommation élaborés par le PNNS bénéficient aujourd’hui d’une bonne notoriété auprès des Français, leur mise en application reste encore à améliorer. C’est notamment le cas des repères « Au moins 5 fruits et légumes par jour » et « Des féculents à chaque repas ».

Aussi, le ministère de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative et l’INPES ont-ils développé une campagne de communication afin d’inscrire ces deux repères de consommation dans un contexte quotidien en prenant en compte les différents freins à leur adoption.

L’objectif de cette campagne de communication est de permettre une meilleure compréhension de ces repères pour que chacun se les approprie. Il s’agit également de favoriser le passage à l’acte, en valorisant la notion de plaisir. Pédagogiques, les messages de cette campagne donnent à tous des idées concrètes et pratiques pour mieux manger.

L’inadaptation des apports alimentaires ne peut, en règle générale, être considérée comme la cause directe des maladies qui sont aujourd’hui les plus répandues en France (cancers, maladies cardiovasculaires, diabète de type 2, obésité, ostéoporose…). En revanche, il est reconnu que cette inadaptation participe, d’une façon ou d’une autre, à leur déterminisme. Et ces maladies ont un poids considérable en termes de santé publique, que ce soit sur le plan de la morbidité ou de la mortalité. .../...
Fruits, légumes et féculents : une nouvelle campagne d’information pour mettre fin aux idées reçues

Fruits, légumes et féculents : une nouvelle campagne d’information pour mettre fin aux idées reçues
En France, ces dernières années ont été marquées par une forte prévalence du surpoids, de l’obésité et du diabète de type 2. Selon le communiqué de l’Inpes, « cette augmentation a une origine multifactorielle et au-delà du patrimoine génétique, elle est notamment attribuée à une trop faible activité physique quotidienne et à une alimentation déséquilibrée (avec notamment peu de fruits, de légumes, de féculents, d’aliments riches en calcium) et trop riche en énergie (sucres et graisses) ».

Toujours dans l'Hexagone, selon l’Etude nationale nutrition santé (ENNS) de l’InVS, 16,9% des adultes sont obèses et 32,4% en surpoids. Hommes et femmes sont égaux devant l’obésité avec un pourcentage semblable d’obèses chez les deux sexes. A noter que la prévalence de l’obésité augmente avec l’âge, pour atteindre 24% chez les 55 – 74 ans chez les hommes et les femmes. Par ailleurs, la prévalence du surpoids est plus élevée chez l’homme.

La consommation de fruits et de légumes en France
Parmi les neuf objectifs nutritionnels prioritaires fixés par le PNNS, l’un concerne la consommation de fruits et légumes « afin de réduire le nombre de petits consommateurs d’au moins 25% (soit environ 45% de la population) ».

Une consommation en croissance forte avec l’âge
Selon les études menées en 2006 via ENNS et Inca23, 42,8% des adultes consomment au moins cinq fruits et légumes par jour. Cette prévalence est plus favorable chez les femmes de 18-29 ans que chez les hommes (24,1 % contre 20,9 %), et augmente fortement avec l’âge. Ainsi, on passe de 20,9% de « forts » consommateurs chez les hommes de 18-29 ans à 66,2 % parmi les 55-74 ans (24,1 % à 61,3 % chez les femmes des mêmes tranches d’âge). En revanche, seuls 20 % des enfants âgés de 3 à 17 ans atteignent le repère PNNS pour les fruits et légumes, sans différence selon l’âge et le sexe.

Petite augmentation des fruits consommés mais stabilité de la consommation de légumes
Chez les adultes, on note une augmentation de la consommation de fruits frais et transformés (sous forme de compotes et fruits cuits) de 10% chez les hommes entre 1999 et 2006 et de 24% chez les femmes (surtout chez les plus de 35 ans). Cette augmentation est également plus marquée chez les catégories socioprofessionnelles basses par rapport à celles plus élevées (+34% chez les femmes vs 16 % et +27 % chez les hommes vs 5 %).

Un repère de plus en plus connu…
Selon des études quantitatives sur la connaissance des repères du PNNS réalisées par l’INPES de 2005 à 2007, la notoriété du repère sur les fruits et légumes a augmenté entre 2005 et 20074 :
- 2005 : 36 % des sujets citaient le repère « 5 fruits et légumes ou plus par jour » dont 21% cinq fruits et légumes exactement ;
- 2006 : 47 % dont 33% cinq fruits et légumes exactement ;
- 2007 : 48 % dont 43% cinq fruits et légumes exactement.

Aucune différence liée à des facteurs socio économiques (diplôme, revenu par unité de consommation et profession) n’est observée. …Malgré des freins à la consommation (surtout pour les légumes) :
- Le prix (en particulier pour les produits frais)
Les achats en fruits et légumes frais sont très liés au revenu du foyer (les foyers à faibles revenus en achetant moins). Les revenus sont moins déterminants pour l’achat des fruits et légumes transformés (conserves et surgelés en dehors des plats cuisinés). Cependant, la sensibilité au prix peut être atténuée par la notion de plaisir liée aux aliments.
- Le caractère périssable des produits frais
Lorsque les achats sont réalisés de manière hebdomadaire par les foyers, l’aspect périssable des fruits et légumes frais peut poser problème quant à leur stockage.
- Le temps et le savoir-faire nécessaires pour la préparation
C’est le facteur le plus influent chez les jeunes adultes, avant le prix. Les légumes sont associés à une longue préparation. Pour les fruits, c’est leur épluchage qui peut représenter un obstacle à leur consommation.
- La faible disponibilité des fruits et légumes hors du foyer
L’accessibilité des fruits et des légumes peut être difficile lorsque la personne est en dehors de son domicile (lieu de travail ou autre). Certains consommateurs évoquent aussi des difficultés à trouver dans leur environnement proche des fruits et des légumes.

Petit rappel de l’intérêt nutritionnel des fruits et légumes…Les fruits et les légumes fournissent des vitamines (vitamine C principalement), des sels minéraux et des fibres. La composition des fruits est proche de celle des légumes mais la teneur en glucides (sucre) des premiers est toutefois plus élevée. Les sucres qu’ils contiennent sont surtout des sucres simples comme le fructose essentiellement, mais aussi du saccharose et du glucose. Les bananes et châtaignes contiennent également un glucide complexe comme l’amidon.

Les fruits secs regroupent les fruits séchés (raisins, pruneaux, bananes…) et les fruits oléagineux (noix, noisettes…). Ils sont plus énergétiques que les fruits frais car plus riches en glucides ; les fruits oléagineux contiennent, de plus, une forte teneur en lipides (environ 50 %), donc sont encore plus énergétiques que les fruits séchés. Les fruits secs contiennent également une plus forte concentration de fibres que les frais. Aussi, de par leur forte densité énergétique, les fruits secs, séchés ou oléagineux ne peuvent être pris en compte dans l’objectif de consommer au moins 5 fruits et légumes par jour.

L’intérêt d’une consommation élevée de fruits et légumes est crucial dans le contrôle du poids et donc comme aliments permettant de prévenir le surpoids et l’obésité. En effet, dans ce cas ils se substituent à d’autres aliments, plus riches en calories mais moins denses en micronutriments.

… et des fruits et légumes en conserves et surgelés
Les fruits et les légumes sont-ils vraiment « meilleurs » frais, plutôt que surgelés ou en conserves ? Des chercheurs de l’INRA remettent en cause ce préjugé pourtant bien classique, de la supériorité des fruits et légumes frais sur les produits transformés. Bien menée, la congélation et la mise en conserves permettent au contraire de préserver un maximum de nutriments et de vitamines.
S’il est vrai que les fruits et légumes frais regorgent de bienfaits (béta-carotène, vitamines A, B9, C, potassium, magnésium…), leur conservation ou leur préparation (le simple fait de laver voire d’éplucher un fruit ou un légume frais) avant consommation les privent d’une proportion importante de leurs micronutriments.

Mais ces opérations permettent également de réduire l’ingestion de résidus de pesticides. Les fruits et les légumes frais gardent quoiqu’il en soit un intérêt nutritionnel évident, notamment s’ils sont cuits à la vapeur.

Les produits surgelés ou en conserves méritent une attention particulière. Les produits transformés « assurent une bonne préservation des teneurs en micronutriments ». « Celles-ci sont d’autant plus élevées que les récoltes industrielles se font plus généralement à maturité des fruits ou légumes et que la transformation intervient rapidement après la récolte ». Autre avantage des conserves et surgelés : ils sont disponibles toute l’année, et souvent moins chers…

La consommation de féculents en France
Parmi les neuf objectifs nutritionnels prioritaires fixés par le PNNS, l’un concerne la consommation des glucides (c'est-à-dire des féculents) : « augmenter la consommation des glucides afin qu’ils contribuent à plus de 50% des apports énergétiques journaliers, en favorisant la consommation des aliments source d’amidon (glucide complexe), comme les féculents, et en réduisant la consommation d’aliments sucrés, source de glucides simples ».

Pourquoi consommer des féculents ?
Les féculents regroupent :
- les céréales ou aliment d’origine céréalière comme le riz, le maïs, la semoule, le blé (entier ou concassé), les pâtes, les farines et le pain, les céréales du petit-déjeuner ;
- les légumes secs et assimilés comme les lentilles, les pois chiches, les pois cassés, les flageolets, les haricots blancs ou rouges, les fèves… ;
- les pommes de terre et le manioc (et son dérivé : le tapioca).

Leur intérêt nutritionnel se situe à plusieurs niveaux :
- ils fournissent l’énergie indispensable aux muscles, organes et cerveau grâce aux glucides qu’ils contiennent ;
- ils fournissent également des protéines végétales qui, combinées, peuvent être précieuses en cas d’alimentation strictement végétarienne. Cette combinaison doit assortir un produit céréalier et un légume sec (exemples : riz/lentille ; semoule/pois chiche ; maïs/haricots rouges) ;
- ils fournissent des vitamines du groupe B ;
- ils ne contiennent pas de lipides ;
- les céréales complètes sont très riches en fibres (dont les apports sont insuffisants dans l’alimentation actuelle) ;
- ils sont satiétogènes, c’est-à-dire qu’ils permettent de lutter contre la sensation de faim.

Afin d’apporter une information simplifiée et pratique au grand public, l’INPES a développé des repères de consommation, traduisant les recommandations nutritionnelles du PNNS. Pour les féculents, c’est à chaque repas et selon l’appétit.

Plusieurs études prospectives ont montré qu’une alimentation à teneur élevée en fibres, riche en céréales complètes, de faible index glycémique, ou riche en fibres provenant de fruits et légumes est associée à une réduction du risque cardiovasculaire et de diabète.

Une consommation de féculents insuffisante
Selon l’étude ENNS, en 2006, la moitié (49,1%) seulement des adultes de 18–74 ans soit moins d’un sur deux atteignent le repère PNNS. On note cependant un niveau de consommation très différent selon le sexe puisque 60,1 % des hommes et seulement 38 % des femmes atteignent le repère. Une consommation conforme au repère PNNS ne diffère pas selon l’âge chez les hommes, mais, en revanche, elle augmente selon ce paramètre chez les femmes : de 29,1 % chez les 18-29 ans à 44% chez les 55-74 ans.

Par ailleurs, si très peu de femmes en consomment « trop » (seulement 2%), soit plus de 6 portions de féculents par jour, c’est le cas pour 15,6% des hommes. Les sous-consommateurs de féculents sont donc très nombreux parmi les femmes (environ 60 %) contre seulement 25 % chez les hommes.

Une consommation de féculents inchangée, mais une diminution de celle du pain
Selon l’étude Inca 22, chez les adultes, la consommation de pain a baissé entre 1999 et 2006, et ce dans toutes les classes d’âge, passant de 158,2g/jour à 140,5g/jour chez les hommes et de 98,4g/jour à 91,4g/jour chez les femmes. Parallèlement, la consommation de pâtes et de riz a augmenté surtout chez les hommes et ce dans toutes les classes d’âge, passant de 63,4g/ jour à 75,8g/ jour (et de 50,2g/ jour à 52,3g/ jour chez les femmes).

Entre 1999 et 2006, on note une diminution de la consommation totale des féculents (de 11 %) uniquement chez les enfants de 11 à 14 ans. Elle est stable pour toutes les autres tranches d’âge. De même que chez les adultes, la consommation de pain diminue surtout chez les 3-10 ans (passe de 50,2g/ jour à 43,3g/jour) et chez les 11-14 ans (83,1g/jour à 64,2 g/ jour). Les enfants consommeraient également moins de pomme de terre entre les deux études (baisse d’environ 10g/jour pour l’ensemble des tranches d’âge). Parallèlement, la consommation de pâtes et de riz augmente légèrement (de 5g/ jour environ).

Des idées fausses persistantes
La comparaison entre le Baromètre Santé Nutrition de 1996 et celui de 2002 a permis de constater une évolution positive de l’opinion (donc davantage de personnes choisissant la bonne réponse) à l’égard des féculents : 55,6% des sujets pensaient que l’allégation « les féculents font grossir » était fausse en 2002 contre seulement 48 % en 1996. Cependant, cette idée fausse persiste, surtout chez les femmes.

Selon une étude qualitative réalisée par l’INPES en 2007, les adultes jugent le repère relatif aux féculents (à chaque repas, selon l’appétit) surprenant. En effet, il correspond, dans les représentations collectives, à des produits « à limiter » car « ça fait grossir ». Par conséquent, le fait de suggérer d’en consommer « selon l’appétit » est mal accepté.

La consommation des féculents permet un bon apport en glucides complexes. Or la consommation est actuellement insuffisante au regard des résultats des grandes enquêtes nutritionnelles récentes de 2006 surtout chez les femmes. Ces aliments, en plus de fournir des glucides complexes, permettent d’atteindre un bon niveau de rassasiement (pendant les repas) et de satiété (entre les repas), évitant ainsi les grignotages entre les repas d’aliments trop souvent de densité nutritionnelle faible (plutôt des aliments gras, sucrés, salés).

Par ailleurs, les féculents sont des aliments peu chers et donc accessibles à tous (les légumes secs qui en font partie sont très intéressants car ils sont non seulement riches en glucides complexes mais aussi en fibres, protéines végétales, vitamines B et minéraux).

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Publié le 09/06/2008 à 11:13 | Lu 16015 fois