Fontenay-sous-Bois : une octogénaire se suicide en se jetant du 4ème étage

Une dame de 87 ans, veuve depuis quelques mois, s’est défenestrée samedi matin du 4ème étage de son immeuble de Fontenay-sous-Bois dans le Val-de-Marne, indique un récent article du quotidien Le Parisien. Un geste qui illustre un sujet encore trop souvent tabou : celui du suicide des personnes âgées.


Ce suicide a profondément choqué les habitants de la résidence. Et pour cause, souligne l’article du Parisien, « la plupart sont de la même génération que la victime » qui avait perdu son mari en début d’année.

Au-delà de ce triste fait divers, il faut rappeler que le suicide des seniors est une vraie réalité trop souvent tabou et ignorée. On s’imagine que seuls les adolescents ou les adultes mettent fin à leurs jours. Or, ces populations ne sont pas forcément les plus concernées… Et contrairement aux plus jeunes, lorsque les seniors décident de se supprimer, en principe, leur première tentative est la bonne !

Ainsi, selon une étude de l’Association internationale pour la prévention du suicide, réalisée en 2007 en collaboration avec l’Organisation mondiale de la Santé, dans plusieurs pays, les taux de suicide les plus élevés se retrouvent chez les aînés, spécialement chez ceux qui ont 85 ans et plus. En général, les hommes âgés sont plus à risque de suicide que les femmes âgées.

Le vieillissement de la population dans les pays développés et en voie de développement nous laisse entrevoir qu'à la fois le nombre et les taux de suicide chez les aînés augmenteront par la conjonction des effets cumulatifs liés à une plus grande espérance de vie, à la pression exercée sur les ressources en santé disponibles et par une plus grande proportion de la population des aînés présentant des maladies ou incapacités physiques importantes.

Les aînés ont moins de chance de survivre à une tentative de suicide que les plus jeunes, car ils ont tendance à choisir des moyens plus létaux pour tenter de s'enlever la vie, ce qui peut laisser entrevoir un plus grand désir de mourir et ils ont également tendance à faire des tentatives de suicide mieux planifiées. .../...
Fontenay-sous-Bois : une octogénaire se suicide en se jetant du 4ème étage

La dépression joue un rôle important chez les aînés. Plusieurs suicidaires âgés ont vu leur médecin quelques semaines précédant leur suicide et ont été alors diagnostiqués comme souffrant de dépression légère à modérée. Les aînés suicidaires ont également plus tendance à souffrir de maladies physiques et les hommes âgés suicidaires sont plus souvent divorcés ou veufs.

Les aînés à risque de suicide peuvent également craindre des maladies chroniques, l'isolement social et la solitude et peuvent avoir récemment vécu des changements majeurs dans leur statut social, suite à une retraite par exemple. La dépression n'est pas souvent dépistée chez les aînés puisqu'il est difficile de faire la différence entre les effets de plusieurs maladies communes aux personnes âgées et les effets secondaires induits par les médicaments utilisés pour soigner ces maladies.

Les facteurs de protection des aînés contre le suicide sont, entre autres, le fait d'avoir des relations significatives et rapprochées, un soutien social et de l'interaction, la participation à des organisations, avoir des hobbies, présenter de fortes valeurs religieuses et/ou spirituelles, un soutien adéquat suite aux deuils et une absence de conflits et de discordes familiales.

Bien que l'amélioration du dépistage de la dépression constitue une approche majeure en prévention du suicide chez les aînés, d'autres approches incluent : exploration de l'efficacité des sentinelles qui ont des contacts avec les aînés dans la communauté et leur capacité à référer ceux qui sont à risque de suicide et de dépression; le développement de programmes communautaires qui promeuvent les contacts sociaux, les interventions et le soutien; s'assurer que les aînés reçoivent le soutien approprié lors de deuils; restreindre l'accès aux moyens létaux de suicide, spécialement les armes à feu et les médicaments et développer auprès des services de santé de meilleures façons de maintenir le contact avec les personnes âgées.

Les efforts de prévention du suicide chez les aînés rencontrent souvent des résistances du fait qu'on considère le suicide des personnes âgées comme relevant d'une décision plus rationnelle et « compréhensible » alors que le suicide des jeunes est plutôt perçu comme une tragédie nécessitant une prévention accrue.

Pourtant, les recherches sur le vieillissement ont montré que les aînés présentent souvent de meilleures habiletés d'adaptation que les plus jeunes et qu'ils répondent aussi bien ou mieux que les autres groupes d'âge aux interventions psychothérapeutiques.

« Cela laisse entendre que la prévention du suicide chez les aînés pourrait passer par l'éducation du public et des intervenants en santé sur les composantes mêmes du vieillissement, sur les signes avant-coureurs et symptômes de la dépression ainsi que sur le soutien apporté par les agences communautaires et de santé » conclut l'IASP.

Publié le 19/05/2008 à 12:49 | Lu 8378 fois






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