Des bénéfices de l'orthopédie connectée

L’Institut de Recherche Riquet et B. Braun, Digikare et le français Withings, ont lancé la première étude sur l’influence d’un suivi de l’activité post-opératoire à l’aide d’outils connectés. Un objet connecté non médical peut-il aider les patients à mieux récupérer d’une intervention chirurgicale? Cette question centrale dans la prise en charge orthopédique moderne a mené ces entités à s’associer à l’Institut de Recherche Riquet (CHU de Toulouse) pour monter une étude dédiée.





Le but ? Mesurer de l’influence d’un suivi de l’activité postopératoire précoce sur les résultats cliniques à moyen terme après une arthroplastie totale du genou.
 
Elaborée dans un contexte d’augmentation du nombre d’arthroplasties du genou, du fait notamment de la diversification des indications, l’étude vient d’inclure son premier patient. Elle permettra de préciser les bénéfices d’un accompagnement par des outils numériques dans le suivi et la récupération des patients depuis la phase préopératoire jusqu’à deux ans après l’intervention.
 
« Aujourd’hui, nous voulons suivre le patient au-delà d’un épisode en milieu hospitalier concentré sur l’intervention, pour vivre son expérience de soins tout au long de son parcours à son domicile, en amont et en aval. C’est l’essence de la plateforme Orthense, intégrée au programme de récupération Up&Go.
 
En y ajoutant une montre connectée, on devrait pouvoir confirmer les évaluations subjectives que nous faisons déjà, et articuler l’observation du chirurgien, les scores et la vie du patient à proprement parler, grâce à des données objectives mesurables sur son état fonctionnel et physique, au-delà de ce qu’il nous dit en consultation
», résume le Pr Nicolas Reina, chirurgien orthopédique à l’institut de Recherche Riquet, promoteur de l’étude.
 
Les enjeux de responsabilisation du patient, anticipés comme facilités par les solutions digitales – en particulier celles évaluées par l’étude d’orthopédie connectée – représente un véritable changement de paradigme dans la prise en charge chirurgicale. L’objectif n’est plus pour le patient de se « contenter » de sentir sa douleur diminuer avec le temps, mais d’entrer dans un mode proactif pour s’octroyer une plus grande liberté d’action, pratiquer des activités physiques et « vivre normalement ».
 
« Un coaching numérique adapté, dès l’amont de l’opération, permet au patient de se construire un "film", dont il est l’acteur principal et qu’il portera avec dynamisme et engagement jusqu’à son terme. La garantie d’une récupération améliorée, ainsi que les professionnels du soin le constatent empiriquement depuis de nombreuses années et que nous comptons confirmer scientifiquement par notre étude », explique de son côté le Dr Jérôme Villeminot, chirurgien orthopédiste au centre Impulse Ortho à Haguenau, et co-fondateur de Digikare.
 
« En ancrant ces données subjectives avec des données objectives numérisées via des outils de collecte fiables, nous aurons une prise sur le réel de nos patients. La digitalisation ne nous affranchira jamais de notre lien avec le patient et du besoin de la consultation physique mais nous allons pouvoir les suivre plus et mieux, au quotidien, avoir une consultation permanente avec eux, et être capables de savoir comment ils vont réellement sans les voir » conclut le Pr Reina.
 
Cette étude devrait inclure environ 150 de patients adultes de tous sexes, âges, races et origines ethniques. Les participants recevront une même prothèse (B. Braun) au cours d’une arthroplastie totale du genou réalisée selon la même technique, quel que soit le praticien réalisant l’intervention. Ils bénéficieront d'une prise en charge postopératoire similaire, avec un programme de récupération rapide de routine standardisé et une prise de poids complète précoce.

Article publié le 30/11/2021 à 15:39 | Lu 2617 fois