Dépendance : entre financement, justice et proximité, (enquête nationale de la CFDT Retraités)

C’est une première ! A l’époque où la dépendance est devenue un sujet de sondage pour les banques et les assurances, la CFDT Retraités a lancé via ses adhérents, une grande enquête qui renverse les données de la question. Voici les principaux résultats présentés le 23 novembre 2011 lors de la journée d’étude « Perte d’autonomie ».





La réalité de la dépendance

39% des personnes sont directement concernées par la dépendance. 17% pour eux-mêmes. Et 22% pour un proche. Directement touchés ou non par le sujet, si cela devait leur arriver, les répondants hiérarchisent leurs inquiétudes (2 réponses possibles). Et d’abord : le reste à charge est trop important : 60% et ensuite, la mise à contribution de la famille : 37%.

Les autres items, réponses « cigales » et « fourmis », s’équilibrent en bas de classement pour ceux qui déclarent ne pas être inquiets : je suis en bonne santé : 17% ; j’ai souscrit une assurance dépendance : 17% et les aides publiques sont suffisantes : 5%.

Où trouver l’information ? 39% iraient d’abord chercher l’information auprès d’une association d’aide aux personnes âgées ou auprès du médecin : 34%. Seuls 21% s’adresseraient à des CLICS (Centre local d’information et de coordination) ou auprès des services du conseil général (11%). Entre les deux, les autres acteurs seraient les syndicats de retraités : 22%, la mairie : 18%, et la maison de retraite : 7%. On touche là du doigt l’effort important en matière d’information que doivent réaliser les principaux acteurs du dossier et la coordination nécessaire qu’ils doivent assurer.

Le domicile plébiscité

« Selon vous quelle serait la meilleure solution en cas de perte d’autonomie ? » Rester à son domicile aussi longtemps que possible arrive très largement en tête : 78% des réponses. Le foyer logement et la maison de retraite médicalisée ne recueillent que 8% chacun.

Les avantages du domicile sont nombreux. Il permet (plusieurs réponses possibles) de :

- bénéficier d’aide à domicile : 87%
- être proche de sa famille et de ses amis : 86%
- avoir un suivi médical efficace : 86%
- conserver ses habitudes de vie : 81%
- avoir le soutien du conjoint et des proches : 77%.

Autant d’expressions d’une approche affective, psychologique, sensible et pratique du dossier.

Pour quels types d’aide ? Services proches ? Services lointains ?

Tout comme la santé, la perte d’autonomie pose la question de l’accès aux aides :

« Pensez-vous que les services d’aide à domicile sont suffisamment à proximité de chez vous ? » Les réponses sont effectivement partagées : 24% répondent « ne pas savoir », et 23% pensent qu’ils sont « trop éloignés ». A l’inverse 20% estiment que cette proximité est « satisfaisante », et 32% en « partie satisfaisante ».

Les efforts devraient être apportés en priorité (deux réponses possibles) :

- aux services d’aide ménagères : 55%
- à l’adaptation du logement : 32%
- à la qualité des soins infirmiers : 27%.
La qualité des repas, la téléalarme, les loisirs ou les transports apparaissent moins prioritaires (17 % chacun).

Maison de retraite : une réelle solution… trop onéreuse

« En fonction de ce que vous savez des maisons de retraite », que pensent les interviewés de certaines affirmations concernant la solution « maisons de retraite » ? Sur cette question il ne s’agissait pas de choisir parmi les items mais « d’être d’accord ou « pas d’accord » avec les affirmations proposées. Cette question était construite autour de hui sous-questions.

Pour 82% des répondants, « les personnes âgées appréhendent d’entrer en maison de retraite ». Les trois-quarts estiment que « ça soulage la famille et les proches ». Près des deux-tiers (64%) pensent que « ça permet de rompre l’isolement » et enfin, 62% estiment que « c’est une bonne solution si on est dépendant ».

Les personnes interrogées reconnaissent clairement le rôle indispensable des maisons de retraite, même si elles restent avant tout interrogatives sur le coût de leurs prestations : 76% considèrent que « leur coût n’est pas supportable ». Et 76% estiment qu’il n’est pas « normal que la famille soit mise à contribution financièrement si nécessaire ».

Pour une prestation dépendance : publique, universelle et solidaire

Après les nombreux engagements du président de la République sur la réforme de la perte d’autonomie et le renoncement, cet été, du gouvernement Fillon, il est apparu nécessaire de refaire un point général sur les sujets sensibles, mais aussi techniques (d’où parfois un taux de « sans avis » et de « non réponse » supérieur à 25%) et politiques : quel est l’état actuel du dossier vécu par les intéressés et quels changements faudrait-il opérer ?

En matière de perte d’autonomie, les personnes interrogées estiment que :

- le montant des pensions est insuffisant pour payer les maisons de retraite : 83%
- les aides financières sont insuffisantes : 72%
- les interventions pour l’aide à domicile coûtent trop cher : 57%.

Les taux de « sans avis » et de « sans réponse » recueillis par les items complémentaires sur le recours sur succession, l’obligation alimentaire des familles, le reste à charge démontrent que ces sujets échappent à la plupart des personnes intéressées.

À l’inverse les opinions se font plus tranchées, et les débats s’instaurent sur ce qu’il faudrait faire « pour une meilleure prise en charge de la perte d’autonomie par la collectivité » :

- Près d’une personne interrogée sur deux est d’accord pour « mettre en place un prélèvement général par une cotisation sur tous les revenus ». Ce chiffre peut être considéré comme élevé alors qu’il intègre un prélèvement obligatoire supplémentaire et la solidarité de tous (29% ne sont pas d’accord).

- « Aligner la contribution des retraités sur la CSG sur celle des salariés » : 38% ne sont pas d’accord, 30% sont d’accord et 30 % sont sans avis. Il reste donc du travail à faire pour expliquer la position de la CFDT sur le sujet.

- « Instaurer une taxe sur l’ensemble des transmissions du patrimoine et des donations » : 37% sont d’accord et 32 % pas d’accord. Les mentalités évoluent ! La solidarité progresse ! Il apparaît là que beaucoup pensent qu’ils seront mis davantage à contribution financière et qu’ils souhaitent que tout le monde y participe.

- La démonstration a contrario est apportée par les réponses aux items suivants : « récupérer les aides publiques par un recours sur succession des personnes aidées » : 46% sont en désaccord contre 23% pour.

- C’est le cas également pour les réponses apportées au sous-item : « souscrire une assurance privée pour couvrir une partie du risque dépendance ». Seuls 17% disent leur accord (ceux qui déclarent en début d’enquête avoir déjà souscrit une assurance dépendance). Et 62% s’y opposent !

Méthodologie :

Entre septembre et novembre 2011, les militants de la CFDT Retraités ont rencontré des milliers de personnes confrontées ou non, dans leur vie quotidienne, à la question de la dépendance. En vis-à-vis, dans le cadre d’une conversation de confiance, en leur posant près d’une cinquantaine de questions. Ces rencontres ont donné lieu à une restitution sur questionnaire. 4 730 questionnaires ont été retournés, analysés. Ils feront l’objet d’une restitution lors de la journée d’étude que la CFDT Retraités organise le 23 novembre à Paris pour ses militants.
Cette enquête n’a aucune prétention scientifique. Elle cherche simplement à donner la parole à l’opinion, aux « gens de la rue », dans une expression directe et ouverte. Ces résultats seront suivis chaque année, à l’occasion de la publication d’un baromètre sur la dépendance.

L’échantillon

4.730 personnes ont répondu au questionnaire. Hommes : 45% / Femmes 55%.

Article publié le 23/11/2011 à 14:00 | Lu 2874 fois