De petits gestes pour lutter contre le cancer du sein (partie 1)

L’Institut national du cancer (INCa), en lien avec le ministère de la Santé vient de lancer une nouvelle campagne d’information visant à sensibiliser les femmes aux moyens d’agir pour lutter contre les cancers du sein. Centrée sur la prévention et le dépistage, cette campagne vise à leur faire prendre conscience des actions simples et quotidiennes qui s’inscrivent dans la lutte contre ce cancer. Détails.


Le cancer du sein est une maladie multifactorielle. De nombreuses causes peuvent être à l’origine de l’apparition et du développement de la maladie. Le passage d’une cellule normale à une cellule cancéreuse est un processus long et complexe, au cours duquel différents facteurs interviennent et engendrent des mutations dans les gènes.
 
Ces mutations peuvent être liées aux hasards des multiplications successives de nos cellules ou à une prédisposition génétique à certains cancers, donc à des facteurs inhérents à la personne. Mais elles sont souvent provoquées ou favorisées par des agressions externes provenant de notre environnement, de notre lieu de travail ou de nos comportements et conditions de vie.
 
Ces facteurs externes qui agressent les cellules de notre organisme peuvent être de nature chimique (substances cancérogènes contenues dans la fumée du tabac, l’alcool, certains aliments, l’amiante…), physique (rayonnements ultraviolets et ionisants) ou biologique (liés à des virus, des bactéries ou des parasites).
 
Une personne qui possède un ou plusieurs facteurs de risque peut ne jamais développer de cancer.
Inversement, il est possible qu’une personne n'ayant aucun facteur de risque soit atteinte de ce cancer.
 
Le fait d’être une femme et d’avoir plus de 50 ans représentent les deux principaux facteurs de risque de cancers du sein. En effet, plus de 99 % des cancers touchent les femmes. Les hommes aussi peuvent en être atteints mais c’est beaucoup plus rare (moins de 1% des cas). Par ailleurs, près de 80% des cancers du sein se développent après 50 ans.
 
Certains traitements hormonaux de la ménopause, une puberté précoce, une ménopause tardive, l’âge de la première grossesse et la durée d’allaitement peuvent également avoir une influence sur l’apparition d’un cancer du sein. Les femmes ne présentant pas d’autres facteurs de risque que l’âge, ont un risque dit « moyen » de développer la maladie.
 
Conduite à tenir pour lutte contre les cancers du sein : agir sur les habitudes de vie et réaliser un dépistage, dès 50 ans tous les deux ans sont essentiels dans la lutte contre les cancers du sein.
 
Une femme ayant eu un cancer du sein, en plus du risque de récidive du cancer au niveau du sein traité, a un risque 3 à 4 fois plus élevé de développer un nouveau cancer du sein qu'une femme du même âge.
 
Le risque de développer un cancer du sein infiltrant est 8 à 10 fois plus important chez les femmes qui ont déjà eu un cancer canalaire in situ ou un cancer lobulaire in situ. Par ailleurs, la présence d'un cancer lobulaire in situ fait augmenter le risque de cancer dans les deux seins. Ces risquent justifient un suivi régulier et prolongé.
 
Parmi les affections bénignes mammaires, seules celles qui sont associées à la prolifération du tissu mammaire, comme les hyperplasies, font augmenter le risque de cancer du sein. En savoir plus ici. Une irradiation du thorax peut augmenter le risque de cancer du sein. Le niveau de risque est en rapport avec la dose totale reçue et l’âge de la femme.
Les femmes qui ont eu dans l’enfance une radioscopie des poumons (type de radiographie qui utilisait des doses de rayons importantes) dans le cadre de la recherche d’une primo-infection de la tuberculose (premier contact de l’organisme avec la bactérie) ont un risque plus élevé de cancer du sein.
 
Conduite à tenir : le suivi est propre à chaque antécédent médical. Aussi, la discussion avec son médecin généraliste est importante ; il pourra vous prescrire les examens adaptés à votre situation.
 
Près de 20 à 30% des cancers du sein se manifestent chez des femmes ayant des antécédents familiaux de cancers dont des cancers du sein, par exemple plusieurs cas de cancers du sein dans la même famille. Parfois on ne sait pas exactement si cette disposition familiale est due au hasard, à un mode de vie que des membres de la famille ont en commun, à un facteur héréditaire qui a été transmis des parents à leurs enfants par les gènes ou bien à une association de ces éléments.
 
En fonction du degré de parenté, du type de cancers ou encore de l’âge de la survenue le risque est plus ou moins élevé. En savoir plus ici. Ces femmes présentent une probabilité bien plus importante que la moyenne d'être atteintes d'un cancer du sein. On parle pour elles d'un niveau de risque « élevé ». Dans ce cas, une surveillance spécifique est proposée en fonction des antécédents et de l’âge.
 
Conduite à tenir : si vous identifiez des antécédents familiaux, il est essentiel d’en faire part à votre médecin.
 
Vous n’êtes pas concernées par le programme de dépistage organisé du cancer du sein, même si vous avez entre 50 et 74 ans. Votre médecin est l’interlocuteur privilégié ; il vous orientera vers la modalité de suivi la plus adaptée à votre situation.
 
Ces modalités de suivi peuvent consister en : les mêmes examens de dépistage que ceux du dépistage organisé, mais débutés à un âge différent et selon des intervalles plus rapprochés ; d’autres techniques de détection en complément ou à la place de la mammographie, comme une échographie ou une IRM ; et une surveillance spécifique.
 
Les prédispositions génétiques
Lorsque plusieurs personnes d’une même famille sont atteintes du même cancer, il peut s’agir d’un cancer héréditaire dû à une anomalie au niveau d’un gène (anomalie génétique) qui se transmet d’une génération à une autre. Cette anomalie est encore appelée mutation génétique.
 
Seule une petite partie des cancers du sein, 5 à 10%, sont héréditaires, c’est-à-dire attribuable à une mutation génétique (qu’elle soit identifiée ou non). Par ailleurs, un certain nombre de mutations génétiques, favorisant la survenue de cancers du sein, ont été identifiées.
 
Le plus souvent, celles-ci portent sur des gènes appelés BRCA1 et le BRCA2. Environ 2 femmes sur mille sont porteuses d'une de ces mutations. Cela ne se traduit pas systématiquement par l’apparition d’un cancer, mais augmente le risque d’en développer un. C’est ce que l’on appelle une prédisposition génétique.
 
Conduite à tenir : si vous identifiez plusieurs cancers du sein dans votre famille, parlez-en à votre médecin. Si une mutation génétique est suspectée ou découverte, une consultation chez un spécialiste d’oncologie génétique vous sera proposée. Pendant cette consultation, le médecin évalue votre risque génétique et vous propose éventuellement une recherche de mutation. Dans le cas de l’identification d’une mutation génétique ou lorsque l’histoire familiale évoque un syndrome de prédisposition, même sans identification de mutation, une prise en charge spécifique (surveillance, examen d’imagerie, etc.) est alors proposée. Dans ce cas, le risque de développer la maladie est dit « très élevé ».

Publié le 11/09/2019 à 01:00 | Lu 1343 fois