De la nutrition cardio-protectrice avec le professeur Jean Ferrières

Les 25èmes Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie (SFC) ont eu lieu la semaine dernière à Paris. Cette année, le thème principal portait sur « La Cardiologie sur-mesure ». Dans ce contexte, le professeur Jean Ferrières revient sur la nutrition cardio-protectrice. Bien manger, bien vivre et bien vieillir.





La théorie dominante qui préside à la compréhension de la maladie coronaire est la théorie lipidique. Cette théorie est basée sur des études épidémiologiques d’observation (études descriptives et analytiques) et d’intervention. Parmi ces enquêtes, l’étude dite des « Sept pays » vient étayer cette théorie : 12 763 hommes, âgés de 40 à 59 ans, issus de seize cohortes dans sept pays (Etats-Unis, Finlande, Pays-Bas, Italie, Grèce, Yougoslavie et Japon) ont été examinés en 1958.
 
La consommation moyenne des graisses animales, à l’exception du poisson, a été corrélée positivement avec la mortalité coronaire à vingt-cinq ans. De même, la consommation moyenne d’acides gras saturés a été significativement associée à la mortalité coronaire à dix ans et à vingt-cinq ans. D’autres études ont montré une corrélation positive entre la consommation d’acides gras saturés et le risque coronaire. Toutes ont donné lieu au concept selon lequel les graisses saturées constituent la base du risque coronaire.
 
Le concept de « Paradoxe Français » n’est pas nouveau mais les problèmes qu’il soulève sont au cœur  des débats sur la nutrition. La définition stricte du « Paradoxe Français » est l’observation d’une mortalité par maladie coronaire faible en dépit d’une consommation importante de cholestérol et de graisses saturées.
 
Par rapport aux autres pays européens, la France, tout comme l’Espagne d’ailleurs, se caractérise par une incidence et une mortalité par maladie coronaire particulièrement basse. Parallèlement à ce phénomène, la ration alimentaire des Français comporte une quantité élevée en graisses totales (saturées, mono et poly-insaturées : 36 à 39% des calories) et en acides gras saturés (15% des calories).
 
Quels peuvent être les facteurs nutritionnels à l’origine d’une protection relative de la population française ou d’autres populations (Espagne, Portugal ou Italie) ? Face à cette problématique, la notion de risque cardiovasculaire global s’est progressivement imposée dans le domaine cardiovasculaire. Des études ont ainsi montré le caractère néfaste des acides gras « trans » et l’intérêt d’une consommation régulière d’acides gras mono ou polyinsaturés. D’autres marqueurs de risque, tels que l’activité physique ou le statut psychosocial, sont également associés aux modes alimentaires.
 
Ce qui se cache sous le terme de nutrition cardio-protectrice regrouperait en fait de nombreuses interactions dans la population considérée entre les facteurs de risque classiques, les habitudes de vie et le contexte géographique et social.
 
Les études sur la maladie coronaire ont su, en quelques années, éclairer certains aspects complexes de l’athérosclérose. L’impact mitigé des études d’intervention centrées sur les graisses, la notion de « Paradoxe Français » et les résultats spectaculaires des études d’intervention récentes (régime méditerranéen) ont montré que la nutrition dans sa globalité pouvait influencer l’évolution de la maladie coronaire. Enfin, si la nutrition veut s’appliquer au plus grand nombre, elle doit tenir compte des réalités propres à chaque pays et en particulier des réalités culturelles profondément ancrées dans chaque communauté.
 
Règles diététiques élémentaires

- surveillance du poids
- activité physique régulière
- abstention vis-à-vis du tabac
- consommation régulière de fruits et de légumes, produits laitiers frais poissons et viandes maigres
- consommation modérée de vin rouge

Article publié le 19/01/2015 à 03:00 | Lu 2904 fois