De l'art de manager les seniors avant la retraite : le point avec Indeed, site internet spécialisé dans l'emploi

Manage-t-on un salarié proche de la retraite de la même façon que ses collègues ? Les entreprises, qui se sont vu reprocher leur faible embauche de seniors, doivent-elles s’attendre à procéder à certains ajustements à l’approche de la date de départ en retraite de leurs salariés ? Quelle est la relation des salariés bientôt en retraite à leur travail ? Pour répondre à ces questions, Indeed a mené une étude avec OpinionWay. En voici les grandes lignes.


A l’approche de la retraite, il semblerait que les salariés aient tendance à se montrer quelque peu moins souples au travail et qu’ils tendent à réaffirmer certaines règles :
 
  • Ainsi, près des deux-tiers (64%) des salariés seniors refuseraient plus systématiquement des tâches supplémentaires ou pensent qu’ils les refuseraient plus probablement
  • 64% accepteraient également moins bien les critiques et remarques négatives
  • Près de la moitié (48%) estiment qu’ils pourraient devenir plus difficiles à manager
  • et 46% font (ou prévoient de faire) moins d’heures de travail.
 

De leur côté, les responsables d’équipes observent aussi cette tendance :
 
  • Près des trois-quarts (73%) auraient déjà constaté –au moins de temps à autre– une tolérance moindre de leurs salariés les plus âgés aux critiques
  • 72% ont déjà assisté à des refus de faire certaines tâches supplémentaires
  • Près des deux-tiers (64%) auraient déjà eu affaire à des salariés devenant plus difficiles à manager (et 26% disent que la plupart des « bientôt-retraités » le sont)
  • Enfin, ils sont 64% à faire état de cas de “démotivation au travail” et 61% ont observé que certains salariés de cette tranche d’âge se montraient même moins vigilants dans leurs tâches et leurs missions.
 
Faut-il donc se résoudre à ces constats négatifs et attendre que ces salariés partent en retraite ? Non, certainement pas.
 
A l’exception de 19% de répondants qui voudraient ne rien modifier aux missions de ces salariés ou ne savent pas s’il le faudrait, la grande majorité des encadrants interrogés estiment que les postes des salariés approchant la retraite doivent être aménagés.
 
  • Près du tiers (32%) procède à ces ajustements l’année qui précède la date fatidique
  • La moitié des responsables d’équipe sont d’ailleurs en faveur d’une réduction de la charge de travail plusieurs années avant la retraite – compteraient-ils sur une moindre “usure” de ces salariés, favorisant un départ plus tardif ?
 

Dans les faits en tout cas, les postes de ces salariés ont déjà tendance à évoluer vers davantage de transmission :
 
  • Une large majorité (87%) des managers estime qu’ils prennent le temps de former leurs collègues pour qu’ils puissent reprendre leurs tâches et missions après leur départ
  • Près des trois-quarts (73%) des responsables trouvent d’ailleurs que c’est aux futurs retraités de former les personnes qui hériteront de leurs tâches et missions.

 
Cette étude révèle également que la période précédant la retraite s’avère propice à des négociations ou à l’octroi d’avantages par l’employeur :
 
  • 82% des responsables d’équipe estiment par exemple qu’il est normal d’accorder une augmentation à un collaborateur quelques mois avant sa retraite pour lui permettre de bénéficier d’une meilleure pension de retraite.
  • 76% pensent qu’il faut permettre aux salariés de cumuler leurs derniers congés avant leur départ à la retraite pour leur permettre de partir plus tôt. 88% des salariés de plus de 50 ans partagent d’ailleurs ce point de vue.

 
Dans certains cas, la date de départ en retraite du salarié fait elle-même l’objet d’une négociation :

 
  • 41% des salariés seniors envisagent d’utiliser leur départ en retraite comme levier de négociation avec leur employeur pour obtenir ce qu’ils souhaitent, en concédant par exemple d’avancer ou de reculer la date de leur départ.
  • 24% des managers ont déjà essayé de convaincre un collaborateur de retarder son départ en retraite
  • A l’inverse, ils sont 19% à avoir entamé une discussion avec leur collaborateur pour l’inciter à anticiper son départ.
 

Lorsque le dialogue est rompu avec leur employeur concernant leur date de départ en retraite, ou quand celle-ci n’est tout simplement pas anticipable autant qu’ils le souhaiteraient, certains salariés franchissent le pas de demander un arrêt maladie à leur médecin.
 
Ainsi, près du tiers (31%) des seniors y songe ou pourrait y songer pour éviter d’avoir à travailler jusqu’à l’âge de départ minimum, tout en bénéficiant du statut de salarié jusqu’à la date leur permettant de partir à taux plein.
 
De leur côté, 57% des responsables d’équipe ont déjà suspecté un ou plusieurs de leurs salariés d’avoir eu recours à ce type d’arrêt maladie « de convenance », une statistique plus haute que ce que semble être la véritable ampleur de cette pratique.
 
Les managers verraient-ils d’un œil trop suspicieux les arrêts maladie prescrits aux salariés approchant de la retraite ?


 
*L’étude a été menée par OpinionWay pour Indeed en juillet et août 2023 auprès de :
 
  • 529 salariés en poste âgés de 50 ans ou plus. Cet échantillon est représentatif de la population des salariés (des secteurs privé et public) d’entreprises de 20 salariés et plus, âgés de 50 ans et plus ;
  • et 500 salariés-encadrants ayant des départs à la retraite dans leur équipe (passés ou à venir à court/moyen terme), issus d’un échantillon représentatif de la population des salariés (des secteurs privé et public) d’entreprises de 20 salariés et plus, âgés de 18 ans et plus.

Publié le 10/10/2023 à 01:00 | Lu 3101 fois