Covid-19 : et pourquoi pas un "vaccin passif" ?

Les patients guéris du COVID-19 continuent de produire des anticorps contre le coronavirus en les conservant comme une « mémoire immunologique durable ». Le laboratoire du docteur. Ziv Shulman du département d’immunologie de l’institut Weizmann des Sciences recrute des patients guéris, copie les informations stockées dans leurs cellules immunitaires et reproduit in vitro les anticorps contre le virus. Ces anticorps pourraient éventuellement servir de médicament pour traiter les cas graves de maladie liée au coronavirus.


Ce « vaccin passif » pourrait être injecté aux patients, ou constituer la base du développement d’un  traitement préventif pour les populations à risque, y compris les équipes médicales qui sont en contact direct avec les patients ou les personnes âgées, qui souvent ne répondent pas bien aux vaccins actifs standard.
 
Les anticorps –protéines qui reconnaissent le virus et l’attaquent– sont fabriqués dans des cellules immunitaires spécialisées. Les chercheurs ont donc d’abord isolé ces cellules chez des patients guéris du COVID-19, puis séquencé les instructions génétiques responsables de la production de ces anticorps.
 
Le programme génétique nécessaire pour fabriquer ces anticorps est ensuite injecté en laboratoire dans des cellules qui peuvent alors en produire en grande quantité. Les anticorps ainsi produits sont ensuite testés en laboratoire sur différents systèmes afin d’évaluer leur capacité à prévenir l’invasion virale et à protéger le corps contre le coronavirus.
 
Ces anticorps fabriqués par « copier-coller » ont un net avantage sur ceux développés dans d’autres laboratoires car l’original a déjà prouvé sa capacité à neutraliser le virus dans le corps des patients. Ces anticorps sont également considérés comme sans danger car ils ont déjà été sélectionnés par le système immunitaire d’un patient. Ils sont donc peu susceptibles d’entraîner des effets secondaires préjudiciables dans le corps, comme de se lier aux cellules et de les détruire à la place du virus.
 
En plus de la production d’anticorps, les connaissances accumulées dans le laboratoire du docteur Shulman sur la nature des anticorps neutralisant le coronavirus et leur mode d’action peuvent également permettre de tester de nouveaux vaccins qui inciteront l’organisme à produire ses propres anticorps neutralisants.
 
D’autres recherches dans ce laboratoire visent à décoder l’activité du système immunitaire dans les tissus muqueux –une étape importante pour développer des vaccins administrés par voie orale ou via le système respiratoire.
 
Ces vaccins peuvent offrir une meilleure protection contre les agents pathogènes qui, comme le coronavirus, pénètrent dans le corps à travers les muqueuses du nez et de la bouche. Administrés sous forme de pulvérisation, ces vaccins sont plus faciles à utiliser et, nous l’espérons, pourraient être largement plus disponibles, augmentant ainsi les capacités de vaccination.
 
Les recherches du docteur Ziv Shulman sont financées par l’Institut Morris Kahn pour l’Immunologie Humaine, le centre intégré contre le cancer Moross, le prix Sir Charles Clore, la fondation Rising Tide, la fondation Azrieli, la fondation de bienfaisance Gerald O. Mann, les donateurs du partenariat Garvan Weizmann et la fondation Ben B. et Joyce E. Eisenberg.
 
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Publié le 02/09/2020 à 09:14 | Lu 3211 fois