Colon Day pour libérer la parole sur ce cancer et améliorer le dépistage

Le 1er mars est le « Colon Day », la Journée dédiée au cancer du côlon et surtout, à son dépistage. Pour l’occasion, les gastroentérologues vont ouvrir leurs portes gratuitement au grand public pour les informer sur la prévention et le dépistage de ce cancer. Cette année, cette journée est parrainée par le laboratoire Merck.


A quel âge survient le cancer du côlon ? Quels sont les facteurs de risque ? Comment se faire dépister? Pour répondre à toutes ces questions, les gastroentérologues accueilleront demain gratuitement les Français au cours d’une consultation dans leurs cabinets, les hôpitaux ou les cliniques. L’idée ? Sensibiliser les plus de cinquante à la prévention, aux facteurs de risque et au dépistage. Rappelons que le dépistage du cancer du côlon a commencé en 2008, en France.
 
« En Allemagne, le dépistage a débuté en 1974 ; nous sommes relativement en retard. Au fil des années, nous constatons que les personnes que nous recevons en consultation se posent davantage de questions sur les risques, les méthodes de dépistage, le test à domicile… Cependant, le niveau d’adhésion au dépistage national n’est que de 30%, ce qui est faible et insuffisant pour avoir un réel impact en termes de santé publique. Pour avoir une campagne de dépistage efficace, nous devons atteindre un taux d’adhésion de 50% », indique le Dr Eric Vaillant, gastroentérologue, hépatologue à Lille et initiateur de ce projet. 
 
Le cancer du côlon reste une pathologie encore taboue dont il est difficile de parler avec son entourage. Contrairement au cancer du sein qui est un sujet beaucoup plus libéralisé et traité par les médias, le cancer du côlon est toujours délicat à aborder. Pas toujours simple de parler de son "derrière"... « Dans les familles, rares sont les personnes qui parlent de leur dernière coloscopie et de leur ablation de polypes. Or, ces informations sont cruciales pour pouvoir prendre en charge les personnes à risque élevé », indique le Dr Eric Vaillant.
 
De fait les individus à surveiller de près sont ceux qui présentent des facteurs de risque héréditaire. Par exemple, le syndrome de Lynch -forme héréditaire de cancers colorectaux- est responsable d'environ 2 à 3% de l'ensemble des cancers colorectaux : « les individus qui en sont atteints ont autour de 70% à 100% de risque de développer un cancer du côlon, soit un risque très élevé. Puis, vous avez les personnes à risque élevé qui ont un cas de cancer sur une génération » explique encore le Dr Eric Vaillant.
 
Un dépistage par coloscopie est alors absolument indispensable afin de détecter le plus précocement possible la présence de lésions cancéreuses et de les retirer. « Les polypes supprimés au cours d’une coloscopie permettent de réduire le risque de survenue d’un cancer du côlon de 90% », affirme le Dr Eric Vaillant.
   
Outre les facteurs héréditaires, certains risques environnementaux clairement identifiés augmentent le risque de développer un cancer colorectal. « Tabagisme, consommation excessive d’alcool, alimentation déséquilibrée, prise de poids et manque d’activité physique sont clairement impliqués dans le risque de développer un cancer du côlon », alerte le Dr Eric Vaillant.
 
Initialement, sur les 16 millions de Français âgés de 50 à 74 ans - et non à risque - invités à participer au programme de dépistage national du 1er janvier 2013 au 31 décembre 2014, seulement 5 millions avaient réalisé un test, soit un taux de  participation de 29,8 %, bien inférieur à l’objectif européen minimal acceptable de 45 %. Pourtant, la mise en place du dépistage par détection de sang dans les selles avait permis de réduire de 15% à 20% la mortalité par cancer du côlon.
 
Depuis avril 2015, les nouveaux tests immunologiques mis à disposition notamment auprès des médecins généralistes facilitent le dépistage car ils sont :
- simples d’utilisation. Ils ne nécessitent plus qu'un seul prélèvement de selles contre six précédemment. Pour le Dr Eric Vaillant, « le dispositif permettant de récupérer les selles sans avoir à les manipuler est un avantage important de ce test immunologique. »
- plus performants. « Le nouveau test immunologique a une sensibilité de 70% à 80% contre 50% pour le test précédent », ponctue le Dr Eric Vaillant.  « Il est encore trop tôt pour déterminer le taux d’adhésion des Français à ces nouveaux tests. Il faudra attendre fin 2016 pour se faire une idée, mais nous espérons que la facilité d’utilisation sera bénéfique au dépistage du cancer du côlon. Une surveillance régulière, tous les deux ans, avec ces tests permet de réduire de manière importante la survenue du cancer colorectal, un cancer évitable. En Allemagne et aux Etats-Unis, l’incidence de ce cancer baisse de 3 à 4% par an. En France, nous avons encore des efforts à fournir mais avec une bonne connaissance des symptômes, des facteurs de risque et un bon dépistage, nous devrions y arriver ».  
 
Rappelons que le cancer du côlon est le troisième cancer le plus fréquent et le deuxième cancer le plus mortel avec 17.500 décès en 2012. Retrouvez toutes les informations sur le « Colon Day » et la liste des gastroentérologues mobilisés près de chez vous sur www.colon-day.fr   

Publié le 29/02/2016 à 10:58 | Lu 1620 fois