Cancers héréditaires : un sujet d'inquiétude pour les Français

A l’occasion de la Journée Mondiale contre le Cancer, le 4 février prochain, la Fondation de l’Avenir et la Mutuelle d’Action Sociale des Finances Publiques (Masfip) ont présenté les résultats de l’étude réalisée par Viavoice évaluant le niveau de connaissances des Français sur les cancers favorisés par des prédispositions génétiques ainsi que leur perception sur ce sujet. Une première en France. En voici les principaux résultats.


D’après cette étude, la majorité (79%) des Français considère qu’on n’évoque pas assez les cancers à prédispositions génétiques et de fait, ces pathologies constituent pour eux, clairement, un sujet d’inquiétude... En effet, pratiquement les deux-tiers (62%) des sondés déclarent être inquiets à l’idée de présenter des prédispositions génétiques favorisant un cancer au sein de leur famille.
 
« Le cancer fait toujours peur au grand public indique le Professeur Yves-Jean Bignon, onco-généticien au Centre de lutte contre le cancer Jean Perrin de Clermont-Ferrand. Même si les gens meurent moins du cancer qu’il y a dix ans grâce aux progrès de la recherche, cette maladie reste mortelle et les traitements pour la combattre sont toxiques avec des effets secondaires multiples altérant la qualité de vie des malades. Les personnes présentant un risque héréditaire de cancer sont d’autant plus angoissées ».
 
Dans ce contexte, six Français sur dix indiquent pouvoir parler aisément de ces prédispositions génétiques et de ces cancers auprès de leur entourage familial ; 87% seraient même prêts à se faire dépister si des prédispositions génétiques de cancers existaient dans leur famille. Comme souvent dans ce genre de situation, les femmes semblent d’ailleurs plus enclines à le faire (54% contre 43% des hommes).
 
« Les personnes se présentant aux consultations oncogénétiques sont motivées avant tout par leur descendance et ne souhaitent pas que l’histoire familiale se répète pour les générations suivantes. Elles sont donc demandeuses de dépistage » poursuit le Pr Yves-Jean Bignon. Et de préciser : « les femmes et les hommes venant en consultation souhaitent tous se faire dépister mais les hommes sont peu à venir. Cette absence de consultation masculine n’est pas liée à l’oncogénétique mais est plus globale. Les hommes prennent moins en considération leur santé que les femmes, soit par pudeur, soit par fierté mal placée et ils en parlent peu avec leurs amis ou leur entourage contrairement aux femmes ».
 
D’une manière générale, les cancers favorisés par des prédispositions génétiques transmissibles à la descendance ne sont pas inconnus du grand public. En effet, plus des deux-tiers des Français (69%) affirment en avoir déjà entendu parler. Quant aux onco-généticiens, spécialistes de ces cancers, un quart des personnes interrogées connait leur existence ; un score plutôt positif compte tenu de la confidentialité de ce métier.
 
« La France a été parmi les premiers pays au monde à mettre en place une activité d’oncogénétique, à la fois clinique et de diagnostic biologique. En 2003, avec le premier Plan Cancer, la France a été le premier pays à structurer la prise en charge en oncogénétique et à faire connaître cette spécialité au grand public » précise encore le Pr Yves-Jean Bignon.
 
Cependant, le grand public a tendance à surévaluer le facteur héréditaire de certains cancers féminins tels que le cancer de l’utérus, qui n’est en réalité concerné par l’hérédité qu’au niveau de l’endomètre. En effet, la moitié des Français imagine que ce cancer est d’origine génétique alors qu’il n’est a priori favorisé par aucun facteur héréditaire. Un tiers des sondés déclare que les cancers d’origine génétique touchent plus souvent les femmes. Le facteur génétique fort et répandu du cancer du sein pourrait avoir une influence sur les perceptions des Français vis-à-vis des autres cancers féminins et des cancers d’origine génétique en général. « Les Français ne comprennent pas ce qu’est l’hérédité. Il y a un gros effort pédagogique à réaliser » insiste le Pr Yves-Jean Bignon.
 
Toutefois, « les Français ont raison de penser que les cancers d’origine génétique sont peu abordés. Les médecins, notamment les spécialistes comme les gastroentérologues, doivent s’informer sur les risques héréditaires de cancer pour ensuite diriger leurs patients vers un onco-généticien si nécessaire. Par ailleurs, l’information du grand public sur ces cancers d’origine génétique par les médias est absolument primordiale. La forte médiatisation de la double mastectomie et de l’ablation préventive des ovaires de l’actrice américaine, Angelina Jolie, a eu des effets positifs sur la prise en charge oncogénétique de ces cancers » conclut le Pr Yves-Jean Bignon.

Publié le 25/01/2016 à 01:00 | Lu 2233 fois



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