Cancer : la moitié des pays du monde ne sont pas prêts à les prévenir ni les prendre en charge

Alors qu’avait lieu cette semaine la Journée Mondiale contre le Cancer, maladie dont la lutte progresse en France, plus de la moitié des pays du monde ont du mal à prévenir les cancers et à dispenser un traitement et des soins chroniques aux malades selon une enquête menée par l'Organisation Mondiale de la Santé. Le point avec le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC).


Aujourd'hui, cet état de fait se traduit par l'absence, dans de nombreux pays, de plan fonctionnel de lutte contre le cancer qui englobe la prévention, la détection précoce, le traitement et les soins.

Pour le CIRC, il est urgent d'aider les pays à réduire la mortalité associée au cancer et d'apporter un traitement et des soins appropriés sur le long terme pour éviter la souffrance et sauvegarder en même temps le développement socio-économique.

Rappelons que le cancer est l'une des causes majeures de décès dans le monde. Au total, 7,6 millions de personnes sont décédées d'un cancer sur la planète en 2008 et l'on diagnostique chaque année près de 13 millions de nouveaux cas de cette maladie.

Déjà, plus des deux tiers de ces nouveaux cas et de ces décès surviennent dans les pays en développement, là où l'incidence du cancer augmente à une vitesse alarmante. La recherche montre que, actuellement, un tiers de tous les décès par cancer sont imputables à des facteurs de risque évitables comme le tabagisme, l'obésité, l'usage nocif de l'alcool et diverses infections. Pourtant, de nombreux types de cancer comme le cancer du sein, le cancer du col utérin et le cancer colorectal, s'ils sont décelés tôt… peuvent être guéris.

« Nulle part au monde le cancer ne doit plus être une condamnation à mort, car nous disposons de moyens éprouvés pour prévenir et guérir un grand nombre de ces cancers » explique le Dr Oleg Chestnov, sous-directeur général chargé des maladies non transmissibles et de la santé mentale à l'OMS. « Pour limiter l'exposition aux facteurs de risque de cancer et faire en sorte que toutes les personnes vivant avec le cancer aient accès aux soins et aux traitements appropriés, il convient de mettre en place dans tous les pays des programmes complets de lutte contre le cancer ».

La récente enquête menée sur les capacités nationales de lutte contre les maladies non transmissibles, qui a rassemblé les réponses de 185 pays, a mis au jour d'importantes lacunes dans la planification de la lutte et des services contre le cancer. Même si certains pays ont élaboré des plans ou des politiques ciblant le cancer, nombre d'entre eux ont du mal à passer de l'engagement à l'action. Souvent, ces plans ne sont pas intégrés aux plans sanitaires et développementaux plus globaux au niveau national.

En plus, de nombreux pays ne disposent pas des capacités institutionnelles ni du leadership décisif qui assureraient un financement suffisant de la lutte contre le cancer au niveau national. Seuls 17% des pays africains et 27% des pays à faible revenu ont des plans de lutte contre le cancer dotés d'un budget pour assurer sa mise en oeuvre.

En outre, moins de 50% des pays disposent de registres du cancer dans la population. Ces registres sont essentiels pour rassembler des informations de qualité sur le nombre et le type des cancers, permettant ainsi de mettre au point des politiques nationales efficaces de lutte contre le cancer, de les mettre en oeuvre puis de les évaluer.

Récemment, l'engagement politique des dirigeants du monde entier pour s'attaquer au cancer a gagné de l'ampleur, et s'est traduit par des discussions au niveau national pour financer les traitement et les soins que nécessite le cancer par une augmentation des taxes sur le tabac et l'alcool, deux facteurs de risque connus pour certains cancers.

Pour permettre aux Etats membres d'évaluer leur fardeau du cancer et de recueillir des données fiables, le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC), l'organe de recherche sur le cancer de l'OMS, a lancé l'Initiative mondiale pour le développement des registres du cancer dans les pays à revenus faibles et intermédiaires (GICR) qui est soutenue par de nombreux partenaires internationaux, régionaux et nationaux.

Le premier pôle régional a été lancé à Mumbai, en Inde, en 2012 et le second, à Izmir, en Turquie, sera opérationnel en 2013. De plus, le Réseau africain des registres du cancer s'est considérablement développé au cours de l'année dernière pour offrir un soutien indispensable aux registres dans tout le continent.

« Cette initiative vient épauler principalement les pays qui n'ont pas les ressources nécessaires pour lutterefficacement contre un fardeau de cancer en rapide augmentation”, explique le Dr Christopher Wild,Directeur du CIRC. “Disposer de meilleures données sur l'incidence du cancer permettra aux gouvernements de tirer le meilleur parti de leurs ressources limitées et de cibler les fonds et les activités là où ils sont le plus nécessaires ».

Les registres du cancer aideront les pays à mesurer l'un des indicateurs fixés par l'accord cadre de l'OMS de surveillance mondiale pour la prévention et la lutte contre les maladies non transmissibles. Ce cadre, qui sera proposé à l'adoption par les Etats membres lors de l'Assemblée mondiale de la Santé en mai, comprend neuf objectifs mondiaux et 25 indicateurs pour prévenir et lutter contre les principales maladies non transmissibles, dont le cancer.

Il encourage les Etats membres à mesurer l'incidence du cancer et la disponibilité d’interventions vitales comme le dépistage du cancer du col utérin, la vaccination contre l'hépatite B et le virus du papillome humain (VPH) ainsi que les soins palliatifs pour les patients atteints de cancer. En outre, ce cadre favorise aussi la surveillance de certains grands facteurs de risque de cancer tels que le tabagisme, l'usage nocif de l'alcool et une mauvaise alimentation.

La Journée mondiale contre le cancer (4 février) est un événement annuel lancé par l'Union internationale contre le cancer, qui fait appel aux personnes, aux organisations et aux organismes gouvernementaux du monde entier pour s'unir dans la lutte contre l'épidémie de cancer dans le monde. Cette année, la campagne met l'accent sur l'amélioration des connaissances générales sur le cancer pour dissiper les idées fausses sur la maladie.

Publié le 08/02/2013 à 09:27 | Lu 652 fois