Cancer du rein : deux années de survie de gagnées en quatre ans de progrès médical

A l’occasion de la Journée Mondiale du Rein qui se tient aujourd’hui, l’Association pour la Recherche sur les Tumeurs du Rein (ARTuR) -en partenariat avec le laboratoire Pfizer France- a souhaité donner de la visibilité au cancer du rein ainsi qu’aux progrès accomplis ces dernières années dans sa prise en charge.





Le cancer du rein est la plus fréquente des tumeurs solides du rein

L’incidence du cancer du rein est en constante augmentation depuis quarante ans dans tous les pays industrialisés : on compte ainsi 8.000 à 9.000 nouveaux cas chaque année en France, entraînant 3.500 décès annuels. Il existe des facteurs prédisposants : l’hypertension artérielle, l’obésité, le tabac, le sexe (l’homme est deux fois plus touché que la femme)...

Globalement, on distingue trois stades de la maladie : stade localisé au rein ; stade plus avancé avec, du fait de la taille importante de la tumeur, une extension des cellules cancéreuses aux ganglions ou aux organes du voisinage (foie, rate, intestin) ; et enfin, stade métastasé avec propagation des cellules cancéreuses à distance.

Le cancer du rein métastatique est une maladie de mauvais pronostic qui se traduit par un taux de survie à cinq ans faible. En effet, seuls 0 à 10% des patients atteints de cancer du rein métastatique seront en vie 5 ans après le diagnostic de leur cancer.

Cancer du rein métastatique, un doublement de la survie sans progression de la maladie

Les progrès thérapeutiques, très importants ces dernières années, se mesurent actuellement en termes d’allongement de la survie. De fait, avec un arsenal thérapeutique en pleine évolution, la survie sans progression a plus que doublé. C’est désormais une pathologie que l’on peut contrôler sur un plus long terme et avec laquelle le patient doit apprendre à vivre.

Aujourd’hui, la prise en charge et le pronostic de cette maladie sont optimisés grâce aux différents progrès qui ont émergé ces quatre dernières années, que ce soit sur le plan chirurgical ou médical. Cependant, la stratégie chirurgicale et thérapeutique doit être adaptée au cas de chaque patient et résulter d’une concertation rapprochée entre l’urologue et l’oncologue qui suivent le malade.

Les progrès de la prise en charge chirurgicale

Maladie silencieuse, les tumeurs du rein sont découvertes fortuitement dans 60 à 70% des cas, à l’occasion d’une échographie ou d’un scanner abdominal. Les trois-quarts des tumeurs découvertes le sont à un stade localisé. Dans ce cas, le traitement chirurgical est prescrit. Concrètement, il s’agit de l’ablation (néphrectomie) totale ou partielle du rein. Un choix qui dépend de la taille de la tumeur et des facteurs associés (localisation, âge, pathologies associées, etc.)

« Aujourd’hui, la néphrectomie totale s’effectue par coelioscopie. En ce qui concerne, la néphrectomie partielle, la coelioscopie est souvent plus difficile à réaliser. L’avenir sera certainement dans la chirurgie robotique » explique le Pr. Arnaud Mejean, chirurgien urologue, Hôpital Necker, Paris. Les bénéfices de la néphrectomie totale par voie coelioscopique -par rapport à la chirurgie ouverte- sont clairement établis avec une diminution de la douleur post-opératoire, du séjour hospitalier et un retour à la vie active plus rapide. Pour les petites tumeurs (3 cm-3,5 cm), on dispose d’alternatives à la chirurgie. Deux autres techniques ablatives peuvent ainsi être proposées : la radiofréquence et la cryoablation par voie transcutanée.

« Ces techniques sont réservées à des cas très particuliers : les patients âgés, les patients pour lesquels les risques chirurgicaux sont trop importants, les tumeurs récidivantes… » souligne encore le Pr Arnaud Mejean. Lorsque les patients ont des tumeurs à un stade localement avancé, ils ont généralement des symptômes douloureux, des hématuries (perte de sang dans les urines). « Pour ces patients, ainsi que pour ceux qui ont des grosses adhérences rendant l’ablation chirurgicale difficile et incomplète, on peut proposer un traitement anti-angiogénique avant la chirurgie afin d’obtenir une réduction tumorale. De nombreuses études vont dans ce sens. Enfin, en ce qui concerne les patients qui ont des tumeurs métastatiques d’emblée, un essai de phase III (CARMENA) est en cours actuellement, comparant la néphrectomie suivie d’un traitement anti-angiogénique (sunitinib) à ce traitement anti-angiogénique seul » explique le Pr Arnaud Mejean.

De nos jours, l’avènement de médicaments anti-angiogéniques a ouvert de nouvelles stratégies thérapeutiques. Les patients sont traités avec une combinaison de traitements (chirurgie et/ou anti-angiogéniques). Ces derniers produisent des effets indésirables de toxicité majoritairement mineure ou modérée. Certains s’administrent même par voie orale, facilitant ainsi l’accès au traitement.

Les progrès médicaux se comptent en années de survie

« Nous rentrons dans une nouvelle ère de thérapies ciblées. La vision du chirurgien est résolument optimiste car aujourd’hui, nous avons à notre disposition de nombreuses armes qui peuvent faire diminuer les tumeurs primaires ou métastatiques » conclut le Pr Arnaud Mejean.

Les médicaments anti-angiogéniques

Les médicaments anti-angiogéniques (anti-VEGF) sont des thérapies ciblées, aujourd’hui utilisées dans le traitement de plusieurs types de cancers à des stades avancés et leurs indications ne cessent de s’élargir.

Le principe
L’angiogénèse est le processus qui conduit à la formation de nouveaux vaisseaux qui viennent nourrir la tumeur et favorisent ainsi sa croissance. Le facteur de croissance de l’endothélium vasculaire (VEGF) joue un rôle capital dans ce processus. En inhibant le VEGF ou son récepteur, on bloque donc la croissance et la dissémination des tumeurs.

Les avantages
Par rapport aux thérapies anticancéreuses classiques, les médicaments anti-angiogéniques offrent plusieurs avantages, notamment une spécificité d’action anti-tumorale et des effets indésirables de moindre sévérité. En termes d’efficacité clinique, ils démontrent une amélioration de la survie sans progression tumorale.

Certains de ces traitements s’administrent par voie orale, favorisant ainsi la prise en charge du cancer du rein métastatique à domicile, tout en facilitant l’accès au traitement et le maintien d’une vie sociale et familiale.

Vers une prise en charge personnalisée

La découverte de nouvelles cibles et notamment la meilleure compréhension du rôle de l’angiogénèse, a complètement bouleversé la prise en charge médicale du cancer du rein. « Une des premières tumeurs pour laquelle on a pu mettre en évidence le rôle du facteur de croissance endothélial (VEGF) a été le cancer du rein. Le VEGF est surexprimé à des taux très importants dans le cancer du rein, encore plus que dans d’autres tumeurs » déclare le Dr Bernard Escudier (oncologue, Institut Gustave Roussy, Villejuif).

La prise en charge du cancer du rein métastatique a été transformée depuis quatre ans, par l’arrivée de nouveaux traitements. D’autres molécules prometteuses sont actuellement en cours d’évaluation. « En quatre ans cinq molécules ont été mises à notre disposition, c’est unique en cancérologie ! » commente le Dr Bernard Escudier. Et d’ajouter « Ces molécules font non seulement régresser les tumeurs, mais elles permettent aussi d’obtenir un meilleur contrôle de la maladie, une absence de progression sur un plus long terme et une amélioration de la survie globale démontrée. Alors, qu’on observait classiquement, une durée médiane de survie égale à 12-15 mois, on atteint aujourd’hui 2-3 ans, et ces chiffres ne feront qu’augmenter. »

La plupart du temps, ces traitements ont un profil de tolérance acceptable et les patients peuvent continuer à avoir une activité quasi-normale. « Ces traitements sont à prendre à vie et se pose le problème au long cours de la toxicité chronique… Ces traitements ont également un coût très important. Il se pose aussi de nombreuses questions quant au choix de la meilleure séquence de traitement pour un patient. Des études en cours ont pour objectif de définir le profil des patients qui devront bénéficier d’un médicament plutôt que d’un autre » explique encore le Dr Bernard Escudier.

L’avenir s’oriente vers un « traitement à la carte ». Le choix du traitement se ferait alors en fonction du biomarqueur exprimé par la tumeur....

Vécu patient : l’amélioration de la qualité de vie

En 2003, Michel R. (53 ans) découvre du sang dans ses urines. Il passe un écho-doppler sans tarder et le diagnostic tombe : tumeur maligne au rein gauche. Il est opéré très rapidement et le bilan d’extension ne montrant rien ailleurs, il reprend sa vie normale et son travail d’entrepreneur. Au bout de deux ans, lors d’un scanner de contrôle, on lui découvre une métastase secondaire à son cancer du rein.

« C’est alors que mon oncologue, m’a proposé un nouveau traitement qui bloque les vaisseaux nourriciers des tumeurs (anti-angiogénique) par voie orale. Le traitement se prend facilement par cycle de plusieurs semaines. J’ai été prévenu des effets secondaires. Ce qui m’a gêné momentanément c’était la perte de goût qui est survenue après 5 à 6 cycles. Je n’appréciais plus la nourriture... Heureusement, le goût est revenu après une dizaine de cycles. Ce médicament a été très efficace sur la régression des métastases, observée dès le premier examen de contrôle. C’était, il y a deux ans. Aujourd’hui, tout va bien, je poursuis mon traitement anti-angiogénique, mais à dose plus faible et les effets secondaires sont bien diminués. Bien entouré par mes proches, j’ai toujours gardé le moral et je me suis occupé l’esprit par le travail. Je ne me suis jamais arrêté. Il ne faut jamais baisser les bras. Nous avons beaucoup de chance en France, de pouvoir bénéficier de ces nouveaux traitements » témoigne Michel R.

L’Association ARTuR

L’Association pour la Recherche sur les Tumeurs du Rein a été créée pour soutenir et développer la recherche sur les tumeurs du rein et leur prise en charge clinique, mais aussi pour améliorer l’information des patients et de leur famille. Dans ce but, ont été développés un site internet www.artur-rein.org donnant des informations médicales validées et claires, des rencontres patients, un forum de discussion, des actualités...

Article publié le 11/03/2010 à 15:04 | Lu 32988 fois