Café, performances cognitives et physiques chez les sujets âgés : de nouvelles pistes

De nombreuses études scientifiques se penchent sur les relations qui peuvent exister entre la consommation de café et les performances cognitives et physiques chez les aînés. Le site internet spécialisé Santetcafe.com fait le point sur ces questions, sous la direction d'Astrid Nehlig de l’Inserm U666, Faculté de Médecine de Strasbourg.





Café, cognition et démence
Au cours de la dernière décennie, des études épidémiologiques réalisées sur des populations vieillissantes ont observé que la consommation régulière de café au cours de la vie est significativement associée à un ralentissement du déclin cognitif chez les hommes mais surtout chez les femmes.

Ainsi, ces études ont rapporté une mémoire des mots et une restitution verbale meilleures chez les femmes, ainsi qu'une meilleure mémoire verbale à long terme et une rapidité motrice accrues dans les deux genres. Les effets les plus marqués ont été observés chez les femmes les plus âgées, au-delà de 80 ans. De même, la consommation modérée de café au cours de la vie retarde l'apparition de la démence et pourrait réduire le risque de développer une maladie d'Alzheimer chez le sujet âgé.

Ces effets ont essentiellement été observés avec du café normal et non avec du décaféiné, ce qui a fait attribuer les effets préventifs et pro-cognitifs du café chez la personne âgée plutôt à la caféine. Toutefois, les mécanismes sous-jacents à l'association entre la consommation de café/caféine et la prévention potentielle du déclin cognitif lié à l'âge, ainsi que l'effet variable chez les hommes et les femmes restent à clarifier.

Café, performances cognitives et physiques chez les sujets âgés : de nouvelles pistes
Une action de la caféine, mais aussi des acides chlorogéniques du café

L'étude pilote récente de Cropley et al. s'est intéressée à la composition du café et à l'effet des acides chlorogéniques (aux propriétés anti-oxydantes) sur le déclin cognitif lié à l'âge. Dans ce but, les auteurs ont analysé, chez 39 sujets (20 hommes et 19 femmes) âgés de 53 à 79 ans (âge moyen 62,5 ans), l'impact cognitif du café décaféiné standard et du café décaféiné enrichi en acides chlorogéniques.

Pour être inclus, les sujets ne devaient pas consommer plus de 8 tasses de café/jour et devaient avoir un score cognitif supérieur à 24/30 au test classique du Mini-Mental State Examination.

Les sujets étaient testés 40 min après l'absorption :
- de café soluble décaféiné (5 mg de caféine) contenant 244 mg d'acides chlorogéniques ;
- de café soluble décaféiné (11 mg de caféine) contenant 521 mg d'acides chlorogéniques :
- de café normal contenant 167 mg de caféine et 244 mg d'acides chlorogéniques ou (iv) d'un placebo.

Par comparaison avec le placebo ou le café décaféiné contenant une concentration normale d'acides chlorogéniques, le café normal riche en caféine a exercé des effets positifs marqués sur l'humeur et l'attention. A un degré moindre, le café décaféiné riche en acides chlorogéniques a également sensiblement amélioré l'humeur, diminué la fatigue mentale et les céphalées induites par les tests, et exercé un effet bénéfique sur les processus émotionnels. Ces résultats indiquent que l'administration aiguë de café décaféiné avec une teneur accrue en acides chlorogéniques peut exercer des effets positifs sur l'humeur et certains paramètres qui lui sont liés.

Une action directe de la caféine sur les neurones de l'hippocampe
Une étude préclinique réalisée chez le rat entre l'âge de 4 et 10 mois suggère un substrat neuroanatomique aux effets préventifs de la caféine sur le déclin cognitif lié à l'âge. Les rats ont quotidiennement reçu de la caféine dans leur eau de boisson à une dose correspondant à l'équivalent de 2-3 tasses de café chez l'homme. Les performances cognitives des animaux ont été comparées avant le début du traitement à l'âge de 3-4 mois et ensuite après la fin du traitement, soit à 10-11 mois.

Les auteurs ont observé que, par rapport aux animaux témoins, les rats de 10 mois exposés de manière chronique à la caféine étaient capables de maintenir leur niveau d'apprentissage non-associatif, leur activité d'exploration dans un labyrinthe en Y et leur mémoire de travail lors d'un test d'alternance exploratoire, et enfin n'avaient pas d'augmentation de leur niveau d'anxiété. L'analyse morphométrique des neurones de l'hippocampe, structure fortement impliquée dans les capacités mnésiques, a révélé que la longueur des dendrites et de leurs arborisations et la densité des épines dendritiques étaient plus élevées dans les neurones pyramidaux de l'hippocampe chez les rats exposés de manière chronique à la caféine que chez les témoins.

La caféine stimule aussi les performances physiques du sujet âgé
Parmi les autres bénéfices de la caféine chez le sujet âgé, on retrouve une action sur les performances physiques. Une revue récente vient de recenser l'effet de diverses substances ergogènes comme la caféine, la créatine, le coenzyme Q 10 et la carnitine chez le sujet âgé.

Une étude a été consacrée aux effets de la caféine sur les performances physiques du sujet âgé. Cette étude a porté sur un groupe de 30 individus, 15 hommes et 15 femmes âgés de 75 ans, qui consommaient en moyenne 486 mg de caféine par jour, soit l'équivalent de 5 tasses de café. Les sujets n'étaient pas autorisés à consommer de la caféine dans les deux jours précédant les tests. Au début de l'expérience, les participants recevaient une capsule de caféine dosée à 6 mg/kg ou un placebo, et ils étaient soumis à divers exercices 1 h plus tard. La caféine a augmenté l'endurance cycliste de 25% et l'endurance de flexion isométrique du bras de 54%. La caféine a également réduit le degré d'épuisement perçu de 11% et la stabilité posturale avec les yeux ouverts de 25%. Par contre, la caféine n'a pas affecté la force musculaire, la vitesse de marche, les temps de réaction, et de mouvement.

Donc, sur la base de cette étude, il apparaît que la caféine pourrait, en plus de ses effets pro-cognitifs améliorer les performances physiques des individus de plus de 70 ans.

Article publié le 02/04/2012 à 10:44 | Lu 2096 fois