Barabbas de Pär Lagerkvist : celui qui n’a pas cru s’y fier

Avec une imagination convaincante, Pär Lagerkvist nous plonge aux origines même du christianisme. Par le truchement de l’énigmatique Barrabas il rend compte de cette période où, comme l’indiquait André Gide « la doctrine chrétienne restait encore elle-même en formation, et (où) le dogme de la résurrection dépendait du témoignage flottant des crédules, en passe de devenir des croyants ».


On le sait, Barrabas fut gracié par Pilate lors de la fête de Pâques, il fut préféré à Jésus (Mt,15-17). Pour le reste de sa biographie, il faut s’en remettre au talent du romancier.

Il nous le montre tantôt au contact des disciples, ou parmi les brigands dont il fut le chef, ou encore avec les esclaves dont certains sont chrétiens. Ce qui frappe dans cette histoire, c’est la lumière noire qui émane du personnage. A peine approché, l’entourage se trouble et s’en méfie.

Est-ce parce qu’il « était le véritable élu, celui qui avait été relâché à la place du fils de Dieu –parce que le fils de Dieu le désirait, l’avait ordonné » ? N’est ce pas lui , in fine, qui réalisera la prédiction christique ?

Témoin privilégié de ce qui fut le plus inouï et le plus incongru, la crucifixion puis la résurrection, Barrabas balancera toute sa vie entre l’incrédulité et la hantise de croire.

Vers la fin de sa vie, à la question du juge lui demandant pourquoi il a fait graver le nom du Christ sur sa plaque d’esclave, il répond : « parce que je voudrais bien croire ». Le héros de Pâr Lagerkvist nous touche car il est au plus près de l’ineffable, quelque part dans le silence des espaces infinis…

Barabbas
Pär Lagerkvist
(traduit du Suédois par Marguerite Gay)
Editions Stock
162 pages
17 euros
Barrabas

Publié le 29/01/2009 à 09:00 | Lu 4050 fois