Aupalesens : un projet de lutte contre la dénutrition des personnes âgées…

Le projet Aupalesens, co-labellisé par les pôles de compétitivité Vitagora et Valorial, porté par Virginie Van Wymelbeke, docteur en nutrition de la personne âgée au Centre Gériatrique de Champmaillot, à Dijon, a été retenu dans le cadre de l’appel à projets du programme de recherche en Alimentation et Industries Alimentaires (ALIA) de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR). Son but : mieux connaître les changements qui apparaissent au cours du vieillissement et en particulier, ceux qui mènent aux premiers signes de malnutrition…





Regroupant neuf partenaires, ce projet, d’une durée de quatre ans, s’inscrit dans la démarche du Programme National Nutrition Santé (PNNS2) dont l’un des dix objectifs spécifiques est de « prévenir, dépister, limiter la dénutrition des personnes âgées ».

Plus concrètement, son objectif est de parvenir à mieux connaître les changements qui apparaissent au cours du vieillissement, et en particulier ceux qui mènent aux premiers signes de malnutrition.

Tout d’abord, rappelons que l’avancée en âge est associée à un déclin des capacités olfactives et gustatives, à une diminution des capacités physiques pouvant impacter sur le comportement alimentaire, et enfin, à des modifications métaboliques et du système immunitaire. « Plusieurs études l’ont montré » rappelle le communiqué de Vitagora. Et d’ajouter : « affaiblissant l’organisme et limitant la capacité d’adaptation entre besoins nutritionnels et apports alimentaires, ces changements peuvent alors conduire à des déséquilibres, voire une malnutrition ».

Soulignons également que la Malnutrition Protéino-Energétique (MPE), qui favorise le déficit immunitaire, majore les infections, augmente les risques de chutes et accroît le nombre de fractures, entraînant ainsi une augmentation du nombre et de la durée des hospitalisations et une aggravation de la dépendance, touche jusqu’à 10% des seniors vivant à domicile, 50% de ceux qui résident en institution et de 30 à 70% de la population hospitalisée.

Des statistiques d’autant plus préoccupantes quand on sait que la France compte aujourd’hui plus de 20 millions de personnes de plus de 50 ans, ce qui représente 35% de sa population. Qui plus est, on estime qu’en 2050, il y aura deux fois plus de personnes âgées de plus de 60 ans, trois fois plus de personnes de plus de 70 ans, alors que les plus de 80 ans seront quatre fois plus nombreuses

C’est dans ce contexte que le projet Aupalesens va être lancé, « un projet unique en son genre », souligne Virginie Van Wymelbeke. « Son originalité est de ne pas dissocier sensorialité et nutrition afin d’essayer de mieux comprendre comment l’avancée en âge peut entraîner la dénutrition », précise-t-elle.

Au cours d’une première phase, le projet prendra la forme d’une enquête, réalisée auprès d’une population de seniors classés en différentes catégories en fonction de leur localisation et de leur degré d’autonomie ou de dépendance. Population cible : les plus de 65 ans. Néanmoins, Aupalesens s’intéressera également aux jeunes seniors âgés d’environ 55 ans. Il est important en effet de pouvoir caractériser cette population afin de voir s’il existe des facteurs spécifiques dans la façon de vivre de ces personnes qui pourraient entraîner une dénutrition.

Les résultats fournis par cette enquête permettront d’entamer une seconde phase. « Nous travaillerons alors à l’amélioration de la prise alimentaire, que ce soit en optimisant le produit lui-même ou plus généralement en offrant à la personne âgée la possibilité de se réapproprier son repas », résume la spécialiste dijonnaise.

Les laboratoires et les industriels partenaires du projet seront amenés à améliorer des produits existants, voire à en concevoir de nouveaux. « Nous allons nous intéresser notamment à la texture des aliments, l’objectif étant de concevoir des produits plus particulièrement adaptés à des personnes âgées dont l’ensemble de l’appareil buccal et pharyngé ne fonctionne plus normalement ». Il s’agira ensuite de vérifier si ces nouveaux produits ou ces produits modifiés, et la réappropriation des repas permettent d’optimiser le plaisir, qui plus est d’augmenter la prise alimentaire.

Restera enfin à valoriser les résultats obtenus, notamment sous la forme de diverses recommandations, tant auprès des professionnels (praticiens, soignants, aides familiaux et professionnels) que des différents organismes concernés (ministère de la Santé, Direction Générale de la Santé, AFSSA, Assurance Maladie …).

Affaire à suivre…

Article publié le 15/10/2009 à 09:10 | Lu 14161 fois