Anévrismes de l'aorte abdominale en France : vers un dépistage des hommes seniors

Dans un récent communiqué, la Haute Autorité de Santé préconise la mise en place d'un dépistage ciblé par écho-doppler chez les personnes à risque. Plus concrètement, le médecin le proposerait ainsi une fois aux hommes entre 65 et 75 ans fumeurs ou ayant été fumeurs ainsi qu'aux hommes entre 50 et 75 ans présentant des antécédents familiaux. Détails.


L'anévrisme de l'aorte abdominale sous-rénale (AAA) est une dilatation permanente de l'aorte abdominale dans sa portion sous-rénale dont les conséquences, en cas de rupture anévrismale, peuvent être fatales.

Ainsi, en 2009-2010, un tiers (34%) des patients opérés en France d'un AAA rompu sont décédés alors qu'ils ne sont que 3% des patients opérés en cas d'AAA non rompu.

Sur cette même période, l'incidence des anévrismes diagnostiqués et opérés était comprise entre 6.000 et 7.000 AAA par an, avec une augmentation de 29% du nombre d'opérations d'anévrisme de l'aorte abdominale entre 2006 et 2010. C'est dans ce contexte que la Haute Autorité de Santé (HAS) a évalué la pertinence de la mise en place d'un dépistage de cette pathologie dans la population française.

L'anévrisme de l'aorte abdominale sous-rénale touche majoritairement les hommes avec un ratio d'une femme pour treize hommes. Il survient le plus souvent après 65 ans. Les autres facteurs de risque sont principalement le tabagisme, les pathologies cardiovasculaires et les antécédents familiaux.

Le dépistage d'un anévrisme de l'aorte abdominale sous-rénale doit se faire par échographie-doppler, un examen rapide, non invasif et performant qui permet également de rechercher des anévrismes iliaques, fémoraux ou poplités pouvant être associés à l'AAA. Des examens diagnostiques complémentaires (scanner et IRM) permettent, si nécessaire, de préciser en préopératoire les caractéristiques anatomiques de l'AAA et son environnement.

La HAS recommande que le dépistage soit proposé aux hommes de 65 à 75 ans et qui sont ou ont été des fumeurs chroniques et aux hommes de 50 à 75 ans et qui ont des antécédents familiaux d'AAA. Pour les personnes ayant un anévrisme de l'aorte abdominale, la HAS préconise un traitement curateur quand le seuil d'intervention est atteint (notamment lorsque le diamètre de l'AAA est supérieur à 50 mm ou sa vitesse de croissance supérieure à 10 mm/an).

L’autorité souligne également l'importance d'une prise en charge globale dans l'objectif de réduire les facteurs de risque et les comorbidités. La prise en charge pourra se faire au moyen de différentes stratégies, et notamment des stratégies non médicamenteuses : arrêt du tabac, réduction de l'hypercholestérolémie, reprise d'une activité physique, diminution du surpoids, contrôle du diabète.

Pourquoi un dépistage ciblé opportuniste unique ? Plusieurs raisons ont amené la HAS à cette préconisation :

- la prévalence de l'AAA augmente avec l'âge et est plus élevée chez les hommes fumeurs ou anciens fumeurs et chez ceux ayant des antécédents familiaux ;

- la mortalité liée aux anévrismes de l'aorte abdominale rompus est élevée (80% des patients décèdent avant hospitalisation ou en péri-opératoire), alors que la mortalité des interventions programmées (AAA non-rompus) est inférieure à 5% ;

- dépister permet une réduction significative de la mortalité liée à l'AAA à moyen et long terme ;

- les modélisations économiques internationales concluent à l'efficience de la mise en place d'un programme de dépistage unique chez les hommes âgés de 65 ans.

Enfin, des études suggèrent la possible diminution de la prévalence des AAA quand les facteurs de risque cardiovasculaire sont pris en charge, notamment l'arrêt du tabac.

Publié le 05/03/2013 à 05:00 | Lu 1246 fois