Alzheimer : le groupe Medica introduit la méthode Montessori dans ses maisons de retraite

Elaborée au début des années 1900 par la psychiatre italienne Maria Montessori, la méthode a été adaptée depuis une douzaine d’années par le neuropsychologue américain Cameron Camp aux adultes âgés atteints de la maladie d’Alzheimer. Pour la première fois en France, elle est introduite à grande échelle dans les maisons de retraite du groupe Medica.


« Nous sommes toujours à la recherche de nouvelles méthodes d’accompagnement thérapeutique non-médicamenteuses pour améliorer la qualité de vie et l’autonomie des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. La méthode Montessori valorise les capacités persistantes de l’adulte âgé désorienté et contourne les défaillances liées à la perte de la mémoire. Son approche est positive. C’est ce qui nous a séduit et la raison pour laquelle nous avons souhaité l’intégrer au sein de nos structures », relate le Dr Didier Armaingaud, directeur médical et qualité du groupe.

Méthode d’éducation dite ouverte, la pédagogie Montessori repose sur six principes éducatifs fondamentaux, notamment sur l’observation de l’enfant, l’épanouissement de l’enfant par l’activité qu’il accompli lui-même, l’adaptation des enseignants et de leurs cours aux capacités des enfants.

Cette méthode a été adaptée aux personnes âgées désorientées par le neuropsychologue américain Cameron Camp, marié à une enseignante Montessori. Très répandue aux Etats-Unis depuis une douzaine d’années et dans dix-sept pays à travers le monde, elle reste cependant peu connue en France à ce jour.

Selon cette méthode, la personne âgée désorientée n’est jamais mise en échec. L’approche reste très positive. Elle consiste à solliciter les capacités persistantes de l’aîné désorienté, au niveau social, moteur, cognitif, émotionnel et à stimuler la mémoire des savoir-faire gestuels ritualisés de la vie quotidienne (faire sa toilette, s’habiller, se nourrir…) pour réactiver des automatismes qui font appel à la mémoire ancienne et qui ne sont pas très loin. Bref, on s’appui sur ce qui demeure.

Le fondement de Montessori, c’est aider le résident désorienté à retrouver une autonomie dans les actes simples de la vie quotidienne, à lui rendre sa dignité, une estime de lui-même. L’objectif thérapeutique de Montessori consiste à diminuer les troubles cognitifs en apportant des solutions avec un environnement et des activités adaptées à chaque personne.

La méthode apprend aux équipes du groupe Médica à observer les habitudes de vie du résidant, ses habitudes gestuelles, à changer son regard pour une meilleure interprétation des troubles du comportement, de la communication non verbale. Ainsi l’ensemble de l’équipe va proposer de manière individuelle à chaque résidant des activités qui ont du sens, en lien avec son projet de vie individualisé (son chemin de vie, ses goûts passés et actuels). Le soignant, l’animatrice de la résidence se positionnent alors comme des « facilitateurs » qui vont aider la personne âgée « à faire seule ».

La pédagogie Montessori fonctionne bien dans la répétition et travaille beaucoup sur l’environnement et sa lisibilité, par exemple écrire à la bonne dimension dans le bon code couleur. Autre exemple : la carte mentale de la personne âgée désorientée ne permet pas de savoir ce qu’il y a derrière une porte. Pour éviter un trouble cognitif, Montessori préconise une porte vitrée. De la même manière, pour les portes de placard à vêtements, la personne âgée trouvera ainsi plus facilement ses vêtements pour s’habiller seule.

Une phase test concluante en 2010 au sein de quatre EHPAD du groupe

Les équipes de quatre EHPAD du groupe ont bénéficié en 2010, de la formation à la méthode Montessori dispensée par la société AG&D, organisme de formation habilité en France : « le Doyenné du Ranzay » (Nantes), « l’Aubergerie du 3ème âge » (Quincy-sous-Senart), « le Doyenné de Vencay » (Saint Avertin) et la résidence « Les Aurélias » (Pollionnay).

Des effets bénéfiques de la méthode ont été constatés auprès des résidants. La directrice du Quincy-Sous-Senart dans l’Essonne souligne : « La méthode Montessori, c’est du bon sens, de l’empathie, de la gentillesse. Le regard Montessori permet de découvrir une nouvelle personne. On occulte les défaillances et on valorise les réussites. Grâce à la formation Montessori, nos équipes ont appris à écrire dans la bonne dimension, à mettre les objets au bon endroit en fonction des habitudes gestuelles de vie de chaque résidant. Sur notre établissement, une personne âgée réussit à nouveau à faire sa toilette du visage seule. Ce progrès visible est très encourageant pour les équipes et les familles. C’est aussi primordial pour la personne âgée qui retrouve sa dignité ».

De son côté, le médecin coordonnateur de la résidence « Le Doyenné de Vencay » de Saint Avertin témoigne : « Nous avons eu des résultats intéressants au niveau de la coordination des gestes et au niveau de la gestion des troubles du comportement. En proposant à chaque résidant une activité qui fait appel à sa mémoire ancienne - une activité chant par exemple pour une personne qui faisait partie d’une chorale, mettre le couvert chaque soir pour une personne qui avait l’habitude de préparer le repas - nous détournons l’obsession qui génère de l’anxiété et un trouble du comportement ».

« Un tel changement ne peut émerger sans l’implication de tous. Il est très important que les familles soient un relais. L’approche Montessori permet aux équipes soignantes de créer des échanges constructifs avec les familles sur des éléments positifs pour le bien-être du résidant et par rebond pour le bien-être de sa famille », conclut le Dr Armaingaud, directeur médical et qualité du groupe qui a piloté la mise en place du dispositif en partenariat avec les formateurs à la méthode.

Publié le 13/05/2011 à 10:39 | Lu 13513 fois