Allemagne : de jeunes interrogent les anciens afin de redécouvrir le passé nazi de leur pays

Alors que de nombreux évènements de la période nazie de l’Allemagne sont restés enfouis dans les limbes de la mémoire, un projet intitulé « Tâches blanches » rassemble les contributions de 70 jeunes Allemands, Polonais et Tchèques qui sont partis à la recherche, pendant un an, du passé oublié de leurs régions natales en interviewant les anciens.


« Ce n'est qu'en connaissant et en comprenant nos racines que nous pouvons assumer nos responsabilités pour l'avenir », estime Angela Merkel dans un communiqué. La chancelière a rappellé cette vérité dans un texte écrit pour un ouvrage unique en son genre, intitulé « Tâches blanches ». Il rassemble les contributions de 70 jeunes Allemands, Polonais et Tchèques qui sont partis à la recherche, pendant un an, du passé oublié de leurs régions natales sous la période nazie.

L'initiative est partie d'un constat : beaucoup de faits qui se sont déroulés à l'époque n'ont jamais figuré dans le journal. Ou ils l'ont fait de manière partielle, pour ne pas dire partiale. Tout le travail des jeunes a consisté à reconstituer dans leur véracité les faits censurés par la presse de l'époque.

Les élèves ont ainsi comblé une lacune en sortant de l'ombre l'histoire de l'autodafé organisé en mai 1933 au pied de la colonne Bismarck, à Dresde. Personne n'en avait jamais entendu parler : l'événement n'avait pas pu faire l'objet d'une instrumentalisation par le régime de la RDA...

Des épaisseurs de l'histoire, les jeunes ont aussi tiré, par exemple, les répercussions réelles d'un attentat perpétré contre Reinhard Heydrich, le « protecteur du Reich pour la Bohème et la Moravie ». Ils ont fouillé la mémoire vivante en interrogeant une vieille dame de 94 ans qui travaillait dans l'hôpital praguois où fut amené le blessé. La réalité s'est révélée très éloignée du fait « criminel » et du chagrin populaire décrits par les médias de l'époque. L'attentat généra un climat de peur et de représailles.

L'ouvrage, présenté en présence de la journaliste allemande Sandra Maischberger, a été tiré à 30.000 exemplaires, et envoyé dans les écoles allemandes, polonaises et tchèques. La chancelière Angela Merkel a encouragé les jeunes rédacteurs, et appelé tous les jeunes à interroger les générations qui les ont précédés.

Publié le 29/01/2008 à 05:34 | Lu 5183 fois