Accompagnement des familles : les candidats à l’élection présidentielle répondent aux questions de l’ADMR (partie 2)

À l’occasion de l’élection présidentielle, et alors que les Français réaffirment enquête après enquête, leur attachement au maintien à domicile, l’ADMR*, premier réseau associatif français de services à la personne, a interrogé les candidats à l’élection présidentielle 2012 sur les grandes questions que se posent ce réseau et qui concernent l'ensemble du secteur de l'aide à domicile.


Accompagnement des familles

Question de l’ADMR : dans une société en constante évolution, la famille est soumise à des contraintes fortes et se trouve de plus en plus souvent en difficulté.

L’ADMR milite pour un renforcement des politiques publiques de protection de l’enfance et de prévention. Les pouvoirs publics concentrent leurs moyens sur les prises en charge médicales ou le placement d’enfants en établissement, alors qu’un accompagnement au quotidien par des travailleurs sociaux (techniciens de l’intervention sociale et familiale…) s’avère souvent plus efficace pour reconstruire le noyau familial.

Un grand nombre de familles en difficulté ne peuvent cependant pas accéder à ces services du fait d’un reste à charge trop important en lien avec le barème appliqué par les Caisses d’allocations familiales.

Quelle place comptez-vous accorder aux services d’accompagnement par des travailleurs sociaux dans votre politique familiale ? Quelles mesures proposez-vous pour ouvrir l’accès à ces services à un plus grand nombre de familles ?


Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière)

Ces prises en charge nécessitent des moyens budgétaires : en personnel qualifié, en aides financières aux familles. Cela veut dire qu’il faut arrêter les coupes incessantes sur les budgets qui touchent les secteurs sociaux. Le récent projet de Nicolas Sarkozy d’exonérer le patronat d’une bonne partie des cotisations d’allocations familiales laisse très mal augurer de l’avenir. Il faut un véritable service public de l’enfance.

François Bayrou (MoDem)

Je sais bien que les associations d’aide à domicile ont été fragilisées l’an dernier à la suite de la suppression d’une exonération spécifique de cotisations patronales. Ce n’est pas de nature à soutenir les ambitions de développement du service. Pour moi, la construction d’une offre abordable pour plus de familles, la lutte contre toutes les formes de solitude constituent des priorités.

Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République)

Sur le principe, il faut toujours privilégier l’accompagnement des enfants en difficulté par des travailleurs sociaux sur le placement en familles d’accueil. En effet, tout en aidant à sécuriser et à reconstruire l’enfant, les travailleurs sociaux ne le coupent pas de son milieu familial biologique. Il faudrait peut-être à ce propos reconsidérer les méthodes de l’Aide sociale à l’enfance très orientées vers le placement.

Bien évidemment, cette situation ne vaut que dans le cas de foyers familiaux présentant un minimum de garanties morales et affectives pour que l’enfant n’y soit pas en danger.

En amont de l’intervention des travailleurs sociaux, il faudrait associer les personnels des structures de petite enfance, de l’Éducation nationale et les médecins, qui sont, à divers titres, les sentinelles du développement de l’enfant et peuvent détecter les situations familiales à risque.

François Hollande (Parti Socialiste)

Dans une famille, il peut y avoir des moments où l’on a besoin d’aide. L’intervention temporaire d’un travailleur social peut alors être très utile. Je pense notamment aux actions menées, au sein de l’ADMR, par les techniciens de l’intervention sociale et familiale (TISF), dont l’action sociale préventive et les activités d’aide à la vie quotidienne et à l’éducation des enfants permettent à certaines familles d’éviter des interventions sociales plus lourdes.

Sur ce sujet, je souhaite qu’un point de situation soit réalisé sur ce qui est fait par les caisses d’allocations familiales et les collectivités territoriales, sur les financements mobilisés et les cas dans lesquels un accompagnement est prescrit. Je sais que les conseils généraux, notamment, sont attentifs à la diversification de leurs actions, et mettent de plus en plus en place des politiques d’aide à la parentalité, ce qui me paraît une bonne chose.

Eva Joly (Ecologie, Les Verts)

Les services d’accompagnement par des travailleurs sociaux ont démontré leur efficacité, en plus d’être économes, affichant un coût bien moins élevé que la prise en charge en établissement. Je suis donc favorable à un développement du recours aux travailleurs sociaux.

Marine Le Pen (Front National)

Les familles, et particulièrement celles des classes moyennes, sont les grandes victimes de la politique ultralibérale menée par les gouvernements successifs et la politique familiale devient une variable d’ajustement.

Les familles sont pénalisées par une politique économique les condamnant à une grande précarité financière. Il convient donc d’abord et avant tout de prévenir par un changement de cap économique et social. C’est pourquoi nous souhaitons mettre en place des protections nationales aux frontières, raisonnables, et intelligentes qui permettront de réindustrialiser notre pays et de revenir à terme au plein emploi. Outre le stress au travail, il nous faudra prendre à bras-le-corps l’insécurité que subissent au quotidien nombre de travailleurs, y compris des mères célibataires, et mettre un terme à une immigration débridée, permettant aux grands patrons de peser à la baisse sur les salaires.

Pour les familles qui ne parviendraient pas à s’en sortir dans un contexte économique et social rendu plus harmonieux par la mise en œuvre de notre programme, il convient bien entendu de maintenir voire de développer les aides que vous citez à juste titre. Dans cette perspective, les conditions de travail et de rémunération des intervenants doivent être motivantes et conformes à leurs souhaits de perspective de carrière. Mais il nous paraît déraisonnable d’envisager une inflation d’aides multiples et coûteuses si on ne s’attaque pas d’abord aux causes multiples de la fragilisation des tissus sociaux.

Nicolas Sarkozy (Union pour un Mouvement Populaire)

Le renforcement des politiques publiques de protection de l’enfance et de prévention a constitué une priorité de la politique de la famille que j’ai menée. La loi de 2007 a réformé la protection de l’enfance.

Le gouvernement a par ailleurs mis en place un Fonds national de protection de l’enfance (FNPE) doté de 40 M€ pour accompagner les Conseils généraux. Dans chaque département a été mise en place une Cellule centralisée de recueil, traitement et évaluation des informations préoccupantes (CRIP). Des États généraux de l’enfance fragilisée se sont tenus en 2010 pour compléter la réforme de protection de l’enfance, soutenir la parentalité, prévenir les risques liés aux jeux dangereux, et aider les familles en situation de précarité.

À travers cette loi et grâce aux États généraux de l’enfance fragilisée en 2010, nous avons développé une action concrète sur le terrain. Je poursuivrai cette action de soutien aux familles, car je suis convaincu qu’elles constituent la première cellule de la solidarité et de l’entraide, le lieu de transmission des valeurs et de l’identité. Je prends l’engagement de préserver notre politique familiale.

*L’ADMR est un mouvement apolitique et ne prend parti pour aucun programme ni aucun candidat. Les réponses sont données par thème, dans l’ordre alphabétique des noms des candidats.

Publié le 17/04/2012 à 09:00 | Lu 1507 fois





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