A-MCA : renforcer le "care" dans les politiques de prévention et du bien-vieillir de l'après confinement

L’Agence des Médecines Complémentaires et Alternatives (A-MCA) fait l’objet d’une résolution à l’Assemblée Nationale visant à renforcer le « care » dans les politiques de prévention et de bien-vieillir de l’après confinement. Explications.





On le sait, les Médecines Complémentaires et Alternatives (MCA) sont de plus en plus pratiquées par les Français. Y compris du côté des plus âgés. Au sein des Ehpad, en particulier dans les Pôles de Soins et d’Activités Adaptées (PASA), certaines approches complémentaires sont largement mobilisées (musico-thérapie, zoothérapie, qi-qong…).
 
De plus en plus d’aînés à domicile pratiquent aussi des MCA dans une logique de prévention et de qualité de vie. C’est aussi pour cette raison qu’a été créée, en septembre dernier, l’Agence des Médecines Complémentaires et Alternatives (l’A-MCA) par Véronique Suissa, Serge Guérin et Philippe Denormandie.
 
Face à l’engouement massif manifesté auprès de l’A-MCA et à son développement fulgurant, des parlementaires ont déposé une résolution en faveur de la transformation de l’A-MCA en une agence gouvernementale d’évaluation des approches complémentaires adaptées et de contrôle des dérives thérapeutiques et des pratiques alternatives.
 
Mais qu’est-ce que l’Agence des Médecines Complémentaires et Alternatives ?
L’association se positionne comme un pôle de réflexions, d’informations et d’actions en faveur d’une intégration cohérente, structurée et sécurisée des MCA.
 
Elle a pour objet de favoriser l’essor des pratiques complémentaires adaptées tout en luttant contre les méthodes alternatives et toutes les formes de dérives en santé, en particulier, les dérives thérapeutiques.
 
Les initiatives de l’A-MCA s’adressent à tous les contextes : prévention, santé, maladies, handicap, vieillissement… Sa création s’inscrit dans le prolongement de la publication en 2019, d’un ouvrage collectif, le premier état de l’art autour des médecines complémentaires et alternatives.
 
L’A-MCA bénéficie du soutien et de l’implication de plus de trente organisations majeures comme le Réseau Francophone Villes Amies des Aînés, France-Alzheimer, Siel Bleu, la Fondation de l’Académie de Médecine, des Universités nationales et internationales, etc.
 
Un comité d’experts divisé en trois pôles (réflexion, actions, information) impliquant plus de 100 personnalités qualifiées (chercheurs de renom, médecins, psychiatres, élus, anciens ministres, hauts dirigeants, etc.) et de plusieurs patients partenaires, etc., vient renforcer la réflexion et asseoir l’action de l’Agence pour que la dimension scientifique et expérientielle soit au cœur des travaux et des contributions de l’association.
 
L’Agence, dirigée par Véronique Suissa, docteur en psychologie clinique et présidé par Serge Guérin professeur HDR, sociologue spécialiste des questions du vieillissement, n’est pas une structure partisane ou dogmatique.
 
Elle vise à asseoir, sur le terrain, le soin relationnel et non médicamenteux et à mieux articuler la cure et le care. Cette recherche d’une meilleure articulation entre le soin technique et le soin relationnel s’inscrit dans une dynamique salutaire en faveur du pouvoir d’agir sur sa santé, du soutien à la prévention et de la prise en compte du vieillissement de la population.
 
Celles et ceux qui avancent en âge sont aussi de plus en plus désireux de pouvoir accéder à des pratiques complémentaires adaptés à leurs besoins. En 2020, la consultation citoyenne auprès de 8.000 Français et menée dans le cadre des États Généraux de la Seniorisation de la Société (EGS) avait mis en lumière la demande massive d’un accès aux médecines complémentaires pour les seniors.
 
Encore faut-il qu’ils soient bien informés pour ne pas tomber entre les mains de praticiens insuffisamment formés ou peu scrupuleux, ou de sombrer dans des dérives thérapeutiques, voire sectaires.
 
Si le développement des MCA traduit l’évolution conceptuelle du soin et de l’accompagnement centré sur les besoins individuels, le manque de cadre (législation, normes de formation, délimitation des interventions, critères d’intégration ou d’exclusion des pratiques, etc.) constitue une limite d’un point de vue sociétal, scientifique, médical et politique.
 
Ainsi, il reste complexe de s’orienter de façon objective et optimale pour les citoyens en santé et en particulier, pour les personnes fragilisées par la maladie ou l’avancée en âge. D’autant plus qu’une même pratique peut être dispensée par un professionnel de santé, un praticien dûment ou insuffisamment formé, voire… un charlatan !
 
Par conséquent, la grille de lecture est complexe pour l’usager et le confronte à des risques multiples.
 
Les MCA peuvent être mobilisées pour renforcer la prévention, la qualité de vie des personnes et améliorer la condition des patients touchés par la maladie. Elles sont également un levier pour contribuer au bien-être des soignants qui eux aussi demandent à recourir à ces pratiques comme le montre l’étude de 2020 de l’Association SPS.
 
L’Agence vient de publier son premier rapport destiné à structurer le champ des MCA. Porté par près de 70 experts de renoms et préfacé par le Professeur Emmanuel Hirsch, ce rapport a été remis au ministère par Serge Guérin auprès secrétaire d’État chargé des retraites et de la santé au travail.
 
Ce document vise à contribuer à structurer ce champ dans la société à partir d’une double dynamique d’intégration/vigilance, avec une ligne d’action clairement affichée : « favoriser l’essor des pratiques bénéfiques tout en luttant contre les dérives en santé ». L’Agence se situe dans ce mouvement, relancé par la catastrophe du Covid, de rénovation de la santé publique et de prise en compte des attentes nouvelles des patients comme des soignants.
 
Par ailleurs, durant ces premiers mois, l’Agence a aussi mis en œuvre ses premières actions en faveur d’un déploiement structuré de pratiques bénéfiques. Un partenariat a été signé avec ENEAL (Groupe Action Logement) pour mobiliser dans les Ehpad partenaires des médecines complémentaires auprès des soignants comme des résidents.
 
L’Agence a aussi remporté un appel à projet de la Fondation de France aux côtés d’un groupe associatif de maisons de retraite visant à accompagner -au moyen de médecines complémentaires- les salariés et les soignants du groupe durement touchés par la crise pandémique.
 
Elle accompagne également France Alzheimer dans le cadre d’une recherche nationale visant à évaluer l’impact des MCA déployées dans ses maisons de répits au bénéfice des aidants. Enfin, des formations seront également proposées en partenariat avec l’organisme de formation SFO inscrit au RNCP, c’est à dire reconnu par le ministère du travail et habilité au DPC (habilitation pour des formations aux professionnels de santé).
 
Ces formations dispensées en visio-conférences et/ou sur site (à l’Institut Rafaël) dès que la situation sanitaire le permettra sera un moyen de sensibiliser les acteurs de la santé (médecins, infirmiers, pharmaciens…) comme les différents publics (aidants, patients partenaires…) aux approches complémentaires et plus largement au care en santé.
 
La catastrophe pandémique a montré que notre système de soin, trop bureaucratisé, manquait de vision globale. Nous souffrons aussi du manque d’une politique éclairée et inclusive de la seniorisation de la société s’appuyant sur la dynamique du care, de la prévention et de l’implication des personnes.
 
Agence MCA

Article publié le 19/04/2021 à 10:42 | Lu 6574 fois