Vivre au quotidien avec une maladie cardiaque (partie 2)

Alors que se tenaient la semaine dernière à Paris au Palais des Congrès les 22ème Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie (SFC), des professeurs et des médecins évoque les problèmes que peuvent rencontrer au quotidien, des patients atteints de maladies cardiovasculaires…font le point sur nos connaissances actuelles en matière de maladies cardiovasculaires. Conduite, sport, activité sexuelle, etc.





Sport et maladies cardiovasculaires par le professeur François Carré, Rennes)

Le sport peut être défini comme la réalisation d’une activité physique dans un cadre réglementaire. Il n’est pas synonyme de compétition ni de performance et sa pratique peut se décliner selon toute une gamme d’intensité.

Il n’existe pas actuellement de maladie chronique qui, en dehors d’un épisode aigu, interdise définitivement toute pratique sportive. Ainsi une activité sportive adaptée doit être encouragée chez tout malade. En effet, elle a de nombreux effets bénéfiques scientifiquement prouvés sur l’ensemble de l’organisme, notamment sur le cœur et les vaisseaux.

Ces effets sont indirects par amélioration des facteurs de risque : cardiovasculaires modifiables classiques, d’hypertension, d’anomalies des sucres, comme le diabète et des lipides et moins classiques comme le niveau d’inflammation chronique et de stress oxydant.

Ils sont aussi directs par amélioration de : la fonction endothéliale vasculaire, l’équilibre entre parasympathique et sympathique dans le sens freinateur (baisse de la fréquence cardiaque de repos par exemple), et enfin de la coagulation avec diminution de risque de thrombose.

L’activité sportive va donc d’une part, aider à prévenir la survenue de la pathologie cardiovasculaire initiale et d’autre part, en cas de pathologie établie aider à prévenir son aggravation et/ou la survenue d’accidents ultérieurs.

Pendant la pratique sportive intense et inhabituelle, le risque de survenue d’un accident cardiovasculaire peut être augmenté. Il est à noter que la pathologie cardiaque peut être alors révélée, et non créée, par cette dernière.

Ces accidents restent très rares mais leur possibilité rappelle qu’un bilan médical et en particulier cardiovasculaire est justifié avant une pratique sportive intense. Le contenu de ce bilan sera défini par le médecin consulté.

Des règles de bonne pratique doivent être respectées quel que soit le niveau d’activité sportive. En cas de symptômes à l’effort tel qu’une douleur thoracique, un malaise, des palpitations, un essoufflement ou une fatigue inappropriés, il faut consulter son médecin. Les 3 phases classiques l’échauffement, le travail et la récupération, de même qu’une bonne hydratation doivent être respectées, et les conditions environnementales défavorables, les températures inhabituelles et les pics de pollution doivent être évités. En cas de syndrome grippal et/ou de grande fatigue, la pratique sportive intense est déconseillée tout comme l’automédication.

Enfin, dans tous les cas où l’activité sportive est débutée ou reprise après une interruption prolongée, la pratique sera modérée au début et très progressivement augmentée. Ces conseils sont particulièrement adaptés pour le sujet avec des facteurs de risque cardiovasculaires et bien sûr pour le malade. Dans ce dernier cas, son médecin traitant et son cardiologue seront les mieux à mêmes pour le conseiller sur le choix de la pratique la mieux adaptée individuellement.

Pourquoi une activité physique au quotidien ? par le docteur Gilles Bosser de Nancy

Divers programmes de prévention ont mis en avant l'intérêt de la pratique d'une activité physique régulière. Le Plan National de Prévention par l'Activité Physique ou Sportive (PNAPS) publié en 2008, a pour objectif de renforcer ces mesures, tant dans les domaines de la prévention primaire que de la prévention secondaire.

L'accent est mis aussi sur l'intérêt de la pratique sportive chez les personnes âgées, ce qui est un élément essentiel au vu de l’augmentation de l'espérance de vie.

La pratique d'une activité physique régulière a montré un intérêt majeur pour l'ensemble de la population puisqu'elle permet globalement une amélioration de la qualité de vie, mais aussi une réduction de la morbi-mortalité, en particulier au regard de ses effets favorables sur certaines formes de cancer (par exemple le cancer du sein chez la femme) ou sur les maladies cardiovasculaires.

Elle permet ainsi de réduire ou de maitriser : la surcharge pondérale et la prévalence du diabète. Les effets favorables sont mesurables au niveau : de la fonction vasculaire (endothélium), des fonctions cardiaques et respiratoires, et de l'ostéoporose et des maladies ostéo-articulaires.

La pratique de l’activité physique peut donc être maintenue tout au long de la vie, y compris chez les personnes âgées. Son intérêt est bien sûr essentiel chez l'enfant et l'adolescent pour permettre une croissance harmonieuse et instaurer une bonne hygiène de vie.

Les objectifs de la prévention primaire sont donc, d’une part d'assurer la promotion d'une activité physique adaptée à chaque cas particulier en améliorant l'offre dans nos sociétés qui ne favorisent pas cette activité physique, et d'autre part en permettant la pratique dans des conditions de sécurité satisfaisante. La Société Française de Cardiologie (SFC) a ainsi édicté des recommandations concernant le bilan cardiovasculaire préalable à la mise en place d'une activité physique en fonction notamment de l'âge et des facteurs de risque cardiovasculaire.

L’autre aspect essentiel pour les cardiologues est celui de la prévention secondaire. La SFC, par l'intermédiaire de recommandations concernant l'intérêt de la réadaptation cardiaque, soutient et favorise la pratique d'une activité physique chez les patients cardiaques afin d’améliorer leur qualité de vie. Ceci peut être obtenu, d'une part, par l'amélioration de la condition physique et de la capacité fonctionnelle et, d'autre part, par une meilleure maitrise des facteurs de risque cardiovasculaire.

Au-delà des effets musculaires responsables de l'amélioration de la capacité fonctionnelle, l'activité physique favorise : la limitation du surpoids et de l'obésité, améliore le profil lipidique avec une baisse du LDL cholestérol et une augmentation du HDL cholestérol, permet une meilleure maitrise des chiffres glycémiques, et enfin, a un effet favorable sur l'hypertension artérielle.

L'un des aspects essentiels de la pratique d’une activité physique est aussi lié à l’amélioration de la fonction endothéliale, primordiale dans la maladie athéromateuse elle-même. L'ensemble de ces éléments concourt à une réduction de mortalité et donc une baisse des coûts pour les systèmes de santé. Plusieurs études, dont la récente HF Action, ont confirmé que cette activité physique régulière en endurance au seuil ventilatoire n'était pas nocive pour les patients insuffisants cardiaques, mais au contraire favorable, avec une meilleur maitrise de la maladie et une réduction de la morbi-mortalité.

En ce qui concerne les patients atteints de maladie cardiovasculaire, et en particulier ceux qui présentent une cardiopathie ischémique et/ou une insuffisance cardiaque, il convient de leur proposer une prise en charge en milieu de réadaptation cardiaque afin de mettre en place, dans un milieu cardiologique proposant une surveillance appropriée, une activité physique individualisée adaptée à chaque cas particulier.

Maladies cardiaques et Internet : comment s’y retrouver ? par le docteur Ghassan Moubarak de Saint-Joseph à Paris

L’utilisateur-patient peut trouver sur internet des informations d’ordre médical sur une maladie ou un traitement, des conseils sur son hygiène de vie, les coordonnées d’un praticien ou d’un établissement hospitalier. Il peut participer à des forums de discussion généralistes, recueillir le témoignage d’autres patients atteints du même trouble (par le biais de sites spécialisés ou d’associations de malades) et partager son expérience personnelle.

Ces sources d’informations multiples permettent aux patients d’être plus et mieux informés pour participer de manière proactive à la prise en charge de leur affection. Le plus souvent, cette démarche sera complémentaire de la visite médicale traditionnelle. L’enquête menée à la demande de l’Ordre National des Médecins en avril 2010 a en effet montré qu’il ne s’agit nullement pour le patient de « défier » son médecin.

Ces informations sont cependant de qualité variable. Elles peuvent être erronées ou non validées. Elles ne sont pas forcément transposables au cas particulier de la personne et peuvent alors être génératrices d’angoisse ou de faux espoirs.

Pour toutes ces raisons, il importe de savoir faire le tri. Il existe ainsi une procédure de certification « HONcode » des sites informatiques dédiés la santé, qui a été mise en œuvre, à la demande de la Haute Autorité de Santé, par un organisme indépendant Health on the Net (HON). Cette procédure, qui n’est pas cependant pas obligatoire, garantit que le site consulté respecte un code déontologique quant à la fiabilité des informations présentées et de la transparence du financement et de la politique publicitaire.

Il incombera au médecin de conseiller et de guider le patient qui le désire dans sa recherche d’informations sur le net. Le médecin peut lui-même intervenir sur les sites de santé destinés au public ou bien créer son propre blog médical. Dans tous les cas il se doit de respecter les principes du code de déontologie et garantir la confidentialité des données personnelles.

Une fois ces contraintes et limites assimilées par le médecin et le patient, l’utilisation d’Internet permettra le plus souvent d’aboutir à une relation encore plus solide.

Article publié le 17/01/2012 à 08:01 | Lu 1921 fois