Vieillissement et dépendance : déclaration de bonnes intentions, mais encore....

D'ici 2050, la proportion de personnes âgées de plus de 60 ans devrait passer de 20% à 33% de la population dans les pays développés. Trois rapports ont été commandés par le gouvernement. Muriel Boulmier, chef d'entreprise*, a rédigé en 2012 un rapport sur le sujet. Elle se félicite des idées apportées mais souligne un besoin criant de moyens.


Remis le 11 mars à Jean-Marc Ayrault, trois rapports sont censés tracer les voies de la réforme de la dépendance. Le vieillissement démographique restera sans conteste l'un des défis du XXIe siècle.
 
Aujourd'hui, il est dommage que la vieillesse se superpose dans la conscience collective à la dépendance, quitte à occulter trente ans de vieillissement vécus en bonne santé. Car la question de l'âge et celle du grand âge sont deux sujets aussi distincts que le sont l'autonomie et la dépendance.
 
Décider qui fait quoi…

Si l'un des rapports, consacré à l'adaptation de la société au vieillissement, peut paraître porteur d'espoirs en ce qu'il insiste sur cette différence, il manque cruellement de perspectives chiffrées et de projections dans le temps des modifications réglementaires ou législatives (urbanisme, attribution des logements..) pourtant indispensables.
 
Un foisonnement d'idées est devenu une somme de propositions dont le financement n'est pas assuré ; et dont la réalisation reste improbable. Espoirs déçus. La proposition d'une Maison départementale de l'autonomie par exemple doit avant tout faire la place à l'harmonisation des aides pour décider, enfin, de qui fait quoi.
 
La transition démographique que nous amorçons se présente comme un vaste chantier où s'entrecroisent emploi, logement, urbanisme, santé, retraites... Autant de sujets que de réformes en perspective.
 
Le logement et l'habitat demeurent les angles morts des politiques publiques de l'âge, tandis que le maintien à domicile des personnes âgées permet, pour 4.000 euros, de retarder voire d'éviter le placement en maison de retraite, trop cher pour 60% des français : 2.200 euros mensuels quand le revenu mensuel moyen des retraités s'élève à 915 euros. Sans compter que les femmes représentent tristement 60% des bénéficiaires de l'Allocation solidarité (743 euros par mois).
 
Soulager les classes moyennes

Transférer le crédit d'impôt pour travaux d'adaptation de l'habitat aux descendants qui financent les travaux sans aide publique a déjà fait l'objet d'une proposition de loi, initiée par mes travaux. Elle a été reprise par les auteurs de ce rapport à leur compte. La redistribution de cette niche fiscale de 33 millions d'euros réduirait le délai des travaux, soutiendrait l'économie de proximité et soulagerait le budget des classes moyennes. Le tout sans solliciter de nouveaux budgets publics.
 
Enfin, trop vouloir protéger par une désignation trop ciblée peut conduire à la marginalisation. Aux autocollants qui signalent l'âge, aux maisons de retraite LGTB, aux zones réservées, je préfère les aménagements et adaptations de confort pour tous les âges ! Ce sont les mêmes coûts mais les bras ouverts. Dans cet esprit, pourquoi ne pas revisiter en profondeur le viager et mettre en place le viager HLM ? Le bailleur social deviendrait l'intermédiaire qui évite le face à face morbide. Celui qui réalise les travaux, garantit le maintien à domicile à prix abordable et préserve tout à la fois l'environnement des personnes âgées et leur présence dans les centres bourg, au coeur de la vie.
 
Si on ne veut pas que l'accroissement de l'espérance de vie se transforme en espoir déçu, il est urgent de prendre des engagements raisonnés, financièrement structurés et socialement acceptables. On peut promettre de décrocher la Lune, mais en ces temps de crise, qui financera l'échelle ?

*Muriel Boulmier, chef d'entreprise, auteure de deux rapports de missions ministérielles sur le lien habitat et vieillissement, secrétaire nationale chargée au Nouveau Centre des seniors et de l'évolution démographique.

Publié le 15/03/2013 à 09:03 | Lu 1064 fois