Une bactérie intestinale aggrave le syndrome métabolique tandis qu'un probiotique le soulage

Une équipe de chercheurs* vient de montrer que les troubles métaboliques liés à un régime alimentaire riche en graisses étaient aggravés par la prolifération d’une bactérie intestinale pro-inflammatoire qui contribuait à détériorer la barrière intestinale. Toutefois, ces effets sont atténués par une autre bactérie, probiotique cette fois-ci, qui réduit les effets de la première.


De nos jours, obésité, diabète et autres complications métaboliques sont autant de pathologies devenues des questions de santé publique sans que l’on sache complétement en expliquer la prévalence. Alimentation, style de vie, etc.
 
Bilophila wadsworthia, son petit nom ne vous dit probablement rien. Normal. Il est vrai que, chez un individu sain, elle représente moins de 0,1‰ des bactéries du microbiote intestinal. En revanche, chez des individus dont le régime alimentaire est riche en graisses, elle est significativement plus abondante.
 
Or, les modifications de la composition du microbiote sont couramment associées à des dysfonctionnements métaboliques sans pour autant que les mécanismes qui sous-tendent cette relation soient encore bien compris.
 
Dans le cadre d’une étude scientifique, ces chercheurs ont montré qu’un régime alimentaire riche en graisses créait des conditions propices à la prolifération de bactéries intestinales, telle B. wadsworthia. Cette multiplication s’accompagne alors d’une aggravation des différents paramètres qui caractérisent le syndrome métabolique (par exemple, l’altération de la tolérance glycémique, la diminution de la sensibilité à l’insuline ou l’augmentation des lipides sanguins et hépatiques).
 
Cette prolifération est également associée à une inflammation intestinale et à un dysfonctionnement de la barrière intestinale ainsi qu’à des troubles du métabolisme des sels biliaires, favorables au développement de cette bactérie.
 
Les scientifiques ont ensuite exploré le potentiel thérapeutique d’une bactérie probiotique, Lactobacillus rhamnosus, révélant l’intérêt d’une souche spécifique, de son petit nom : CNCM I-3690. Celle-ci limite la prolifération de B. wadsworthia, protège la barrière intestinale de ses effets pro-inflammatoires et améliore les paramètres de régulation du glucose.
 
Ces résultats, s’ils sont confirmés chez l’homme, ouvrent la voie à l’utilisation préventive et thérapeutique de souches probiotiques susceptibles de faire reculer le spectre de maladies inflammatoires et métaboliques, telles que le diabète et l’obésité, en rétablissant les fonctions assurées par un microbiote intestinal équilibré et en contribuant à améliorer la qualité des régimes alimentaires.
 
Ces travaux ont été publiés le 18 juillet 2018 dans la revue Nature Communications.
 
*de l’Inra, de Danone, de l’AP-HP, de l’Inserm et de Sorbonne Université

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Publié le 20/07/2018 à 04:02 | Lu 2525 fois