Un test pour prédire le risque de cancer du colon

A l’occasion de « Mars Bleu », mois de mobilisation contre le cancer du côlon, l’Inserm vient de publier un communiqué qui annonce qu’un test prédictif du risque de cancer colorectal –grâce au marquage de la progastrine- vient d’être mis au point par des chercheuses d’une équipe mixte Inserm/Université Toulouse III - Paul Sabatier*. Détails.


Le cancer colorectal est la quatrième cause de décès par cancer en France… Pourtant détecté très tôt, on peut sensiblement faire baisser le taux de mortalité. Aujourd’hui, la survie à cinq ans est de 56% tous stades confondus et atteint 94% lorsque le cancer colorectal est dépisté au stade I de la maladie. Dans ce contexte, on comprend l’importance de tests fiables de détection précoce de ce type de cancer.

Près d’un quart de la population européenne entre 20 et 54 ans développe des polypes hyperplasiques, lésions colorectales longtemps considérées comme bénignes. Toutefois, à l’heure actuelle, aucun suivi n'est recommandé pour ces patients après l’ablation chirurgicale des polypes, alors que certains de ces polypes pourraient être des précurseurs de cancers colorectaux.

En France, le cancer colorectal est le 2e cancer le plus fréquent mais à ce jour rien ne permettait d'identifier le sous-groupe de polypes qui pouvait avoir un potentiel malin.

Dans l’optique de trouver un marqueur prédictif du risque de cancer colorectal chez ces patients, Catherine Seva et ses collaborateurs ont réalisé une étude clinique rétrospective sur dix ans en analysant la présence de la progastrine, une protéine particulière déjà connue pour être impliquée dans la cancérogenèse colique, sur des polypes hyperplasiques de 74 patients.

Grâce à leurs analyses, les chercheurs ont montré une association significative entre des taux élevés de progastrine et la survenue ultérieure de lésions précancéreuses. Alors que ces polypes étaient considérés comme bénins et sans risque, 100% des patients qui présentaient des taux élevés de progastrine ont développé dans les 2 à 10 ans des adénomes, reconnus comme étant des lésions précoces du cancer colorectal.

A l’inverse, chez les patients n’exprimant pas ou très peu cette molécule, aucune lésion ne s’est développée dans les dix ans qui ont suivi le retrait des polypes.

Sur la base de ces résultats, les chercheurs ont établi un test prédictif basé sur l'âge du patient et le marquage par immunohistochimie de la progastrine. Toujours selon le communiqué de l’Inserm, « ce test permet de prédire, avec une très bonne sensibilité et spécificité, la survenue de tumeurs chez les patients ayant développé un polype hyperplasique ».

« Alors qu’aucun suivi n’est recommandé à l’heure actuelle chez ces patients, mesurer l'expression de la progastrine dans les polypes hyperplasiques sert à connaître la population de patients présentant un risque élevé de développer une lésion précancéreuse », conclut Audrey Ferrand, chercheuse à l’Inserm et signataire de ce travail.

A la suite de cette étude, il pourrait être envisagé d'inclure un plus grand nombre de patients pour valider ce test en routine.

Ces travaux de recherche ont fait l'objet d'une protection par dépôt de demande de brevet par Inserm Transfert. Les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue Cancer Prevention Research.

*Centre de recherches en cancérologie de Toulouse

Publié le 27/03/2012 à 08:00 | Lu 1558 fois