Télémédecine : sa réussite passera aussi par l’acceptation de la société, selon le SNITEM

A l’occasion d’un séminaire d’information destiné à ses adhérents et intitulé « Télémédecine et société », le Syndicat national de l’industrie des technologies médicales (SNITEM) et ses partenaires ont insisté sur la nécessité de faciliter l’appropriation de la télémédecine par la société, en particulier par les patients et les professionnels de santé. En complément des pré-requis techniques, économiques et organisationnels, l’acceptation de la télémédecine par ses utilisateurs et ses bénéficiaires est une condition à la réussite de son déploiement.


Alors que le monde vieillit, que la désertification médicale s’étend un peu plus chaque jour et que les nouvelles technologies sont de plus en plus innovantes et performantes, la télémédecine s’installe petit à petit dans les esprits des professionnels médicaux et des patients… Mais la route est encore longue avant que cette nouvelle pratique trouve sa place.

La télémédecine, en qualité de pratique médicale, suppose une profonde évolution des relations entre professionnels de santé, entre professionnels de santé et patients, entre industriels traditionnels et opérateurs et entre prestataires et patients.

En bouleversant les codes établis, elle impose à la société de nouveaux processus de prise en charge du malade, de nouvelles échelles d’appréciation de l’urgence.

Le SNITEM a fréquemment rappelé que les conditions du déploiement de la télémédecine étaient à la fois d’ordre technique (interopérabilité), économique (viabilité) et organisationnel (gouvernance). Au-delà de ces aspects cruciaux, le développement de cette nouvelle prise en charge et de ces nouveaux outils ne peut se faire sans une appropriation par les professionnels de santé et par les patients.

C’est ce qu’a notamment montré l’étude FIEEC1 – ASIP Santé sur la télémédecine et la télésanté en Europe, publiée en mars 2011.

Parmi les facteurs de succès identifiés et documentés par cette enquête, il apparaît :

- que les projets de télémédecine et de télésanté doivent répondre aux besoins des professionnels de santé et des patients, qui doivent s’approprier ces nouveaux outils dans leur pratique et leur quotidien ;
- que les utilisateurs doivent être sensibilisés à ces nouvelles techniques, grâce à des formations, des cadres juridiques clairs et partagés, et des modules de communication.

« L’objectif du séminaire d’information sur la télémédecine organisé par le SNITEM tous les ans est de contribuer au progrès de cette pratique médicale et de favoriser les échanges entre les industriels, les prestataires, les administrations et les utilisateurs. La parole est donnée cette année à plusieurs représentants des patients et du corps médical afin qu’ils fassent part de leurs expériences, de leurs attentes, des difficultés rencontrées et des solutions qu’ils envisagent pour faciliter le déploiement et l’acceptation des outils de télémédecine », a expliqué à cette occasion Jean-Bernard Schroeder, Directeur TICS et Equipements du SNITEM.

Le développement de la télémédecine en France est un objectif majeur pour le SNITEM, qui regroupe de nombreux fabricants de « dispositifs médicaux communicants » directement impliqués dans l’amélioration des soins prodigués aux patients. Plus concrètement, ces dispositifs concourent à améliorer au quotidien le suivi des
patients souffrant de maladies chroniques ou d’un handicap.

Les industriels des TIC Santé ont largement engagé le chantier de l’interopérabilité, afin de permettre l’adaptation de nombreux dispositifs médicaux aux réalités de la coopération entre professionnels de santé. Le modèle économique de la télémédecine se précise suite aux appels à projets lancés aux niveaux français et européens et destinés à soutenir le développement de l’usage des TIC notamment dans la santé. Il reste à clarifier la gouvernance au niveau national et régional, en vue d’intégrer pleinement la télémédecine aux schémas d’organisation des soins. Il faut enfin, estime le SNITEM, faciliter son acceptation par les professionnels de santé et par les patients, à travers des actions de formation et de sensibilisation, visant à montrer les bénéfices de la télémédecine en termes de qualité des soins et de sécurité, et à expliciter les conditions de son exercice.

Selon le Dr Pierre Simon*, président de l’Association Nationale de Télémédecine, société savante qui rassemble près de 350 membres adhérents (ANTEL), plusieurs facteurs ont préparé l’avènement de la télémédecine, en particulier :

- La loi Kouchner de 2002 sur le droit des patients, qui a bouleversé la pratique médicale en faisant du patient un acteur de sa santé ;
- Les expériences de télémédecine qui ont eu lieu depuis 20 ans dans le monde et ont permis son évaluation. Pour lui, la question du service médical rendu au patient par la télémédecine est fondamentale et demande une évaluation par les autorités compétentes en France ;
- La loi HPST de 2009 qui définit la télémédecine, et le décret d’application du 19 octobre 2010 qui fixe les conditions de sa mise en oeuvre.

Ce docteur a constaté que la télémédecine mettait du temps à se développer en France, alors qu’elle existe depuis quinze ou vingt ans. Pour lui il n’y aura pas de « Grand Soir » de la télémédecine, elle mettra encore plusieurs années à prendre son envol.

Selon Jean-Luc Hamelin, président de l’Association des Porteurs de Défibrillateurs Cardiaques (APODEC), la télémédecine est un moyen de communication considérable, qui apporte au patient porteur d’un défibrillateur cardiaque : une surveillance ; une tranquillité d’esprit et une sécurité. Cette télésurveillance n’a pas selon lui vocation à se substituer à la consultation, mais à l’optimiser, en permettant de mieux communiquer avec le médecin. La consultation se limite aujourd’hui souvent à un acte technique (un « dialogue avec un boîtier »). Lorsque cette surveillance est effectuée à distance, la consultation de cardiologie reprend tout son sens, en étant consacrée au suivi de la pathologie cardiologique. La télémédecine représente donc pour le patient implanté une diminution de stress, un moyen d’oublier l’appareil, de réduire des trajets longs, fatigants et coûteux à l’hôpital, et d’éviter l’absentéisme au travail (et donc la stigmatisation).

*auteur avec Dominique Acker d’un rapport sur « La place de la télémédecine dans l’organisation des soins » (novembre 2008)

Publié le 13/10/2011 à 09:11 | Lu 2048 fois