Suicide : les jeunes baby-boomers sont les plus à risque

Alors que se tient aujourd’hui la Journée mondiale de prévention du suicide*, revenons sur une étude publiée ce mois-ci par la Drees (ministère de la Santé) qui fait un état des lieux du suicide en France en 2006… On y remarque –enter autre- que le taux de suicide a baissé de 20% en vingt-cinq ans mais que depuis 2000, il augmente chez les jeunes baby-boomers (45/54 ans), notamment chez les hommes.





Selon cette étude de l’Inserm publiée par la Drees, le taux de suicide en France a baissé de 20% en un quart de siècle. Toutefois, la France reste en 2006, l’un des pays européens où la mortalité par suicide est la plus forte.

Ainsi, en 2006, le pays (France métropolitaine) a enregistré 10.423 suicides (soit 2% de l’ensemble des causes de décès) répartis comme suit : 7.593 hommes et 2.830 femmes. Neuf suicides d’hommes ou de femmes sur dix se produisent entre 25 et 84 ans. S’élevant à moins de 600 décès par an avant 25 ans, le nombre de suicides atteint un pic dans la tranche d’âge des 45-54 ans avec 2.295 décès, soit plus d’un décès sur cinq. « C'est cette tranche d'âge qui souffre le plus, qui supporte le plus de pressions, qui est plus déstabilisée face à l'avenir, aux incertitudes de la vie », affirme Françoise Facy, directrice de recherche à l'Inserm, dans un article du Figaro. Ensuite, son incidence diminue après 55 ans et se situe autour de 500 décès par an après 85 ans.

Globalement, la part du suicide dans la mortalité générale est faible. Pour les hommes comme pour les femmes, celle-ci varie très fortement avec l’âge. Inférieure à 1% avant 15 ans, elle atteint son maximum entre 25 et 34 ans puis chute brutalement jusqu’à 3% entre 55 et 64 ans. Á partir de 65 ans, la part des décès par suicide décroît régulièrement et, au-delà de 84 ans, les suicides ne représentent plus que 0,3% de la mortalité toutes causes confondues.

Toujours selon le document publié par le Drees, les taux de suicide augmentent avec l’âge plus fortement pour les hommes que pour les femmes. Pour les hommes, on constate une progression des taux jusqu’à 45-54 ans (de 10 pour 100 000 chez les 15-24 ans à 40), puis une baisse jusqu’à 74 ans. Les taux augmentent ensuite fortement pour atteindre 100 pour 100 000 après 85 ans. Pour les femmes, la progression des taux de décès est moins marquée entre 15 et 54 ans (de 3,2 à 7,7 pour 100 000) et le fléchissement est très modéré à 55-64 ans (6,9 pour 100 000). En revanche, les taux sont multipliés par deux à partir de 65 ans pour atteindre 15,3 pour 100 000 après 85 ans.

Si la part des personnes âgées de plus de 85 ans dans l’ensemble des suicides est relativement faible, c’est pour cette tranche d’âge que l’on observe les taux de décès les plus élevés (39,7 pour 100 000). Ces taux étant deux fois supérieurs à ceux des jeunes de 25-44 ans et 1,5 fois plus élevés qu’entre 45 et 74 ans.

Chez les hommes de plus de 25 ans, les veufs ont les taux de décès les plus élevés (87 pour 100 000). Ils sont suivis par les divorcés (55 pour 100 000) et les célibataires (52 pour 100 000). À l’inverse, les hommes mariés se suicident deux fois moins souvent

Parmi les femmes, les divorcées sont les plus touchées (20 pour 100 000) quel que soit l’âge, sauf dans la tranche des 45-54 ans où le taux de suicide des veuves est plus important. Le taux de décès des veuves et celui des célibataires sont très proches (de l’ordre de 15 pour 100 000).

La surmortalité masculine est particulièrement marquée pour les veufs qui se suicident 5,6 fois plus que les veuves. Autant pour les hommes que pour les femmes et quel que soit l’âge, les taux de décès par suicide des mariés restent les plus faibles.

Pour l’ensemble de la population, la pendaison constitue le mode de suicide le plus fréquent (46%), suivi par la prise de médicament (16%) et les armes à feu (15%). Les modes de suicide sont très différenciés selon le sexe et un peu moins selon l’âge, remarquent encore les auteurs de cette étude.

Pour les hommes, la pendaison est, quel que soit l’âge, le premier mode de suicide (environ 50 % des décès). L’utilisation d’une arme à feu arrive en deuxième (19,5 %) quelle que soit la tranche d’âge, sauf pour les 25-44 ans, qui ont plus souvent recours à la prise de médicaments (13,6 %). Le saut d’un lieu élevé est le plus souvent le fait des moins de 25 ans (10,5 %) et des plus de 85 ans (10,2 %), la prise de médicaments touche davantage les 45-64 ans (13,8 %), et la noyade, les 65-84 ans (5,6 %). Pour les femmes, la prise de médicaments est le premier mode de suicide (31 % des décès), suivi par la pendaison (29 % des décès), le saut d’un lieu élevé (12,5 %) et la noyade (11,1 %).

Enfin, soulignons de fortes disparités régionales en matière de mortalité par suicide. Ainsi, les régions de l’Ouest et dans une moindre mesure du Nord et du Centre sont nettement au-dessus de la moyenne nationale. Au sein de l’Europe de l’Ouest, la France présente les taux de décès par suicide les plus élevés après la Finlande.

*La Journée mondiale de prévention du suicide, organisée tous les 10 septembre, a pour but de susciter un engagement et une action à l’échelle mondiale en faveur de la prévention du suicide. Trois mille personnes en moyenne se suicident chaque jour. En outre, on compte vingt tentatives ou plus pour un suicide.

Avec le parrainage de l’Association internationale pour la Prévention du Suicide, l’OMS et ses partenaires prônent un traitement et un suivi adéquats des personnes ayant commis une tentative de suicide.
Suicide : les jeunes baby-boomers sont les plus à risque

Article publié le 10/09/2009 à 14:12 | Lu 6294 fois