Sida : quels impacts du virus sur le vieillissement ?

L’ouvrage « VIH : complications et comorbidités », coordonné par le professeur Christine Katlama et soutenu par le laboratoire Janssen-Cilag. fait le point et apporte des repères utiles aux médecins suivant des patients infectés par le VIH… Aujourd’hui, 15% des malades atteints du VIH ont plus de 60 ans et 10% sont atteints du virus depuis plus de 20 ans. Efficacement traitée, les personnes vivant avec le VIH, parviennent à une survie presque identique à celle des personnes non-infectées. Il faut donc, plus que jamais, apprendre à surveiller et soigner les anomalies lipidiques, glucidiques, hépatiques ou rénales, comprendre les complications cardiaques ou osseuses et être attentifs au développement des cancers chez ces individus.





La mobilisation du monde associatif et de l’ensemble des professionnels de santé, médecins et laboratoires pharmaceutiques, au cours de ces vingt-cinq dernières années a permis d’aborder l’infection VIH/SIDA différemment.

Dans les pays où l’on dispose sans problème de l’ensemble des derniers traitements et des outils de suivi pour optimiser la prise en charge du VIH/SIDA, l’infection VIH est devenue une infection chronique. « Il s’agit aujourd’hui de réussir à minimiser le poids des comorbidités induites par le VIH ou par les traitements » rappelle Christine Katlama, professeur de Maladies infectieuses, à l’Hôpital Pitié-Salpêtrière.

Les cinq dernières années ont été particulièrement riches sur le plan de la compréhension des phénomènes physiopathologiques qui caractérisent cette infection, permettant ainsi de mieux comprendre et maîtriser la maladie et les effets des traitements au long cours. Grâce à l’association de seize spécialistes, le Pr Katlama a coordonné un ouvrage scientifique et clinique qui dresse l’état des lieux de ces avancées et formule des pistes majeures d’investigation en recherche.

Les médecins ont vu leur pratique considérablement évoluer. « Quand nos patients venaient, nous n’avions en tête que la surveillance de la charge virale et sa maitrise » rappelle le Pr Katlama, « aujourd’hui 80% des malades ont une charge virale non détectable ». Il faut maintenant suivre les traitements de façon appliquée et surveiller les complications dues aux molécules antirétrovirales. Alternatives aux résistances, simplification et tolérance optimale, sont d’ailleurs les axes de développement des laboratoires pharmaceutiques présents dans le traitement du VIH. Les médecins doivent désormais accroitre leur vigilance face aux comorbidités et accentuer la prévention.

Un traitement digne d’une maladie chronique
L’un des points majeurs mis en lumière par l’étude multinationale SMART3, la plus large réalisée dans l’infection VIH, est la nécessité de sensibiliser le patient à l’importance de prendre de façon continue son traitement. L’expression de phénomènes d’activation immunitaire et d’inflammation. Ainsi, il a été clairement montré que le VIH est délétère non seulement à travers l’immunodépression qu’il induit mais aussi à travers l’immuno-activation qu’il provoque.

Un autre progrès important dans la recherche du VIH, fut d’identifier et de cerner la responsabilité des molécules antirétrovirales dans la genèse des complications. Ainsi, ont pu être identifiées certaines concordances entre les effets toxiques du VIH et ceux des molécules anti-VIH.

Un vieillissement accéléré observé chez les personnes infectées par le VIH
La survie allongée des patients séropositifs fait d’ores et déjà surgir de nouvelles interrogations : quel est l’impact du virus sur le vieillissement ? Quelles conséquences éventuelles sur les fonctions neurocognitives, quelles conséquences sur la survenue de cancers ? Autant de questions qui seront étudiées, au cours des prochaines années, par les chercheurs et cliniciens.

Un grand nombre d’études ont mis en évidence une augmentation notable de la prévalence de comorbidités classiquement associées au vieillissement survenant beaucoup plus tôt chez les patients VIH+ que dans la population générale. Ces anomalies concernent le risque cardiovasculaire et métabolique, la motricité, les atteintes neurocognitives, osseuses, rénales et le diabète. Leur survenue précoce pourrait résulter d’un vieillissement accéléré.

Ces anomalies sont à l’évidence, multifactorielles : infection chronique par le VIH, activation immunitaire spécifique, immunosénescence et donc déficience immune sur le long terme, inflammation à bas grade, toxicité générale et spécifique d’organe de certaines molécules antirétrovirales. Tous ces processus pourraient agir de concert pour accélérer le processus de vieillissement physiologique.

A noter que dans la population générale, comme probablement chez les patients VIH+, le vieillissement est largement associé à des facteurs de l’environnement modifiables (régime alimentaire trop riche et trop gras, sédentarité, tabagisme), et a des facteurs socio-économiques. L’ensemble de ces complications incite donc à renouveler les messages à l’attention des patients en faveur de l’activité physique, d’une alimentation équilibrée et d’un arrêt du tabac.

Ces données doivent conduire à adapter le suivi des patients, en détectant les signes précoces de ces comorbidités, et en incluant leur prévention et leur traitement dans la prise en charge. Enfin, même si vivre avec le VIH accélère également la peur de vieillir, avec les nouvelles exigences en terme de traitements. Les personnes vivant avec le VIH ne devraient pas craindre de vieillir.

« VIH : complications et comorbidités »
Un ouvrage coordonné par Christine Katlama
Editions : John Libbey
Collection « Pathologie Science Formation »
192 pages
ISBN : 978-2-7420-0702-8
Prix public : 29 euros

Date de mise en vente en librairie (pour le grand public) : novembre 2009

Article publié le 18/06/2009 à 10:03 | Lu 3917 fois