Sept propositions pour faire face au diabète, l’épidémie silencieuse du 21ème siècle

Le diabète est une maladie chronique, invalidante et coûteuse, associée à de lourdes complications. Longtemps préservée, la France, en moins de dix ans, a vu le nombre de diabétiques passer de 1,6 à 2,9 millions de personnes. Par ailleurs, le coût du diabète a doublé et approche les 14 milliards d’euros, soit 10% des dépenses de santé dont 40% liées à l’hospitalisation. Sous l’égide de la Société Francophone du Diabète (SFD), le premier livre blanc du diabète, édité à 5.000 exemplaires vient d’être publié. Sept propositions en sont issues, ce sont autant de pistes à suivre.


Le diabète est une maladie chronique, invalidante et coûteuse, associée à de lourdes complications. Longtemps préservée, la France, en moins de dix ans, a vu le nombre de diabétiques passer de 1,6 à 2,9 millions de personnes.

Par ailleurs, le coût du diabète a doublé et approche les 14 milliards d’euros, soit 10% des dépenses de santé dont 40% liées à l’hospitalisation. Au fil du temps, sournoisement, la maladie affecte le coeur, les vaisseaux sanguins, les yeux, les reins, les nerfs et les pieds et pourtant, seuls 31% des adultes diabétiques ont un suivi complet correspondant aux quatre examens recommandés !

Sous l’égide de la Société Francophone du Diabète (SFD), le premier livre blanc du diabète, édité à 5.000 exemplaires vient d’être publié. Sept propositions en sont issues, ce sont autant de pistes à suivre.

Véritable travail collectif* de réflexion et d’anticipation, ce document a été élaboré dans le but d’infléchir la progression de cette épidémie, d’en atténuer les formes sévères et de favoriser des alternatives à l’hospitalisation. Sept propositions en sont issues, ce sont autant de pistes à suivre.

Sept propositions pour faire face à l’épidémie du diabète

1- Inventer pour réduire l’impact du diabète
Il est primordial d’inventer une nouvelle offre de soins pour les 2,5 millions de patients pour lesquels l’hôpital n’est pas un passage obligé. Les Agences Régionales de Santé (ARS), grâce aux connaissances et expériences de terrain des professionnels de santé spécialisés dans le diabète pourraient, de par leur implantation régionale, réduire les inégalités d’accès aux soins, mieux dépister et aider à mieux prendre en charge les personnes diabétiques. Les ARS devraient également s’impliquer dans la mise en place de programmes d’éducation thérapeutique et de formation des acteurs de la chaîne de soins. Ainsi, indirectement, les coûts liés aux hospitalisations et aux complications se verraient réduits.

2- Médiatiser le diabète pour mieux le prévenir
80% des cas de diabète de type 2 sont dus à des facteurs environnementaux et sont donc…évitables ! Il est temps d’agir par la mise en place d’actions médiatiques appropriées :
- initier des campagnes nationales de prévention et de dépistage déclinées au plan régional avec l’aide des ARS et des professionnels de santé locaux ;
- inclure le diabète dans les campagnes liées à l’alimentation ;
- agir auprès des professionnels de l’agroalimentaire ;
- définir des cibles prioritaires en fonction des facteurs de risque.

3- Centrer l’organisation sur le malade et non pas sur la maladie
La prise en charge d’une personne atteinte de diabète ne se résume plus à l’observance de l’ordonnance ! Projet de vie, milieu social, capacité à être autonome, souhaits, désirs d’ordre culturels…. Autant d’éléments qui doivent être décryptés, entendus et pris en compte pour aboutir à une médecine plus personnalisée.

4- Améliorer la qualité de vie des malades
L’amélioration de la qualité de vie passe notamment par la mise en pratique de la télémédecine. Elle devient pour le diabète un outil formidable pour prévenir l’hospitalisation.

5- Orchestrer les synergies et mises en réseau des professionnels pour assurer une meilleure prise en charge des patients
Diabétologues, diététiciens, infirmiers, podologues, pharmaciens, coachs sportifs, cardiologues, néphrologues, ophtalmologistes, pneumologues, médecins généralistes, les compétences sont nombreuses et nécessitent une vraie organisation entre les structures hospitalières et ambulatoires, les 74 réseaux diabète aujourd’hui répertoriés en France et les services sociaux.

Comment y parvenir ?
- En renforçant les points forts de l’hôpital : gestion des nouvelles technologies, recherche clinique, études cliniques…
- En permettant au diabétologue hospitalier ou libéral d’être au centre de l’organisation du dispositif de soin. Ce serait à lui d’orienter en partenariat avec l’omnipraticien et /ou d’éventuels réseaux de soins, le patient vers un service de diabétologie, un diabétologue libéral, un omnipraticien ou encore une équipe paramédicale. Le diabétologue devrait également imposer des indicateurs de structures, de processus et de résultats pour optimiser le parcours de soin et éviter les hospitalisations couteuses pour la société et parfois traumatisantes pour le patient.

6 – Mieux former les professionnels de santé à l’éducation thérapeutique (ETP)
La reconnaissance de l’ETP est l’une des grandes victoires des diabétologues ! Il leur revient de rester pionniers dans sa mise en oeuvre. En effet, l’ETP dans le cadre de la loi HPST est considérée comme un acte de soin à part entière. Reste à former les professionnels de santé ! A la ville, le paiement au forfait mériterait d’être expérimenté pour les professionnels de santé qui souhaitent s’impliquer dans des actions d’ETP. Quand aux pouvoirs publics, ceux-ci pourraient mettre en place un label qualité pour les structures à la ville ou à l’hôpital impliquées dans l’ETP.

7- Innover vers une recherche translationnelle et transversale commune à la majorité des maladies chroniques et explorer de nouvelles voies
La recherche translationnelle est une recherche fondamentale résultant de l’observation des patients. Pour son développement, il est impératif de favoriser la proximité avec les patients afin d’assurer l’application rapide des connaissances au bénéfice du malade, tant en terme de diagnostic que de traitement. La pratique des sciences cognitives permettrait de sensibiliser la population aux risques encourus par tel ou tel comportement et de sélectionner les campagnes de santé publique les plus efficaces. Les diabétologues pourraient faire des sciences cognitives leur nouveau cheval de bataille après celui de l’éducation thérapeutique.

Aux diabétologues de faire du diabète un modèle à suivre pour toutes les autres maladies chroniques.

* experts hospitaliers et libéraux, économistes de santé, organismes de santé, associations de patients avec le soutien institutionnel de NovoNordisk.

Le Livre Blanc du Diabète (Alain Coulomb, Serge Halimi, Igor Chaskilevitch)

Publié le 18/03/2011 à 17:43 | Lu 3638 fois