Seniors et santé bucco-dentaire : prévenir la dénutrition

A l’occasion de l’édition 2008 du Congrès de l’Association dentaire française (ADF) qui s’est tenue fin novembre à Paris, un point a été fait sur les relations entre santé bucco-dentaire et dénutrition. De fait, de toute évidence, la bouche est au coeur de l’alimentation : ses fonctions sensorielles et mécaniques déterminent la qualité de la nutrition, de sa fonction digestive et du plaisir alimentaire. Ainsi l’altération de l’état bucco-dentaire chez les seniors peut entraîner d’importantes perturbations somatiques, psychologiques et relationnelles. Détails.


Le chirurgien-dentiste est partie prenante dans le maintien et la prévention de l’équilibre nutritionnel des seniors. Il les accompagne face à leurs nouvelles contraintes, veille sur leur santé bucco-dentaire en anticipant les conséquences de l’avancée en âge. Au fait de leur situation psychologique et relationnelle, de leur trajectoire de vie et de leur éventuel isolement, le chirurgien-dentiste se positionne en tant qu’interlocuteur privilégié.

Les causes de la dénutrition

L’influence de la mastication sur les choix alimentaires et donc l’équilibre nutritionnel, amène le chirurgien-dentiste à surveiller de près et régulièrement l’état bucco-dentaire du patient âgé, en particulier les dents, les muqueuses et les prothèses.

Si le patient a notamment perdu du poids, ses prothèses ne sont plus adaptées. Moins fonctionnelles, elles limitent la fonction masticatoire et créent des blessures douloureuses, ce qui accroît le manque d’appétit et même souvent l’altération de l’humeur. Une bouche dégageant de mauvaises odeurs, douloureuse ou avec des prothèses qui tombent dès que le sujet parle ou croque augmente l’inconfort en public et contribue à son isolement progressif.

Des prothèses dentaires adaptées (fonctionnelles et esthétiques) permettront de limiter le risque de dénutrition de la personne âgée et de maintenir son intégration sociale. Le chirurgien-dentiste a donc un rôle essentiel dans la prévention de la dénutrition.

Au-delà des causes dentaires, interviennent également :
- le vieillissement des organes des sens (baisse de la vue, altération de l’odorat, atrophie de la muqueuse gastrique, stase intestinale),
- l’influence sur la santé de difficultés économiques, sociales, psychologiques (maladies neurodégénératives, démence, dépression, maladies de l’appareil digestif, alcoolisme…),
- les maladies (cancer, inflammation, hyperthyroïdie…).

Les conséquences de la dénutrition

La dénutrition des personnes âgées aggrave les conséquences du vieillissement et son impact est donc global, certains organes ou fonctions étant plus particulièrement touchés.
L’appareil musculo-squelettique
Les conséquences de la dénutrition sur l’état musculo-squelettique sont d’autant plus sévères que le sujet présente aussi une perte musculaire liée à l’âge. Les capacités motrices sont diminuées avec aggravation du risque de chute et de fractures. Quant aux carences en protéines et calcium, elles entraînent une diminution de la masse osseuse.
Les facultés mentales
La dénutrition peut favoriser les troubles psychiques (asthénie, apathie, voire syndrome dépressif) et les épisodes de confusion mentale déjà fréquents chez le sujet âgé. La surveillance rigoureuse du poids fait donc partie du suivi des patients atteints de démence.
La peau
La dénutrition retarde les processus de cicatrisation et favorise les escarres.
Le système immunitaire et la lutte contre les infections
Dénutri, le sujet est plus sensible aux infections et le traitement devient plus difficile. Il est donc nécessaire d’associer une renutrition active au traitement anti-infectieux pour éviter l’installation d’un cercle vicieux infection/dénutrition.

Quels conseils ?

- Adapter la texture des aliments (viande ou légume) aux capacités masticatoires à l’aide d’un mixeur ou hachoir afin que le patient ne se prive pas des aliments qu’il aimait manger.
- Faire 3 repas par jour et éviter les grignotages à l’origine de déséquilibres alimentaires et de modification de la sensation de faim.
- Prendre à chaque repas, au moins :
- des sucres complexes : pain, pâtes, riz, pommes de terre, légumes secs, céréales
- un produit laitier
- un légume ou un fruit (quelle que soit sa présentation : purée, soupe, compote etc)
- Et une fois par jour : soit du poisson, de la viande ou des oeufs.
- Pour augmenter l’apport en protéines, on peut ajouter :
- du fromage râpé (parmesan, gruyère) sur les pâtes ou le potage
- un oeuf dans le potage ou dans une purée
- du lait dans le café, le thé, le potage ou la purée.
- Prendre les médicaments toujours après les repas ; la plupart entraînent une perte de goût et d’appétit.
- Penser à boire même sans soif 1,5 l par jour : dès le réveil, pendant et entre les repas.
- Ne pas abuser des sucreries : elles augmentent le risque carieux et coupent la sensation de faim au détriment d’aliments plus intéressants d’un point de vue nutritionnel.

Publié le 04/12/2008 à 11:28 | Lu 11417 fois