Semaine du rein: un Français sur vingt concerné par les maladies rénales

Alors que les maladies rénales touchent un Français sur vingt, soit quelque trois millions de personnes, la Fédération nationale d'aide aux insuffisants rénaux (Fnair), avec le soutien, de la Fondation du rein, donne à cette 4ème édition qui se tient du 4 au 12 octobre 2008, une nouvelle envergure avec l'organisation d'un « dépistage gratuit approfondi », parallèlement au dépistage avec la bandelette urinaire effectué par des équipes de néphrologues.


Durant ces journées, les personnes soucieuses de vérifier le bon fonctionnement de leurs reins, pourront se rendre dans les établissements hospitaliers pour avoir un 1er dépistage avec la bandelette urinaire, puis dans un des laboratoires partenaires de l'évènement pour un dosage sanguin de la créatinine, qui s'accumule dans le sang quand la fonction rénale est défectueuse.

Un Français sur vingt est concerné par les maladies du rein qui sont souvent silencieuses et évoluent de façon insidieuse. De ce fait, beaucoup sont dépistées trop tard, au stade de l’insuffisance rénale chronique avancée, voire à son stade terminal, et doivent être traitées en urgence par une dialyse qui aurait pu être retardée, voire évitée.

La plupart des Français connaissent très mal leurs reins, ignorant jusqu’à leur emplacement et leur fonction. Ils sont pourtant essentiels à la vie !
Semaine du rein: un Français sur vingt concerné par les maladies rénales

- Les reins, des organes indispensables à la vie
Situés de part et d’autre de la colonne vertébrale, en dessous du diaphragme, les reins ont la forme de gros haricots pesant chacun environ 180 g.
• Les reins ont un rôle de filtre qui élimine les déchets toxiques produits par l’organisme et transportés par le sang
• Les reins équilibrent les minéraux nécessaires à l'organisme
• Les reins maintiennent l’équilibre hydrique de l’organisme
• Les reins produisent des hormones, des enzymes et des vitamines

- Les maladies rénales : une menace silencieuse
Elles peuvent être causées par des infections à streptocoques susceptibles d’entraîner des dérèglements spontanés du système immunitaire, facteur de maladies rénales. Les maladies qui atteignent les vaisseaux sanguins, comme l'hypertension artérielle et le diabète, peuvent aussi endommager les reins, en détruisant peu à peu les unités du rein qui filtrent le sang : les glomérules.

- L’insuffisance rénale chronique (IRC)
L’insuffisance rénale est la conséquence de l’évolution des maladies rénales. Lorsque les deux reins ne fonctionnent plus correctement, l’organisme est petit à petit empoisonné par les déchets qui ne sont plus éliminés. L’insuffisance rénale est dite chronique lorsque cette perte de fonction est progressive et que les lésions présentes dans les reins ont un caractère irréversible. Souvent, elle progresse graduellement, sur un grand nombre d’années.

Les personnes atteintes par une maladie rénale peuvent rester en bonne santé apparente, alors que leurs reins ne fonctionnent plus qu’à 10 % de leur capacité normale. Ce n’est qu’à un stade très avancé que l’insuffisance rénale provoque certains symptômes, dont aucun n’est spécifique, qui n’alertent pas toujours la personne atteinte, ni son médecin, c’est pourquoi il est nécessaire de dépister les maladies rénales, notamment chez les personnes à risque.

L’insuffisance rénale chronique terminale est le stade ultime de l'insuffisance rénale chronique : la perte de la fonction rénale est telle que la vie de la personne est en danger à court terme. Elle doit alors être traitée à vie, soit par dialyse, soit par la greffe d'un rein.

Un problème de santé publique
Avec l’augmentation de l’espérance de vie et le développement de certaines maladies comme le diabète ou l’hypertension artérielle, les maladies rénales touchent une part croissante de la population.
- Près de trois millions de personnes en France sont concernées par les maladies rénales, soit environ 1 Français sur 20.
- Environ 7.000 malades parviennent chaque année au stade terminal d'une insuffisance rénale chronique en France. Ce chiffre augmente d'environ 6% par an.
- Les chiffres en 2006 : plus de 55.000 personnes de tous âges traitées pour insuffisance rénale terminale, environ 35.000 par dialyse et 20.000 par transplantation.
- Le coût d’une année de traitement, incluant médicaments et transports, se situe autour de 60 K€ par malade. Les traitements extrêmement lourds auxquels sont soumis les patients au stade terminal représentent plus de 2% du budget total de la Santé, pour près de 1% de la population…
- Plus de 30% des patients sont adressés à des néphrologues moins de
6 mois avant leur mise en dialyse.
- Dans le monde, plus d’un million de personnes survivent grâce à la dialyse et plus de trois millions de malades décèdent chaque année dans les pays où ce traitement n’est pas disponible !

Comment préserver la santé des reins ?
- Une vie saine pour des reins solides !
Lorsqu’on est en bonne santé, certaines règles très simples permettent de préserver le bon état de ses reins. Elles contribuent également à la prévention des maladies cardiovasculaires et métaboliques.
- Boire au moins 1 litre par jour, réparti sur la journée, afin de faciliter le travail des reins.
- Avoir une alimentation équilibrée, afin d’éviter le surpoids et l’excès de cholestérol.
- Ne pas manger trop salé, car l’excès de sel favorise l’hypertension.
- Arrêter de fumer, car le tabac accélère l’évolution des maladies des reins.
- Pratiquer régulièrement un exercice physique pour lutter contre la sédentarité.

En outre, il convient de faire attention à certaines substances qui peuvent être toxiques pour les reins. Ainsi il faut absolument :
-Éviter l’automédication : les anti-inflammatoires non stéroïdiens, y compris l’aspirine, peuvent être toxiques pour les reins.
- Être vigilant quant à l’abus de laxatifs ou de diurétiques.
- Ne pas consommer de produits de composition mal connue (herbes chinoises ou autres).
- Se méfier des régimes hyper protéinés, qui peuvent fatiguer les reins.
- Les produits de contraste iodés injectés lors de certains examens radiologiques peuvent endommager les reins de personnes fragiles. Il convient d’être vigilant et de ne pas hésiter à en parler à son médecin.

- Un diagnostic souvent tardif
Les maladies rénales ne présentant souvent aucun signe ou symptôme spécifique, la détérioration de la fonction rénale peut se produire sans que l'on s'en rende compte. Il faut donc les dépister le plus tôt possible, surtout en présence de facteurs de risque. C'est avant tout le rôle du médecin généraliste, mais aussi du diabétologue, du cardiologue, du médecin du travail, etc.

Il existe trois méthodes de dépistage simples : le test par bandelette urinaire, la prise de sang, la mesure régulière de la tension artérielle.

- Des facteurs de risque identifiés
Les maladies rénales peuvent toucher n’importe qui et à tout âge. Néanmoins, certaines personnes courent des risques plus élevés d’en être atteintes et doivent tout particulièrement pouvoir bénéficier d’un dépistage.
On peut citer :
- Les malades diabétiques
- Les personnes atteintes d’hypertension artérielle (un Français sur dix).
- Les seniors : au-delà de 60 ans, 30% des individus ont perdu au moins le tiers de leur fonction rénale. Ce pourcentage est de 40% après 70 ans…
- Les proches parents d'une personne ayant une maladie rénale génétique.
- Les personnes ayant reçu des traitements médicamenteux potentiellement toxiques pour les reins sur de longues périodes ou de manière répétée.

Le traitement de l’insuffisance rénale
Une fois qu’elle est dépistée, on peut ralentir ou stopper l’évolution d’une maladie rénale.
Il est impératif de protéger les reins déjà altérés, pour éviter l’évolution de la maladie rénale vers l’insuffisance rénale chronique. Des mesures thérapeutiques simples, accessibles à tout médecin, ont démontré leur efficacité pour prévenir la dégradation de la fonction rénale :
• Contrôler la tension artérielle,
• Prendre en charge les autres facteurs de risques cardiovasculaires (tabac, surpoids, hypercholestérolémie, sédentarité, etc.),
• Contrôler la protéinurie si elle existe,
• Traiter le retentissement de l’IRC : prescription d'érythropoïétine pour contrôler l’anémie, de vitamine D et chélateurs du phosphore pour limiter l'apparition des troubles phosphocalciques.

Plusieurs outils sont à la disposition des médecins, notamment certaines classes de médicaments antihypertenseurs qui ont en plus la propriété de protéger les reins, et la mise en place de règles hygiéno-diététiques.

La dialyse : une prison sans barreau
La dialyse consiste à épurer le sang des déchets toxiques et de l'eau retenue en excès du fait de l'arrêt du fonctionnement des reins.

Il existe deux techniques de dialyse, toutes deux très contraignantes :
a. L’hémodialyse
Elle permet l'épuration d'une grande quantité de sang (50 à 60 litres par séance), ce qui nécessite la création d’un "accès vasculaire", le plus souvent une fistule artério-veineuse, qui permet d’augmenter le débit et le calibre d’une veine du bras en la connectant à une artère, fin de pouvoir la piquer à chaque séance par deux aiguilles de dialyse. Les patients dialysés doivent se rendre trois fois par semaine dans un service d'hémodialyse, pour y subir des séances de 4 à 6 heures, durant lesquelles leur sang est débarrassé des toxines et de l'eau en excès par une machine de dialyse.

L’hémodialyse est un traitement physiquement éprouvant, puisqu’en quelques heures elle reproduit la fonction d’épuration que les reins auraient dû remplir en deux jours entiers. Les malades ayant subi un traitement mal adapté ou une épuration trop rapide peuvent être épuisés à l’issue de ces séances, et avoir à faire face à des effets secondaires tels que des malaises, dus à une hypotension, ou des crampes en rapport avec une perte d’eau et de sodium trop importante.

b. La dialyse péritonéale
Cette technique concerne environ une personne dialysée sur dix. Elle utilise les capacités de filtration du péritoine (membrane qui enveloppe l'intérieur de la cavité abdominale et le tube digestif). Trois à quatre fois par jour, on ajoute et on soustrait un liquide de dialyse de l'abdomen du malade, par l'intermédiaire d'un cathéter placé par voie chirurgicale (dialyse péritonéale continue ambulatoire = DPCA). Ces échanges peuvent aussi être effectués par une machine, toutes les nuits (dialyse péritonéale automatisée = DPA). Cette technique est plus douce, mais les patients doivent prendre beaucoup de précautions pour assurer la stérilité du cathéter car les risques de péritonite sont importants.

La dialyse péritonéale est réalisée à domicile par le patient lui-même ou un membre de sa famille, parfois avec l’aide d’une infirmière.

c. Dialyse : la survie au prix fort…
Les anomalies cliniques et biologiques liées au non fonctionnement des reins sont imparfaitement corrigées par la dialyse et l’état général des malades reste altéré…

Une lutte au quotidien contre la fatigue
Les reins des personnes atteintes d’insuffisance rénale ne produisent pas l’érythropoïétine, indispensable à la fabrication des globules rouges par la moelle osseuse, ce qui entraîne une anémie importante et une fatigabilité extrême, contre lesquelles l’injection régulière d’une version synthétique de cette hormone leur permet de lutter.

Des contraintes alimentaires drastiques
Certaines substances contenues dans les aliments, et dont le surplus est normalement éliminé par les reins, peuvent s'accumuler dans l'organisme et mettre en danger la vie des malades entre deux séances de dialyse. C’est le cas, par exemple, du potassium et du phosphore. C’est pourquoi l’alimentation des patients est très contrôlée. De nombreux produits sont interdits ou limités en quantité (légumes et fruits secs ou le chocolat pour le potassium ; les produits laitiers, les poissons, les crustacés pour le phosphore etc.).

Quand se désaltérer peut devenir une menace pour la vie
Lorsque les reins ne fonctionnent plus, les malades cessent d’uriner. Les liquides absorbés ne sont plus éliminés et s’accumulent dans l’organisme. Ils peuvent provoquer des oedèmes, voire un oedème aigu du poumon. Les apports en boisson doivent être drastiquement réduits et les malades sont contraints à lutter au quotidien contre la sensation de soif.

Des études récentes ont démontré que parmi les différentes maladies graves et chroniques (cancer, diabète, etc.), l’insuffisance rénale traitée par dialyse est une de celles qui induit les plus importantes dégradations de la qualité de vie.

L’espoir d’une greffe
La transplantation rénale est aujourd’hui reconnue comme le meilleur traitement de l’insuffisance rénale terminale. Elle offre aux malades la plus longue espérance de vie et la meilleure qualité de vie. En effet, seule une transplantation rénale réussie permet à ceux qui peuvent en bénéficier de retrouver une vie presque normale.

Mais la pénurie d’organes en France est telle que les patients doivent souvent attendre de longues années en dialyse, alors que leur santé se dégrade, avant de pouvoir bénéficier d’une greffe. 6.491 malades attendaient une greffe de rein France au 31 décembre 2007. Seulement
2.911 greffes rénales ont été réalisées en 2007, dont 234 (8 %) grâce au don d’un rein d’une personne vivante et en bonne santé.

La greffe représente pour les malades une véritable renaissance, mais n’est pas pour autant synonyme de guérison. D’autre part, un traitement médicamenteux lourd, porteur d’effets secondaires, doit être suivi à vie. Il ne faut pas non plus occulter le fait qu’après l’euphorie des premiers mois ou années de transplantation, les effets secondaires des traitements immunosuppresseurs, parfois sévères, la nécessité d’une surveillance assidue, la préoccupation, voire l’angoisse grandissante d’une perte du greffon, peuvent influer négativement sur la qualité de vie.

Il faut bien avoir conscience que tous les malades ne peuvent pas être inscrits sur une liste d’attente de greffe du fait des pathologies associées à leur insuffisance rénale ou de leur âge ; moins d’un tiers des malades dialysés est inscrit sur les listes d’attente de greffe rénale.

Des vies marquées par l’incertitude et la précarité
Être touché par l’insuffisance rénale, c’est :
• Voir son existence définitivement bouleversée par une maladie nécessitant des traitements lourds et invalidants qui se succéderont au cours de sa vie.
• Voir son espérance de vie largement réduite par rapport à la moyenne de la population.
• Faire face à de multiples obstacles à l'insertion dans la sphère sociale : parcours scolaire et professionnel, accès à l’assurance et à l’emprunt, diminution des revenus, difficultés de déplacement, voyages et vacances devenant un véritable casse-tête, tant en dialyse péritonéale qu’en hémodialyse.
• A ces obstacles s’ajoutent ceux liés à l’organisation du traitement. Concrètement, les malades doivent adapter leur vie à leur traitement alors que l’inverse devrait être la règle.

Pour tout renseignement sur la 4ème Semaine Nationale du Rein et sur les sites participant à l’opération :

Numéro indigo : 0825 80 17 03

Les sites Internet
www.semainedurein.fr
www.fnair.asso.fr

Publié le 06/10/2008 à 15:47 | Lu 10582 fois