Salariés seniors : le travail c’est la santé ! Enfin presque…

« Le travail c’est la santé / rien faire c’est la conserver / les prisonniers du boulot / N’font pas de vieux os » chantait Henry Salvador dans les années 60… Il semblerait bien pourtant que ce ne soit pas si vrai… Explications de la situation par les spécialistes de l’IRDES qui se sont penchés sur l’étude européenne SHARE* qui montre que l’état de santé et le travail seraient étroitement liés chez les seniors. Détails.


Dans un contexte de vieillissement de la population et d’allongement de la vie active, la plupart des pays sont confrontés au défi du vieillissement en bonne santé. L’enquête SHARE, utilisée dans ce document de l’IRDES, a permis d’explorer l’état de santé de près de 12.000 personnes de 50 à 59 ans en Europe et aussi d’en étudier les déterminants.

Selon le document publié récemment par l’IRDES : « ces premières statistiques (…) montrent que, quel que soit le pays, les seniors en emploi sont en meilleure santé que les chômeurs et les inactifs. Ces résultats corroborent l’idée d’un effet « travailleur en bonne santé », favorisant la surreprésentation des individus en meilleure santé sur le marché du travail ».

Toutefois, précise le document : « cet effet résulte essentiellement d’un phénomène de sélection : seules les personnes en meilleure santé peuvent accéder au marché du travail ou se maintenir en emploi. De plus, dans le contexte des comparaisons internationales, le fait d’occuper un emploi dépend non seulement de l’état de santé, mais aussi des dispositifs mis en oeuvre pour faciliter la sortie du marché du travail ou, à l’inverse, pour aider au maintien dans l’emploi des plus de 50 ans ».

Toujours selon l’IRDES : « les hommes ont moins de risques de déclarer des symptômes physiques ou dépressifs que les femmes » Par ailleurs, « la prévalence de la mauvaise santé ne semble s’accroître avec l’âge que lorsqu’il s’agit de la santé perçue et de la force de préhension ». Aucun effet du vieillissement « n’est observé avec les limitations d’activité et les symptômes physiques, tandis que les symptômes dépressifs décroissent avec l’âge ». Et de remarquer que « la réelle augmentation de la prévalence des limitations d’activité par exemple n’intervient que beaucoup plus tardivement, au-delà de 80 ans ».

Cependant tous les pays européens ne sont pas égaux en matière de santé des salariés seniors… La Pologne est la lanterne rouge des pays étudiés, avec 42,5% de seniors en mauvaise santé (26,6% d'actifs et 52,8% des autres), tandis que l'Irlande est en tête avec seulement 11,5% de seniors se disant mal portants (6,3% des actifs et 21,4% des inactifs et chômeurs), suivie de peu par la Grèce et la Suisse.

Le cas de la France : « s’il paraît difficile de dégager un schéma européen bien tranché, il semble qu’en général les travailleurs quinquagénaires français figurent parmi ceux en moins bonne santé. Ce résultat est d’autant plus préoccupant dans un contexte où le recul de l’âge de la retraite est au coeur des débats politiques actuels » soulignent encore les spécialistes de l’IRDES.

Les pays étudiés lors de l'enquête sont : l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, la France, la Grèce, l’Irlande, l’Italie, les Pays-Bas, la Pologne, la République tchèque, la Suède et la Suisse.

*Survey of Health Ageing and Retirement in Europe

Publié le 16/02/2011 à 13:47 | Lu 3953 fois