Retour sur le salon des métiers au service du grand âge, chronique par Serge Guérin

Voici quelques semaines s’est tenu à Paris le premier Salon des métiers au service du grand âgé à Paris. Pourquoi ce salon ? Simplement parce que le secteur connaît -déjà- une situation dramatique de pénurie d’emplois et de compétences. Le Conseil d’analyse de la société a ainsi estimé à plus de 400.000, le nombre d’emplois supplémentaires nécessaires d’ici à 2015 dans le secteur des services à la personne. Simplement parce que le manque de personnels et le manque de qualification sont les premières causes de maltraitance des personnes âgées ; simplement parce que ce secteur est source de dynamiques économiques qui peuvent irriguer l’ensemble de la société. On parle ici d’emplois pérennes, non délocalisables et à des niveaux de qualification multiples.


Une cinquantaine d’exposants avaient fait le pari de cette première édition. Il aurait dû y en avoir le double ou le triple.

Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa, avec son alacrité traditionnelle a dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas en expliquant devant les micros d’Agevillage que « Geroscopie a eu le courage d’aller seule dans cette entreprise et sans un soutien suffisant de la profession et des grands acteurs du secteur ».

Alain Lecerf, le directeur du groupement associatif Arefo-Arpad d’établissements pour personnes âgées ne dit pas autre chose en insistant sur l’importance d’agir de façon concrète pour améliorer l’attractivité des métiers au service du grand âge. Arefo-Arpad avait d’ailleurs pris en stand et proposé de nombreuses offres d’emplois aux visiteurs. Des emplois qui se comprennent autant dans une perspective technique que dans une approche éthique. Et plus d’un a trouvé preneur. .../...
Retour sur le salon des métiers au service du grand âge, chronique par Serge Guérin

Pour autant, cette première édition a été un réel succès au sens où les médias, les visiteurs et certains décideurs ont véritablement pu prendre conscience des enjeux autour de la professionnalisation et du recrutement dans le secteur des métiers au service du grand âge. Ce Salon est une initiative qui s’inscrivait dans cette logique.

Aucune initiative ne pourra, seule, régler ce problème essentiel. C’est la multiplication des initiatives, la revalorisation de ces métiers qui permettra d’inverser les tendances du moment. La question de la rémunération, celle des conditions de travail et de la valorisation de l’image de ces métiers sont essentielles pour renverser la vapeur.

Le public, le privé, le monde associatif s’inscrit, plus ou moins vite, dans cette approche. Il faudra augmenter les rémunérations, permettre des passerelles plus souples entre les secteurs et les métiers, continuer à agir en priorité sur les formations, communiquer vers les jeunes, les scolaires, mais aussi les seniors en position de reconversion...

Les acteurs du secteur doivent bien saisir que le grand public comprendra de moins en moins l’écart entre les prix demandés pour l’accueil de parents âgés et le niveau de service parfois proposé… Il y a péril en la demeure.

Ce secteur n’est pas homogène. Des situations très disparates existent entre des établissements au top niveau de l’équipement comme de la qualité des personnels et d’autres, sous investis et souffrant d’un taux d’encadrement trop faible. Ce n’est pas l’implication des personnels qui est en cause : elle est souvent remarquable, voire exceptionnelle. Ce qui est en jeu tient à l’accompagnement des personnels.

Rappelons aussi que le secteur des services aux personnes très fragilisées n’a pas encore atteint son optimum de fonctionnement. Ainsi, il est étonnant qu’il y ait si peu d’établissements inscrits dans des démarches de certification. Il y a encore moins de structures ou de groupes qui s’attachent à développer une logique de responsabilité sociale.

Il ne s’agit pas de faire des effets de manche, de privilégier des approches de communication, de succomber à quelques modes ou gourous… Mais de construire pas à pas des projets d’entreprises qui mettent au centre du projet, les personnels comme les personnes âgées.

Serge Guérin
Professeur à l’ESG, vient de publier Vive les vieux !, Éditions Michalon

Publié le 16/06/2008 à 09:46 | Lu 5642 fois